Il y a des jeux qu’on attend avec impatience pendant des années et qui nous enchantent (The Legend of Zelda Breath of the Wild par exemple), d’autres qu’on attend longtemps pour au final être (un peu) déçu (Final Fantasy XV pour certains) et il y a les titres qu’on n’attend pas et qui nous font de l’œil juste quelques mois avant leur sortie. Et Shiness – The Lightning Kingdom est de ceux-là. J’avoue l’avoir attendu ces dernières semaines avec fébrilité tant les visuels du jeu disponibles sur le net m’attiraient. Que vaut finalement ce JRPG à la française ? Réponse tout de suite.
Shiness – The Lightning Kingdom ou la French Touch en force
Un univers original
A l’origine, Shiness – The Lightning Kingdom est un projet Kickstarter qui a enthousiasmé les joueurs lors de sa création. Ayant récolté les fonds nécessaires à son développement, les petits Français du studio Enigami ont pu ainsi faire le jeu dont ils rêvaient. Leur but ? Prouver que le « JRPG » peut très bien être développé par des gens extérieurs au Japon qui pourront par la même occasion en dépoussiérer les codes. Pari ambitieux certes mais chez Enigami on y croit dur comme fer. L’histoire de Shiness – The Lightning Kingdom développe des thèmes on ne peut plus classiques pour le genre : l’aventure, la découverte, le dépassement de soi, l’amitié et j’en passe. L’histoire débute avec deux jeunes Wakis nommés Chado et Poky qui voyagent de leur meteora natale à bord d’un vaisseau volant. Alors qu’ils survolent une zone forestière leur vaisseau s’emballe et ils en perdent le contrôle. Poky va sauter alors que Chado va tenter de le redresser. Après un douloureux réveil, Chado prend conscience qu’il est seul et va devoir retrouver son ami. Chado a en fait la faculté de parler et de voir une entité nommée Esprit de la Terre qui va le guider sans que ses compagnons ne soupçonnent son existence. Perdu sur cette nouvelle meteora (qu’on pourrait traduire par pays ou continent) totalement inconnue, Chado va devoir affronter quelques embûches avant de finir par retrouver Poky. Très vite il fera également la connaissance de la princesse Rosalya qui s’enfuit de son pays natal avec un garde du corps Welk nommé Kayenne. Avec ce dernier, et bien évidemment accompagné de Poky, ils vont terrasser un mal qui sévit dans la région : le shi obscur. Ce sera le départ d’un long voyage dans lequel l’objectif de Chado mais aussi de la princesse est d’atteindre Les Terres de Vie, un lieu mythique qui est issu à l’origine de légendes…
Une réussite esthétique
Le moins que l’on puisse dire c’est que Shiness – The Lightning Kingdom possède son propre univers. On sent que le titre a été travaillé pour rendre le tout vivant et unique. Là-dessus donc aucun souci de cohérence tant le monde et ses différentes races (wakis, welks, humains…) sont parfaitement intégrées. Graphiquement, le jeu s’en tire également avec les honneurs avec un cel-shading de qualité. On appréciera également les phases d’histoire avec un format BD et des cases qui défilent. Loin de nuire au rythme de l’action, ces scènes forgent au contraire une véritable identité au titre. Il y a également des phases de dialogues « classiques » et éd’autres phases sans paroles avec simplement des bulles de texte. Le jeu est d’ailleurs doublé en anglais mais les sous-titres sont bien évidemment en français. A de nombreux moments dans l’histoire vous aurez plusieurs types de réponses possibles (aider ou non quelqu’un lors d’une quête par exemple) dans les dialogues avec les PNJ. Si cela ne transcende pas l’expérience de jeu, cette possibilité reste agréable. Les musiques qui accompagnent les pérégrinations de Chado et ses amis sont dans le ton de l’univers et sont pour la plupart très agréables à écouter. Les voix anglaises sont plutôt bonnes même si pour une fois on aurait aimé des voix françaises intégrales (Enigami est un développeur français après tout !). Les bruitages et autres sons collent également parfaitement à l’ambiance. De même, le titre regorge de points de sauvegarde et l’avantage de ces derniers c’est qu’ils soignent intégralement vos personnages (à la manière d’un Grandia II par exemple). A savoir, que même si un personnage décède en combat il aura tout de même toute l’expérience remportée à la fin du combat. Un bon point tant certains combats ne sont pas si aisés. D’ailleurs, les combats sont vraiment le point central de Shiness – The Lightning Kingdom.
