Vous le savez sans doute, j’aime vraiment beaucoup les mangas. Il s’agit pour moi d’un média qui me plait parce qu’il me permet, au même titre que le jeu vidéo ou les romans, de m’évader et de m’éclater dans des univers bien différents de ma réalité habituelle. Et si j’apprécie particulièrement les shonens, sachez que je suis très ouvert sur le sujet. C’est pourquoi, quand les éditions Casterman nous ont contacté pour faire une critique de la prochaine œuvre qu’ils vont éditer en France, j’ai bien évidemment accepté avec joie ! Ce nouveau manga c’est Gloutons et Dragons de Ryoko Kui. Un titre qui mélange habilement codes de l’heroic fantasy, du jeu de rôle et de la cuisine ! Mixture réussie ? Réponse tout de suite.
Gloutons et Dragons : Cuisine héroïque (fantasy)
Une direction pas commune
Si en Europe l’heroic fantasy est très répandue, ce n’est pas forcément le cas chez nos amis du Pays du Soleil Levant. Il faut dire que des chevaliers en armure, des dragons et des donjons ne sont sans doute pas la première chose qui leur vient à l’esprit vu le folklore bien rempli et atypique que ses habitants possèdent. C’est pourquoi quand j’ai su que Ryoko Kui avait eut l’idée d’utiliser le thème de l’heroic fantasy pour son nouveau manga j’ai eut tout de suite envie d’en savoir plus. Et grâce à la confiance et à la gentillesse des éditions Casterman j’ai eut la chance de trouver dans ma boite aux lettres le premier tome de Gloutons et Dragons. Après l’avoir dévoré je me suis hâté de venir en rédiger une critique mais avant de vous donner mon opinion je vais d’abord vous présenter l’œuvre en elle-même. Débutée en 2014, l’œuvre de Ryoko Kui a eut un succès immédiat au Japon et a reçu de nombreux prix et récompenses. Renommé Gloutons et Dragons en Occident, le manga se nomme originellement Dungeon Meshi. L’histoire commence avec un groupe d’aventuriers qui affrontent un gigantesque dragon. Les héros, épuisés parce qu’ils n’ont pas mangé depuis un moment, peinent à l’affronter correctement. C’est alors que la soeur du héros est happée par le dragon alors qu’elle tente de protéger son frère. Dans un élan de sacrifice elle téléporte les membres de l’équipe hors du donjon et est avalée par le dragon. Le héros, chevalier de son état, nommé Laïos, se réveille avec seulement deux de ses compagnons, les autres ayant fui dès leur réveil. Il ne reste ainsi que Tylchak le voleur et Marcycle la magicienne Elfe. Laïos déclare alors repartir dans le donjon seul pour sauver sa soeur Farynn de l’estomac du dragon. Ses deux compères refusent toutefois de le laisser partir seul et l’accompagnent. Toutefois, la téléportation leur a fait perdre toutes les richesses qu’ils avaient et ils doivent ainsi repartir dans le donjon sans vivres ni équipement autre que celui qu’ils portent. Et leur première préoccupation va être de trouver de quoi se nourrir. Il leur faudra pour cela tuer et cuisiner des monstres croisés sur la route. Et ce sera le concept du manga, allier aventure, humour, combat et cuisine. La route de nos amis va vite croiser celle d’un vétéran nain de la cuisine : Senshi. Ce dernier va les aider à cuisiner les monstres affrontés et les accompagner dans leur quête pour sauver Farynn.
Une œuvre travaillée
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Gloutons et Dragons est un manga travaillé. Les dessins sont plutôt fins et très agréables. Le bestiaire heroic fantasy respecte les codes à la lettre et on reconnait tout de suite les habitants habituels des donjons du genre. Là où l’auteur fait fort c’est qu’au lieu d’avoir une aventure purement épique on se concentre en fait sur le quotidien des personnages et sur ce qui les maintient en forme : la nourriture. Comme dans un livre de recettes, Senshi explique tout de A à Z pour réussir de bons petits plats. Et l’humour omniprésent fait qu’on se prend carrément au jeu pour finir par se dire « Ha oui c’est pas bête ! » ou « Ca n’a pas l’air si mauvais que ça !« . Une vraie réussite. D’autant plus que notre quatuor avance quand même jour après jour dans le donjon et rencontre de nouveaux monstres ! Chaque personnage est un « cliché » du jeu de rôle type Donjons et Dragons. Le héros est un guerrier, on a un voleur et une magicienne. C’est même drôle de constater que mourir fait partie du quotidien puisqu’à un moment Laïos raconte comment il est mort lors de sa première expédition. La résurrection, si bien intégrée dans les univers du jeu de rôle et du jeu vidéo prend ici une dimension humoristique et dédramatise ce qui devrait être grave. Et tous les codes du genre sont ainsi utilisés dans le domaine de l’humour. L’Elfe Marcycle qui est « précieuse » et se refuse à manger du monstre pour finalement craquer sur le goût des plats de Senshi est un passage récurrent et drôle. L’angle d’écriture abordé est vraiment bien trouvé car il est à des lieux de ce qu’on attendrait à l’origine d’un manga axé sur les donjons et l’heroic fantasy. Une vraie bouffée d’air frais dans un média qui a tendance à montrer plus souvent une violence au centre du récit qu’autre chose. Ici il y a quelques scènes d’action bien sûr mais elles servent parfaitement l’intérêt de l’histoire et le leitmotiv des héros qui est de manger des plats de monstres (et accessoirement de sauver Farynn). Je dois bien avouer qu’en tout cas cette alchimie fonctionne parfaitement et qu’on a même hâte de voir la suite ! Par ailleurs, sans spoil aucun, ce premier tome de Gloutons et Dragons se termine sur un petit cliffhanger qui nous fera attendre la suite avec impatience !
Conclusion
J’avais un peu peur en commençant ce tome de Gloutons et Dragons je l’avoue. Parce que l’heroic fantasy est un genre que j’aime beaucoup et j’avais peur qu’il soit dénaturé ici. En fait c’est l’inverse, Ryoko Kui se joue du genre et de ses codes pour proposer une histoire à la fois classique mais drôle et prenante. Les dessins agréables, les personnages travaillés malgré leur appartenance aux différents « clichés » du genre et l’idée même de mêler cuisine et aventure font clairement mouche. Le tome 1 se lit vite et on en redemande. Gloutons et Dragons est pour moi une vraie réussite et j’ai vraiment hâte de lire la suite. Je ne peux que vous conseiller d’y jeter un œil si vous en avez l’occasion. Voir les codes d’un genre qu’on affectionne pris en dérision (surtout lorsque c’est réussi avec brio) ne peut pas faire de mal ! Vivement le tome 2 !
Gloutons et Dragons sera disponible dès le 17 mai 2017 dans tous les points de vente habituels.
Scénario: Dessins: Univers: Note finale:
Je tiens à remercier encore chaleureusement les éditions Casterman pour leur confiance et leur générosité. Cette critique a été réalisée avec un tome gracieusement offert par leurs soins avant même sa sortie officielle. Toute l’équipe de Band of Geeks espère donc avoir la chance de pouvoir continuer à l’avenir de travailler avec cette prestigieuse maison d’édition.
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