Les plus jeunes d’entre vous ne connaîtront sans doute jamais ce sentiment de frustration de voir un titre prometteur ne jamais fouler les terres Européennes. Et pourtant, à l’époque des 16/32 bits le phénomène était très courant et beaucoup de jeux ne sortaient jamais ailleurs qu’au pays du soleil levant. Et ce fut le cas pour Ishin, un spin-off de Yakuza à l’ère Meiji qui a connu une sortie uniquement japonaise sur PlayStation 3 et 4 il y a de cela une dizaine d’années. C’est pourquoi quand Like a Dragon : Ishin ! a été annoncé chez nous, et entièrement traduit dans la langue de Molière qui plus est, j’ai carrément sauté de joie. Mais l’attente en valait-elle la peine ? Le titre est-il toujours à la hauteur après toutes ces années ? Réponse de suite…
Like a Dragon : Ishin ! – Kiryu au Japon féodal
Devant la popularité grandissante de la série Yakuza, SEGA a bien dû faire face à un constat : les jeux qui étaient jugés trop clivants pour les pays européens ou américains car trop orientés « japonais » ne l’étaient pas et plaisaient même à beaucoup plus de monde qu’espéré. L’arrivée de la série phare sur Xbox en dit même long sur le pari que fait SEGA de toucher le plus de monde possible en Occident. Et s’il est vrai que Like a Dragon : Ishin ! parle d’une époque historique assez peu connue dans nos contrées (une époque de guerre intestine entre les factions qui souhaitaient conserver le shogunat et celles préférant restituer le pouvoir à un empereur), la période à été abordée dans de nombreux mangas (dont le mythique Kenshin le Vagabond) et peut intéresser beaucoup de gens non-japonais. Il faut dire que les samouraïs ont toujours eu cette aura incroyable pour le public occidental (je suis moi-même un fan invétéré) ce qui a permis au titre de tenter sa chance chez nous.
La première chose qui fait plaisir quand on lance le jeu c’est qu’il est entièrement traduit en français. Là où pas mal d’épisodes de Yakuza ont débarqué chez nous avec des textes en anglais, Like a Dragon : Ishin !, à l’instar des excellents Judgment a fait le choix d’être le plus accessible possible. Un excellent point donc. Que les puristes se rassurent, les doublages sont en japonais et je peux vous dire que comme pour les autres titres du studio la qualité est au rendez-vous. On est clairement immergés dans ce Japon féodal. Autre nouveauté sympathique la présence d’un glossaire qui permet, par simple pression d’une touche lors d’une discussion, d’avoir une explication sur certains termes. Un vrai plus tant certains noms et termes de l’époque ne sont pas forcément évidents pour tout le monde. A noter qu’un sous-menu permet également de retrouver toutes ces informations ce qui est bien pratique par moments. Côté ambiance sonore les différents thèmes sont dans le ton de l’époque et sont vraiment agréables, de même que les bruitages qui sont dans la lignée de ce qu’offre habituellement la saga.
Là où Like a Dragon : Ishin ! est intéressant au niveau scénario, c’est qu’il propose un vrai récit historique avec des personnalités plus ou moins connues. Le héros, Ryoma Sakamoto, a réellement existé, de même que le Shinsen-gumi et ses représentants (Okita…). On plonge la tête la première à cette époque des troubles du Bakumatsu et c’est un plaisir de mêler fiction et histoire. SEGA fait même de nombreux clins d’oeil aux joueurs de Yakuza puisque tous les personnages importants du jeu sont modélisés d’après des personnages de la saga originale. Par exemple, Ryoma n’est autre que le modèle de Kiryu, héros de la série Yakuza. Mais ce n’est évidemment pas le seul et en tant que fan j’ai beaucoup apprécié de croiser des têtes connues même si leur nom et leur rôle est tout autre. Une chouette idée qui ne pénalisera pas du tout ceux qui ne connaissent pas la saga. Pour résumer l’histoire de ce Like a Dragon : Ishin ! on incarne Ryoma Sakamoto qui va chercher à renverser l’ancien système en trouvant l’assassin de son père et ainsi laver son nom et son honneur.
Même si le titre est à l’origine un jeu PlayStation 3, ce remaster fait clairement le job niveau technique (merci au Dragon Engine qui fait encore une fois des merveilles sur les visages notamment). Alors certes, parfois on sent la limitation technique de l’époque (la taille des zones par exemple) mais quand on est habitué à la série on est pas dépaysé par le concept. Les effets de lumière et autres animations sont travaillés même si évidemment on sent que le jeu de base a environ dix ans. Mais ne boudons pas notre plaisir puisque Like a Dragon : Ishin ! propose tout de même une technique vraiment agréable et des temps de chargement inexistants sur Series X. La fluidité est également au rendez-vous avec une résolution 4k et 60FPS toujours sur Series X. Nul doute que la version PlayStation 5 propose les mêmes atours.
