Vous le savez sûrement si vous me connaissez un peu mais je suis un gros fan de la saga The Legend of Zelda. C’est pourquoi quand ma charmante épouse m’avait offert la Switch avec Breath of the Wild à sa sortie afin que je puisse « en profiter dans les meilleures conditions possible » j’étais aux anges. Nintendo semblait avoir expérimenté de nouvelles choses pour la saga et il me tardait de voir ce que ça donnait. Voici donc un petit article pour vous expliquer pourquoi et comment Breath of the Wild a redéfini l’open world. Rien de moins.
Breath of the Wild : Plus qu’un jeu, une pierre angulaire
Les jeux en open world sont monnaie courante depuis quelques années et si certains ont eu beaucoup de succès, la plupart utilisent les mêmes codes. C’est pourquoi il est difficile de modifier tout ce qui fait les mécaniques du genre. Wind Waker avait en son temps tenté (timidement tout de même) de proposer un « semi open world » comprenez par là que techniquement vous pouviez visiter le monde entier, sauf que si vous n’aviez pas obtenu tel ou tel objet (bombe, arc, grappin…) de nombreux lieux restaient hors de votre portée. Mais l’idée était là. J’avais donc hâte de voir ce que me réservait Breath of the Wild. Et dès le démarrage du jeu il en met plein les yeux.
On incarne Link qui se réveille d’un long sommeil (100 ans) dans un sanctuaire et qui est vêtu d’un simple caleçon. On récupère la tablette Sheikah, des fringues basiques dans un coffre et on sort, livré à nous-même. Et c’est là où le titre de Nintendo surprend. Aucun vrai tutoriel, juste un Link lâché dans la nature comme ça. On rencontre presque immédiatement un voyageur encapuchonné qui nous explique que la tablette Sheikah n’a pas retrouvé toutes ses fonctionnalités et qu’il nous faut rejoindre 4 sanctuaires afin de les révéler. En habitué de Zelda on se dit « et de 4 donjons déjà ça va m’occuper un moment ! » et on ne pouvait pas plus se tromper. En fait, les sanctuaires sont en tout au nombre astronomique de 120 ! Il s’agit en fait pour la plupart de petits lieux dans lesquels il faut résoudre une énigme. On gagne du coup un symbole qui, lorsqu’on en obtient 4, nous permet d’augmenter sa vie (un cœur) ou sa jauge d’endurance.
Apparue dans l’épisode Skyward Sword, cette jauge est en fait celle qui permet à Link de courir, faire des super attaques, nager ou (grosse nouveauté de cet opus) grimper ! Parce que oui Link peut désormais escalader n’importe quelle surface. Ce qui rend le monde d’Hyrule plus interactif que jamais. Et c’est en ça que Breath of the Wild explose la concurrence en terme d’interaction. Vous voyez une montagne au loin et vous avez envie d’y aller ? C’est possible. Vous voulez grimper à un arbre pour avoir une meilleure vue sur l’horizon ? Allez-y. Ce qui fait que ce titre révolutionne le jeu vidéo en général c’est vraiment cette idée qu’on peut tout faire. Car plus le jeu avance et plus on se rend compte de sa profondeur. Parce que là où le titre de Nintendo fait fort, c’est dans son gameplay mais surtout dans son souci du détail. Le moteur du jeu propose des interactions tout bonnement étonnantes. Là où les concurrents peuvent miser sur la beauté de leurs jeux (God of War, Horizon Zero Dawn…), ce nouveau Zelda doit quant à lui faire preuve d’intelligence pour se démarquer. Le titre est loin d’être moche et le cel-shading est tout bonnement magnifique mais techniquement, même s’il fait honneur à la Switch, on sent qu’il n’est pas à la pointe.
Et quand je parle de nombreux détails je ne parle pas de détails graphiques mais bel et bien de détails sur le moteur du jeu. Je m’explique. Vous avez toujours trouvé frustrant par exemple de jeter des flèches enflammées sur de l’herbe mais que cette dernière ne brûle pas ? Ou bien voir un rocher à peine plus haut que votre personnage sans avoir la possibilité de grimper dessus ? Et bien oubliez ce genre de déboires car Breath of the Wild rend le monde ouvert plus immersif que jamais. Et ce ne sont pas que des features inutiles mais bel et bien des éléments importants du gameplay ! Vous pouvez ainsi enflammer toute une zone herbeuse autour d’un camp ennemi pour les empêcher d’approcher alors que vous les canardez avec votre arc ! De même, lorsqu’un orage pointe le bout de son nez, pensez à ne pas équiper d’objet métallique pour ne pas devenir un paratonnerre vivant ! Si vous grimpez au sommet d’une montagne enneigée, pensez à vous couvrir pour éviter de mourir de froid. De même, si vous vous rendez dans le désert, portez des vêtements adaptés. C’est cette conjugaison de détails qui rend le jeu si intéressant et crédible. La gestion de la faim ou de la soif n’existe pas mais ce serait sans doute trop pousser le sens du détail.