De très bonnes idées…
Le système d’expérience du jeu est classique. A chaque combat ou quête remportée, les personnages gagnent de l’expérience et passent automatiquement des niveaux. Là où le titre se démarque c’est dans son gameplay général. En effet, Shiness – The Lightning Kingdom est un Action/RPG et lors des combats vous donnerez les coups que votre personnage infligera à son adversaire. On est même à la limite d’un jeu de baston et on pourrait même croire qu’Enigami s’est inspiré de l’excellent Naruto Ultimate Ninja Storm 4 pour ce qui est des mouvements et des déplacements. Car lors des combats on ne dirige qu’un seul personnage (les autres de l’équipe étant en retrait) contre un seul adversaire. Les ennemis peuvent être plusieurs mais il n’y en a toujours qu’un seul sur la surface de combat. On peut toutefois (et les ennemis aussi) changer de personnage quand bon nous semble sans aucune restriction. On peut ainsi mettre des coups de poing, de pied, se protéger, contre-attaquer, esquiver, utiliser un objet (via la croix directionnelle) et utiliser le Shi et les techniques. Ces deux derniers éléments sont l’ADN de Shiness – The Lightning Kingdom. Chaque personnage peut en effet s’équiper de parchemins pour apprendre de nouvelles techniques de combat ou des nouvelles magies symbolisées par le Shi et leur élément attritré (feu, eau, vent, terre). La technique (ou la magie) est utilisable immédiatement et peut être apprise à force d’utilisation un peu comme les compétences dans Final Fantasy IX par exemple. Les Techniques sont différentes pour chaque personnage et correspondent à leur style de combat. Elles se réalisent en effectuant une combinaison de boutons d’attaque. Quand aux différentes magies de Shi, elles sont utilisables de manière illimitée (il n’y a pas à proprement parler de jauge de MP) mais chaque utilisation fait descendre la jauge de l’élément attitré au pouvoir. Pour la remplir c’est simple, il faut concentrer son Shi en appuyant sur RT. A savoir, l’arène de combat est entourée d’une « barrière » qui change régulièrement de couleur (chacune attitrée à un élément). Charger son Shi fera monter en flèche la jauge de cet élément et chaque utilisation de Shi verra ses dégâts doublés si la couleur correspond. Ingénieux n’est-ce pas ? Sauf que…
… mais une finition parfois à Shi(er)
Vouloir faire des combats dynamiques est une excellente chose, surtout quand les possibilités de combat sont nombreuses. Mais il faut dénoncer quelques couacs dans la réalisation de Shiness – The Lightning Kingdom. En effet, certains combats connaissent sans raison un pic de difficulté monstrueux. On se retrouve ainsi à affronter des simples monstres qui enchainent les attaques magiques de loin sans discontinuer ou qui peuvent se téléporter sur vous pour vous enchainer sans que vous ayez la moindre possibilité de riposter. Cela pose problème surtout quand les Techniques ne veulent pas sortir alors que vous faites la bonne combinaison de touches. Et encore, ce n’est pas le pire des soucis rencontrés ! La caméra par exemple qui dans les lieux exigus est à la ramasse et va se figer derrière un pilier ou autre élément du décor vous empêchant de voir ce qui se passe sans la remettre derrière votre personnage manuellement vous faisant ainsi perdre de précieuses secondes. Il aurait peut être été judicieux de fixer la caméra derrière notre personnage afin d’éviter ce genre de désagréments. De même, les attaques Hyper (des sortes d’attaques ultimes) sont agréables à regarder mais la combinaison de touches n’est pas toujours très intuitive selon le personnage surtout quand elle met en scène les sticks. On saluera par contre la bonne idée des défis aléatoires (ne pas se protéger, ne pas switcher de personnage…) lors des combats qui rajoutent du piment et permettent en plus de débloquer des éléments intéressants. L’idée des soutiens est également bienvenue (à l’instar des Gambits de Final Fantasy XII on peut ainsi faire en sorte d’être par exemple soigné lorsque sa vie descend en dessous de 75%…) même si elle reste au final assez anecdotique et pas assez efficace en combat réel. Dernier point négatif à relever, les différents bugs de collision qui parsèment l’aventure et les phases de plateforme pas vraiment nécessaires qui cassent un peu le plaisir du voyage. Il est également dommage que les pouvoirs personnels des personnages (faire apparaître des menhirs pour Chado, psychokinésie pour Kayenne…) ne soit utilisés que lors d’énigmes vraiment basiques. Il aurait pu être intéressant de devoir plus se creuser les méninges. De même, le nombre d’à-côté est plutôt conséquent mais très répétitif (chasse, quêtes annexes classiques et contrats).