Mais un jeu ce n’est pas qu’une technique réussie, c’est aussi un gameplay. Et de ce côté-là, Like a Dragon : Ishin ! ne déçoit pas. On reste dans la veine des Yakuza/Judgment mais le système de combat est adapté au kenjutsu (l’art du katana). En effet, si on a toujours la possibilité de combattre à mains nues, le combat au sabre ou au pistolet est également de la partie. On a même la possibilité de combiner sabre et revolver dans un ballet puissant et stylé. Chaque style possède ses forces et ses faiblesses (impossible de se protéger quand on se bat au katana+pistolet par exemple) et il convient de vraiment jongler entre ces derniers pour s’en sortir en combat. Utiliser chaque style permet également de gagner des orbes qui serviront à débloquer de nouvelles techniques et à faire évoluer les caractéristiques de Ryoma dans le style utilisé. De plus, chaque niveau gagné débloque une orbe d’apprentissage qui peut s’utiliser dans n’importe quel arbre. Le système de fureur répond également présent et débarque avec son florilège de finish tous plus stylés les uns que les autres à l’instar de ce que proposent les jeux Yakuza. Classique et efficace. Que l’on soit néophyte ou habitué des jeux du studio, le tout est tellement simple et intuitif qu’on y plonge avec plaisir.
Les fans de « completion » seront également aux anges avec le système de Vertu qui récompense les actions au cours du jeu (affronter tant d’ennemis, parler à tant de personnages, pêcher tant de poissons…). Les points de Vertus sont utilisables dans des sanctuaires pour débloquer par exemple des meilleures cannes à pêche ou bien avoir un inventaire plus grand. On se prend au jeu à essayer d’en faire le maximum pour être plus serein quand on avance dans le jeu. Pareil pour les quêtes annexes qui répondent évidemment présent et sont encore une fois scénarisées et sympathiques. J’ai noté toutefois moins de « folie » que pour les autres jeux de la série. Comme si pour cet épisode Ishin, SEGA avait cherché à être plus réaliste que d’habitude. Ce n’est pas un mal évidemment mais ce petit « décalage » entre le réalisme et la dureté du scénario et la folie des à-côté était un peu la marque de fabrique de la saga pour moi.
A noter tout de même certaines quêtes plutôt rigolotes mais le côté sérieux prime malgré tout. Par ailleurs, on en a pour son argent puisque le jeu est plutôt long, surtout si vous comptez tout faire. D’autant que comme vous vous en doutez, de nombreuses armes n’attendent que vous. Surtout que la présence de la forge rajoute un énorme intérêt à toutes les babioles qu’on ramasse partout. On peut ainsi créer de nouvelles armes et équipements contre de l’argent et des matériaux. Le tout est très intuitif et rajoute vraiment de l’intérêt au fait de récolter un maximum de choses (sur les ennemis, en récompense de quêtes ou simplement dans des pots par exemple). Like a Dragon : Ishin ! est divisé en 14 chapitres qui sauront vous faire voir du pays et suivre un scénario vraiment bien amené dans lequel les combats seront légions.
Conclusion
Je l’avoue, je suis tombé sous le charme de Like a Dragon : Ishin ! J’attendais sans trop y croire de pouvoir y jouer un jour et vraiment je n’ai pas été déçu du voyage. Beau, fun et inspiré, le titre de SEGA est une des pépites de ce début d’année 2023 et je ne peux que vous le conseiller, que vous soyez adeptes de la série Yakuza ou non. Le simple fait d’aimer le Japon féodal et les samouraïs pourra d’ailleurs suffire à vous faire passer un incroyable moment compagnie de Ryoma. Alors certes, le jeu n’est pas parfait (certains dialogues non doublés, quelques combats un peu difficiles…) et on sent par moments qu’il s’agit à la base d’un titre qui a plus de dix ans mais impossible que ces quelques broutilles gâchent le plaisir de jeu, qui lui n’a pas pris une ride ! Fans ou non de Yakuza, vous pouvez foncer les yeux fermés.
*Ce test a été réalisé sur Xbox Series X via une version physique gracieusement fournie par l’éditeur que nous remercions encore chaleureusement.*
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