Et puisque je parle de nourriture, sachez-le, la chasse et la pêche prennent ici un sens bien particulier puisque la cuisine est un élément fondamental du gameplay. Vous pouvez en effet mixer de nombreux ingrédients entre eux pour faire des recettes qui vous apporteront parfois des bonus incroyables. Et les possibilités sont tellement nombreuses que vous aurez vraiment envie d’essayer tout un tas de recettes. Si les bonus de vie ou de force sont logiques, vous aurez également parfois, avec les bons ingrédients, la possibilité d’augmenter votre résistance au froid ou à la chaleur. Pratique pour quand même conserver l’équipement qu’on préfère sur soi. Parce qu’ici de l’équipement il y en a à revendre (aux sens propres et figurés d’ailleurs !). Pour la première fois de la saga Zelda, notre héros peut emporter de nombreuses armes, boucliers et tuniques. Les armes par exemple, vous les trouverez sur les ennemis, dans des coffres mais aussi éparpillées à de nombreux endroits. En sachant que chaque arme a une durée de vie bien spécifique (à savoir très courte) et qu’il vaut mieux avoir sa besace remplie pour faire face aux nombreux combats (pas faciles) qui vous attendent !
Même chose pour les arcs ou les boucliers qui s’usent à force d’utilisation. Seules les différentes pièces d’armure ne disposent pas d’une durée de vie limitée. D’autant que grâce au pouvoir des Grandes Fées disséminées dans le royaume, vous pourrez augmenter la qualité et les caractéristiques de votre équipement (contre des matériaux parfois difficiles à trouver). Si je salue l’idée qui apporte un vrai plus au gameplay (d’autant que les armes ne se manient pas toutes de la même manière) je ne peux que pester contre leur piètre résistance. Si je peux comprendre qu’un bout de bois casse au bout de deux ou trois coups, j’ai un peu plus de mal avec l’idée qu’une lance légendaire Zora dure moins de 20 coups sans se briser. Alors certaines armes peuvent être « reforgées » par quelques artisans mais dans l’ensemble, si une arme est perdue alors elle l’est définitivement. Et ne comptez pas sur l’épée de légende pour avoir une arme illimitée ! Parce que sachez que si la Master Sword est bien présente dans le jeu, vous ne pourrez pas l’utiliser en continu. En effet, au bout d’un certain nombre de coups, elle devient inutilisable pendant une durée définie (15 VRAIES minutes). Un concept discutable mais qui a le mérite de continuer à vous faire utiliser d’autres armes que celle-ci. D’autant que chaque équipement a ses propres caractéristiques. Les armes par exemple, ont un certain niveau de dégâts (qui peut être amplifié si vous avez augmenté la force de Link via une potion par exemple). Il faut ainsi prendre en compte cela et ne pas se fier à simplement l’aspect de l’arme ou du bouclier en question.
Mais si Breath of the Wild est si exceptionnel c’est aussi parce qu’il sait proposer une vraie aventure. Si le nombre de donjons du jeu n’est pas incroyable (5 en comptant celui de la fin) et que ces derniers sont plutôt courts, c’est parce que l’intérêt est dans la découverte et le dépaysement. La carte du monde est vraiment grande et quand on sait qu’on peut en explorer chaque recoin sans forcément y avoir quelque chose à faire alors on se laisse tenter. Et c’est pour moi une des plus grandes forces du jeu, permettre au joueur de faire ce que bon lui semble sans le pousser à quoi que ce soit. Et même mieux, que le joueur ait envie de se balader sans autre but que de découvrir chaque pan du monde ! J’ai pris un plaisir fou à chercher les différents sanctuaires pour augmenter mes caractéristiques ou à simplement essayer de découvrir des endroits cachés au sommet d’une montagne, dans une grotte ou dans des bois. Même cette île lointaine accessible uniquement en planant longtemps depuis une falaise recèle des secrets ! A savoir, ce qui m’a pris le plus de temps, hormis la recherche des nombreux sanctuaires, c’est de retrouver tous les souvenirs de Link. Parce qu’inclus dans la tablette Sheikah il y a une dizaine de clichés qui datent de 100 ans avant, lorsque Link et Zelda se côtoyaient. Et comme notre héros est complètement amnésique, retrouver les spots de ces clichés ravivent ses souvenirs et déclenchent une cinématique.