Conclusion
Légère déception que ce Shiness – The Lightning Kingdom au final. Malgré ses atouts (profondeur et richesse du gameplay, univers cohérent et coloré, textes en français, ambiance sonore réussie…), le titre d’Enigami ne peut pas prétendre rivaliser avec les ténors du genre comme Tales of Berseria par exemple ou même le plutôt moyen Star Ocean – Integrity and Faithlessness qui avait un système de combat frisant la perfection. La faute en incombe à ses trop nombreux défauts qui entachent le plaisir de jeu. Malgré tout, il faut saluer l’effort fourni par le studio pour proposer un titre vraiment unique de part son univers et son gameplay. Si les défauts mentionnés plus haut ne vous effraient pas alors vous passerez un très bon moment sur un titre qui sort tout de même des sentiers battus et propose une aventure à la fois colorée et agréable. Shiness – The Lightning Kingdom est un jeu vraiment sympa qui aurait pu se hisser au niveau des meilleurs avec quelques ajustements. Les fans de JRPG peuvent tout de même lui laisser sa chance, ne serait-ce que parce que le studio Enigami est Français et qu’ils ont su puiser leur inspiration dans les plus grands titres du genre en sachant y ajouter leur propre identité.
Graphismes: | |
Gameplay: | |
Bande-son: | |
Durée de vie: | |
Note finale: |
* Le test a été effectué sur Xbox One grâce à une version gracieusement offerte par Focus Home Interactive que l’équipe de Band of Geeks remercie chaleureusement.
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Merci pour ce test, le jeu m’intriguait et malgré les défauts dont tu parles je pense le prendre car il a l’air plutôt sympa, et je trouve toujours ça bon de soutenir des indés français, comme pour Demetrios qui n’était pas parfait mais que j’ai beaucoup aimé.
C’est un plaisir pour moi d’avoir pu t’aiguiller dans ton choix. Je pense qu’un joueur pas trop exigeant le trouvera vraiment agréable à faire. Il faut savoir faire abstraction de ses quelques défauts c’est tout. ;)
Merci de m’avoir lu et d’avoir pris le temps de rédiger ce commentaire !
Du coup, j’hésite encore à le faire. Il a l’air sympa mais j’ai un peu peur que le côté JRPG me dégoute un peu (tu connais mon amour pour les JRPG) mais les deux critiques que j’ai lu dessus me donne quand même envie de tenter. Mais après Persona5. (et au faite, j’espère que ta PS4 va? )
Le jeu est sympa mais spécial. Le système de combat dynamique s’éloigne assez de ce que propose les JRPG habituels. Je sais que ce n’est pas ton genre de prédilection mais à mon avis tu pourrais t’amuser si l’univers t’attire malgré le fait que le jeu soit assez classique dans son scénario…
Ma PS4 ? Et bien le lecteur Blu-Ray est HS mais je peux toujours jouer à des jeux en dématérialisé. xD
Et bien écoute, après 57h sur Persona5 je suis entrain de revoir mon désamour pour les JRPG. Puisque je suis vraiment très très fan. (sans parler de mes 87h sur P4!!) Mais c’est parce que j’aime les jeux qui me raconte une histoire.
Je ne l’ai pas encore pris puisque j’ai encore la fin de p4 à faire. P5 qui me mange mon temps, j’ai reboot la série des Fable aussi (<3) mais il fait parti de ma liste. (agrtfttj je vois pas quand tu réponds à mes commentaires.)
Donc ouais, je vais me lancer!
J’espère que tu ne seras pas déçue parce qu’il est loin d’être aussi bon qu’un Persona pour ce qui est de raconter des histoires. Mais dans tous les cas je suis content que tu révises ton jugement sur les JRPG. Peut être qu’un jour tu me diras qu’en fait j’avais raison et que FFVII est excellent ! *believe*