Une fois n’est pas coutume, dans ce Journal Nostalgie je vais parler d’un mauvais jeu. Mais vraiment mauvais. Et pourtant j’ai passé dessus un nombre d’heures incroyable. Je vous raconte ça de suite, laissez-moi vous présenter Raging Blades sur PlayStation 2.
Journal Nostalgie n°37 : Raging Blades ou l’horreur des années 2000
La découverte
Retour au début des années 2000, plus précisément en 2003. Je suis au lycée et il s’agit d’une des périodes de ma vie où je joue le plus (j’ai assez peu de devoirs à faire à la maison et ils sont en général assez vite expédiés). Je suis abonné à feu le magazine Consoles + que je lis toujours en quête de nouveaux jeux à acheter. Un jour, mon meilleur ami m’envoie un SMS en me disant « Je suis à Score Game et je suis devant un jeu qui s’appelle Raging Blades tu sais s’il est bien ou pas ? Derrière ils disent qu’on peut jouer à deux ça peut être cool ! » et donc je cherche dans mon magazine et tombe sur un test où le jeu a obtenu 86% et une critique plutôt positive même si le testeur reconnait que le jeu est assez moyen. En clair, si on y joue à deux il est vraiment sympa. Je le dis donc à mon ami qui l’achète dans la foulée. Quelle erreur n’avais-je pas commis ? Je vais vous détailler le tout mais sachez-le, il s’agit probablement de l’un des jeux les plus nuls sur lesquels j’ai pu mettre la main. Nous avons donc attendu le week-end pour le lancer directement chez moi sur ma PlayStation 2. Il faut savoir qu’à cette époque, nous passions en général notre temps à jouer ensemble du vendredi soir au dimanche matin (c’était un footeux donc il avait des matchs le dimanche). Du coup c’est avec une certaine attente que le jeu a été démarré puisque nous sommes vraiment fan du genre (beat’em up) et nous nous faisions une joie d’en avoir trouvé un qui ne soit pas issu du catalogue MegaDrive. Une fois le logo PlayStation 2 passé nous n’en pouvions plus mais déjà à ce moment-là on a senti que quelque chose n’allait pas.
La consternation
Vous voyez les écrans qui se succèdent quand vous lancez un jeu avant d’arriver à l’écran-titre et qui présentent en général les sociétés qui ont produit et édité le jeu ? Et bien dans Raging Blades, un des premiers écrans est celui de Wanadoo. Si si je vous jure. On s’est regardés avec mon pote et on s’est dit « Pourquoi pas ? » mais en vérité ça aurait déjà dû nous mettre la puce à l’oreille sur la qualité globale qu’on pouvait attendre de ce Raging Blades. Cela aurait pu rester une simple mauvaise impression mais déjà arrivé au menu principal nous ne pouvions déjà plus nier que le titre avait peu de chances d’être bon. En effet, si le jeu a eu le bon goût d’être traduit en français, voir qu’on doit appuyer sur « la touche Start (de mise en marche) » (sic !) nous a déjà fait rire autant que nous affliger. Mais ce n’était rien par rapport à la suite. Je reconnais au jeu toutefois la possibilité de proposer du 60Hz, chose pas forcément courante à l’époque même si vu la qualité du jeu ce n’est qu’une (très) maigre consolation… Je décide donc de lancer un mode Histoire à deux joueurs et arrivé sur la page de sélection de notre héros une voix française se fait entendre avec un « CHOIX DU PERSONNAGE… » complètement à la rue. On a le choix entre 4 personnages et ces derniers sont tous des clichés : le gros barbare lent avec une hache, le chevalier et son épée équilibré, la moniale rapide mais peu puissante et le magicien puissant de loin mais faible au corps à corps. Lorsqu’on a choisi son personnage, la même voix que tout à l’heure nous donne son nom : « BUD CHAMBERLAIN !! » « GRAY BRADFORD !! » « TINA IBLIES !! » « RAYBRANDT LUGNAL !! ». Croyez-moi, c’est tout sauf épique. On était déjà morts de rire avec mon pote mais lorsqu’il nous annonce ensuite que « UNE LÉGENDE EST NÉE… » nous n’en pouvions plus. Et pour vous le prouver je vous mettrai une petite vidéo de l’intro plus loin dans cet article…
Des débuts laborieux…
Alors que nous arrivons dans le premier niveau « DEVANT LE MUR D’ALBUHEIM… » déjà le jeu commence à afficher ses limites. Outre un temps de chargement beaucoup trop long on se rend compte que le jeu est plutôt laid (chose bien pire aujourd’hui évidemment tant il n’a pas su traverser les âges). Les monstres sont clairement génériques et sans personnalité et ce premier niveau sert de tutoriel mais n’explique pas les commandes. Magique ! En plus il ne dure que quelques instants (le chargement est plus long que le niveau…) et juste après défile un texte tentant de donner des explications sur le lore du jeu. Peine perdue puisque notre ami narrateur a cru bon de lire le texte au fur et à mesure qu’il défilait. Autant vous dire que s’il cherchait à donner un souffle épique au récit c’était peine perdue puisqu’on aurait plus de peps dans une maison de retraite. Enfin, on fait contre mauvaise fortune bon coeur et on passe le récit inintéressant pour arriver au deuxième niveau « LE CHÂTEAU DE L’IMMORTEL ». Et sachez-le, si je parle constamment du narrateur c’est pour la simple et bonne raison qu’il est là tout le temps ! Par exemple, quand on enchaîne les ennemis il y a un compteur de coups qui s’affiche et passé certains paliers on a droit à de belles exclamations comme « PAS MAL ! » « BRAVO ! » ou encore le magnifique « IMPRESSIONNANT ! » et croyez-moi c’est vite devenu un running gag. On possède une dizaine de vies mais comme elles sont communes aux deux joueurs il faut essayer d’en perdre le moins possible et croyez-moi ce n’est pas si simple qu’on aurait pu le croire…
…et une suite encore pire !
