Il y a des titres dont on attend une suite sans savoir si elle arrivera un jour (Breath of Fire, Heavenly Sword, Batman Arkham…) et ceux dont on sait qu’il y en aura une mais qu’on attend désespérément (Shenmue III…). Kingdom Hearts III fait clairement partie de cette deuxième catégorie puisqu’il aura fallu attendre plus de 10 ans et sauter une génération de consoles pour la voir enfin arriver. La série ne s’essouffle-t-elle pas après toutes ces années ? Réponse tout de suite.
Kingdom Hearts III : Qui Sora dire si l’attente en valait la peine ?
J’ai beau ne pas être un fan absolu qui a retourné plusieurs fois tous les opus existants, j’aime vraiment beaucoup cette saga qu’est Kingdom Hearts. Pour être honnête je n’ai pas fait les épisodes portables comme Birth by Sleep ou Dream Drop Distance. J’avais prévu à l’origine de les faire sur PlayStation 4 avant la sortie du troisième volet étant donné que j’ai fait l’acquisition des compilations mais par manque de temps je n’ai pas pu. Peu importe, le récapitulatif des grandes lignes de la série est disponible dans les menus. Parfait pour se remémorer (ou apprendre) des éléments importants. Retrouver Sora, Donald et Dingo est un vrai plaisir, même après toutes ces années. Un peu comme cet ami d’enfance perdu de vue et qu’on recroise au détour d’une rue et avec qui on termine la soirée devant une pizza en se remémorant le bon vieux temps. Mais parfois ces retrouvailles ne se passent pas comme on le voudrait : silences gênés, blagues qui tombent à plat… On se rend compte alors que le temps a émoussé cette amitié et que les délires d’enfants n’ont plus le même impact. C’est un peu triste et on se quitte alors en sachant qu’il aurait peut-être mieux valu ne pas se retrouver. Et pour être honnête, c’est un peu mon ressenti devant ce Kingdom Hearts III dans lequel la joie a vite fait place à la déception.
Je commence par les choses qui fâchent : le gameplay notamment. Si je pouvais pardonner des défauts sur les premiers opus sur PlayStation 2, les revoir en 2019 sur Xbox One est tout bonnement inacceptable. Que penser de cette caméra par exemple qui fait n’importe quoi en combats ? C’est simple mais elle n’est jamais bien placée. Même le système de lock des ennemis ne permet pas une visibilité correcte de l’action tant le tout est fouillis. Parce que si l’action est trépidante, c’est un fait, ne pas comprendre ce qui se passe vraiment et se contenter de marteler le bouton d’attaque pour défoncer les Sans-Cœur à grands coups de Keyblade et ainsi gagner de l’expérience devient assez vite redondant et lourd. D’autant que beaucoup d’ennemis volent et si Sora et ses acolytes peuvent enchaîner les combos en l’air, l’action n’en devient que plus confuse puisque de retour au sol on ne sait même plus où regarder. C’est simple, en faisant mes premiers combats dans Kingdom Hearts III j’avais l’impression de me retrouver devant le premier épisode à l’époque de sa sortie. Et cela aurait pu être une excellente chose si toutes ces années écoulées n’avaient pas vu éclore des tas de titres qui corrigeaient tous ces défauts de caméra rendant ainsi obsolète le cœur du jeu.