Et puisque j’en parle, ces cinématiques sont l’occasion (comme beaucoup d’autres dans l’aventure principale) de découvrir pour la première fois dans un Zelda des dialogues doublés. Si l’idée peut paraître saugrenue aujourd’hui, il faut savoir que la licence, même dans ses derniers opus, n’a jamais doublé les dialogues. Si Link ne parle toujours pas, les autres personnages s’en donnent à cœur joie, pour le plus grand plaisir des oreilles. D’autant qu’il est tout à fait possible de choisir parmi différentes langues : français, anglais ou japonais par exemple ! Cela peut paraitre bête mais l’immersion s’en trouve vraiment renforcée. Alors bien sûr on reste dans Zelda donc ne vous attendez pas non plus à des dialogues aussi longs que dans un Final Fantasy ou même un Yakuza Kiwami 2. Ce Breath of the Wild ne déroge pas à la règle du jeu avant tout. Et il réussit haut la main le défi de proposer de la nouveauté à tous les étages et à contenter ainsi les fans de la saga mais aussi les autres ! Les musiques sont également tout bonnement magnifiques et savent se faire oublier par moments pour ne pas plomber l’ambiance mais ressortent de manière épique dès qu’elles le doivent. Les sons caractéristiques de la saga sont également de la partie rassurez-vous-même s’ils ont été revisités pour la plupart.
Je n’ai pas encore parlé d’une nouveauté primordiale : l’absence de ligne directrice. Je parlais plus tôt de liberté mais elle se situe non seulement dans l’environnement mais aussi dans le scénario. Car si au début vous démarrez automatiquement sur un plateau au centre du monde et sur lequel vous devez découvrir les pouvoirs principaux de la tablette Sheikah, très vite vous pourrez explorer le monde à votre guise et faire tel donjon avant celui-ci. En fait, une fois le village Cocorico atteint, votre quête débutera mais libre à vous de la faire dans l’ordre que vous désirez. Cela change des anciens opus tels Twilight Princess ou Wind Waker par exemple, qui exigeaient de vous un objet précis pour aborder les donjons. Ici la tablette Sheikah remplacera tout votre arsenal habituel. En effet, exit les boomerangs (présents dans le jeu mais en tant qu’arme seulement), grappins et autres joyeusetés. La tablette Sheikah vous permet en effet de poser des bombes, d’utiliser le magnétisme pour déplacer n’importe quel objet métallique, de geler l’eau pour faire des plateformes voir même de stopper un objet en mouvement pour une durée limitée. La vraie force de Breath of the Wild c’est d’avoir su totalement réinventer la logique de ses énigmes si bien que les habitués de la série (et les autres) vont devoir tout réapprendre. A mes yeux ce choix était le meilleur pour ne pas rester engoncé dans des patterns vieillissants et qui menaçaient d’être obsolètes vu les standards actuels.
Je ne l’ai pas encore précisé mais il est évidemment possible d’obtenir des montures afin de se balader plus rapidement sur les terres d’Hyrule. Vous pouvez ainsi tomber par hasard sur des hordes de chevaux qui paissent tranquillement. A vous de les dompter et de vous lier d’amitié avec eux pour qu’ils vous supportent longtemps. Vous pourrez ensuite renommer votre monture et la laisser dans un ranch si vous préférez. Vous pourrez par ailleurs en avoir plusieurs si le cœur vous en dit, en sachant que chaque animal a des caractéristiques propres (endurance, vitesse…) et que si vous souhaitez Epona, cheval mythique de la saga, il vous faudra un amiibo spécifique. Car oui, Breath of the Wild prend en charge les amiibo. Et si le bonus octroyé ne pénalisera pas ceux ne possédant aucune figurine de chez Nintendo, il restera bien assez intéressant pour que les joueurs s’en servent. Le nombre d’utilisation est limitée à une par jour et par amiibo. S’ils sont tirés de la saga alors les bonus seront bien plus intéressants qu’avec des amiibo tirés d’autres séries de la firme de Kyoto. Anecdotique mais un plus vraiment agréable. J’ai personnellement beaucoup utilisé les miens, dont le fameux Gardien qui lui donne des bonus vraiment très intéressants ! Je pourrai encore vous parler des heures de ce Breath of the Wild qui a mon sens est un des meilleurs de la saga mais je préfère que vous découvriez par vous-même ce qu’il a à offrir tant son monde est grandiose et vivant.
Conclusion
Plus qu’un grand jeu, Breath of the Wild est la définition du renouveau. En arrivant à s’approprier le genre du monde ouvert et en le sublimant à un point de finition encore jamais atteint, le titre de Nintendo prouve que souvent les risques paient. En rendant son monde plus vivant et interactif que jamais il ne l’a été dans un jeu, ce nouveau Zelda redéfinit le genre en devenant la norme de ce que l’on peut attendre d’un titre similaire. Il est clair que passer après ce mastodonte ne doit pas être simple et nul doute que le prochain opus devra faire encore mieux pour nous subjuguer mais en attendant, profitez bien de ce volet qui fait honneur à la série et se hisse parmi les meilleurs jeux sortis ces dix dernières années. Entre ses graphismes attachants et colorés, son gameplay millimétré, son monde ouvert affolant et sa durée de vie gargantuesque (j’ai passé plus de 120 heures dessus et je suis loin d’avoir tout vu…), vous vous devez de l’essayer. Plus qu’un grand jeu, un titre exceptionnel sur une Switch qui ne manque pourtant pas de hits avec ses Mario Odyssey et consorts…
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