Si Raging Blades n’est pas si simple c’est principalement à cause d’un défaut de gameplay important : l’ennemi peut se protéger mais pas le joueur. Cela paraît idiot mais vraiment, quand on est submergé d’ennemis qui attaquent en continue, même avec les pouvoirs de zone que possèdent chaque personnage on a du mal à faire place nette. Il y a bien un mouvement d’esquive disponible mais il est moins efficace qu’une vraie protection. Même souci au niveau des objets disponibles. Les pièces du décor destructibles existent mais en petite quantité et ces dernières ne recèlent pas toujours un objet et encore plus rarement un objet de soin. Il n’existe aucun continue, une fois les 10 vies épuisées, c’est Game Over. On traverse ainsi des lieux tellement convenus qu’on est rarement extasiés (château, champ, cimetière…) et les vagues d’ennemis continues finissent de rendre le tout monotone. Mais nous avons pris de nombreux fous rires en y jouant et si la plupart des Boss sont puissants, l’un d’entre eux est d’une nullité affligeante. Il s’agit du premier que l’on a combattu. Le narrateur nous a mis dans l’ambiance tout de suite avec son : « AFFRONTEZ !! (blanc de deux secondes) BALONG !! » et nous n’avons pas été déçus du voyage. Jamais je n’ai affronté un tel Boss dans toute ma vie de joueur. Il s’agit d’une sorte de gros parasite accroché à un pilier. Il ne peut pas en bouger et peut seulement se téléporter… sur un autre pilier ! Son attaque principale est le vomi. Oui il nous gerbe dessus. Il met aussi des coups de tentacule mais franchement il fait pitié. Je ne me souviens même plus comment on a réussi à continuer de jouer tellement on rigolait. Par contre les Boss suivants (« LE CATOBLEPAS !« , « LE CYCLOPE ! » ou encore « L’ANGE DECHU !« ) nous ont posé beaucoup plus de problèmes tant leurs attaques sont dévastatrices. Et ne parlons même pas du « DEMON SUPERIEUR ! » un des derniers Boss ultra-cheaté. Quand au Boss de fin, no comment…
Pourquoi ?
C’est une très bonne question en fait. Pourquoi est-ce que malgré sa nullité nous avons joué à ce jeu pendant des mois avec mon pote ? Je pense que la raison principale c’est qu’on a jamais réussi à le finir (oui shame on us). Raging Blades est clairement mauvais et on ne peut pas dire qu’il soit addictif et sincèrement je n’arrive pas à m’expliquer encore aujourd’hui comment on a pu y passer autant d’heures. Le Boss de fin (dans le meilleur des cas) avait raison de nous mais il faut dire qu’entre ses téléportations intempestives, ses coups qui enlèvent limite une vie à chaque fois et son allonge de malade je ne vois pas comment on pouvait le battre. Pourtant, même si le jeu ne propose pas des milliers de coups il existe des techniques plutôt sympas qui égayent (un peu) les parties. Par exemple on a découvert qu’en appuyant sur deux boutons en même temps ( et si je ne m’abuse) notre personnage se concentrait et si on appuyait au bon moment sur un bouton d’attaque alors il déclenchait un coup très puissant. Personnellement je prenais quasiment tout le temps « RAYBRANDT LUGNAL » le magicien et son attaque spéciale avec le bouton d’attaque envoyait un éclair surpuissant très pratique pour descendre la jauge de vie des Boss, mais si j’utilisais qui correspond à l’attaque magique (symbolisée par un chiffre à côté du portrait du personnage) j’utilisais 3 jauges magiques mais des météores tombaient du ciel pour défoncer tous les ennemis de la zone. Une des rares bonnes idées du jeu en fait ce système. Enfin quand l’ennemi nous laisse charger notre coup évidemment. Mais même avec notre maîtrise du jeu après toutes ces heures passées dessus, il nous a été impossible de le terminer. Encore aujourd’hui j’en suis frustré pour tout vous avouer…
Conclusion
Puis-je vous recommander Raging Blades ? Absolument pas mais si vous avez lu mon article jusqu’ici vous devez alors savoir à quel point il est nul. Je n’ai pas mentionné le mode de jeu qui permet jusqu’à 4 joueurs (grâce au multi-tap) de se mettre sur la tronche dans des arènes parce que je ne l’ai jamais essayé et qu’il a l’air encore plus mauvais que le jeu de base. Et de toutes façons, où trouver trois amis acceptant de jouer à ça ? Malgré tout, je crache sur le jeu mais quand mon pote l’a vendu je l’ai racheté sur PriceMinister (oui je sais c’est Rakuten aujourd’hui) pour même pas 2€ (j’en ai eu pour plus cher de frais de port) parce que je me suis dit « Il faudra qu’on le finisse un jour ! » mais ce n’est jamais arrivé. En tout cas je tiens à remercier Wanadoo pour les nombreux fous rires qui ont alimenté ma vie de joueur depuis ma découverte de ce jeu. Enfin voilà, je ne pensais pas avoir autant de choses à raconter sur Raging Blades mais on dirait qu’il m’a marqué à un point que je ne soupçonnais pas.
Et comme dirait le narrateur du jeu : « ALLER… (pause) … AU NIVEAU SUIVANT ! ».
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