Mais ce n’est pas tout, si j’ai apprécié l’idée de posséder des PC (Points de Compétence) pour pouvoir activer certaines techniques actives ou passives pour mes personnages, me rappelant ainsi le fabuleux système de magikholites de Final Fantasy IX, la plupart n’ont malheureusement pas un véritable effet visible. Alors bien sûr un nouveau combo est toujours le bienvenu mais y a-t-il vraiment une différence si on active plusieurs fois le mode attraction pour attirer monnaie et autres bulles d’énergie ou si on ne l’active qu’une seule fois ? Je suis plutôt sceptique je l’avoue. Et surtout, si le système en lui-même est intéressant il est au final plutôt limité puisque je n’ai jamais manqué de points pour pouvoir activer toutes les techniques en même temps. Dommage pour la profondeur du système. Même chose pour les différentes Keyblades. Les fans le savent, il s’agit de l’arme principale de Sora, le héros de cette saga. On en débloque toujours au fil du temps avec chacune leurs compétences spécifiques. Pour être honnête, vu qu’il suffit en général de bourriner ses adversaires j’ai gardé la première que j’ai débloqué puisqu’elle est centrée sur les capacités d’attaque. Point positif cependant, il est vrai que chaque arme possède une attaque ultime propre ainsi qu’une transformation attitrée. Selon votre manière de jouer peut-être serez-vous plus sensible à toutes ces armes différentes que je ne l’ai été. La possibilité également de faire évoluer ses Keyblades via l’atelier Mog est également un plus. Il faut évidemment trouver des matériaux disséminés çà et là dans les différents mondes et aligner des espèces sonnantes et trébuchantes mais l’idée est plaisante.
L’atelier Mog d’ailleurs, permet également de créer tout un tas d’objets et accessoires contre les bons matériaux. Cela permet, si on fouine un peu les mondes, d’obtenir assez rapidement un équipement « musclé » qui anéantit tout espoir de l’Organisation XIII de venir à bout de votre équipe. D’une manière générale, le jeu est également plutôt aisé (il est vrai, je vous l’accorde, j’ai mis le jeu en facile) mais ce n’est pas un mal tant il a été attendu pour son scénario. Et celui-ci, en tant que léger profane, ne m’a pas spécialement subjugué mais j’y reviendrai plus tard. Kingdom Hearts III propose de nombreux à-côtés pour augmenter la durée de vie du titre. L’atelier Mog comme je l’ai mentionné est une mine d’or pour celles et ceux qui aiment « farmer » de l’équipement et des objets mais ce n’est pas tout. De nombreux emblèmes Mickey sont cachés partout dans les différents mondes et il vous faudra les prendre en photo. Et si certains sont plutôt faciles à trouver, tous les découvrir vous prendra un temps fou. Sachez d’ailleurs qu’en découvrir un certain nombre vous débloquera une fin cachée. Autre activité chronophage : la cuisine. Le rat de Ratatouille tient un restaurant dans un des mondes (accessible ensuite via n’importe quel point de sauvegarde) et vous demande de dénicher des ingrédients pour créer des recettes. Ces recettes permettent ensuite, à l’instar de ce qui se fait dans les différents Tales of, d’octroyer des bonus à toute l’équipe pendant une durée limitée. Sympathique mais dispensable tant les bonus apportés restent à mon sens négligeables en pleine action.
Puisqu’on parle de nouveau des combats je me dois tout de même de spécifier qu’outre les coups de base, Sora et ses amis disposent d’une panoplie d’attaques vraiment sympathiques. Il y a bien évidemment la magie classique avec les sempiternels Brasier, Glace, Foudre… et leurs déclinaisons + et X (typiques des Final Fantasy). Les invocations sont également toujours de la partie mais sous une forme différente nommée cette fois-ci « Lien » et qui utilise la totalité de vos MP pour avoir l’aide de Simba ou encore Ralph par exemple. Dévastatrices, ces attaques sont à utiliser en dernier recours. La grosse nouveauté de cet épisode est sans aucun doute les Attractions. Inspirées des manèges de Disneyland et Disneyworld, ces techniques deviennent disponibles dès que vous touchez avec votre Keyblade un ennemi spécifique (entouré d’un marqueur vert qui ne reste que quelques secondes). A vous les joies du bateau pirate, des tasses ou encore du vaisseau spatial. Chaque attraction propose un gameplay spécifique. Le Caroussel par exemple invite le joueur à appuyer sur la touche d’action au bon moment à la manière d’un Guitar Hero alors que le vaisseau spatial vous permet de tirer des lasers en vue subjective. Très sympathiques, ces attaques spéciales sont également parfaites pour décimer les rangs ennemis. Rajoutez à tout cela les attaques spécifiques à notre trio de héros et vous obtiendrez le cocktail parfait pour défaire l’armée de Sans-cœur qui vous barre la route.
En plus de tout cela, notre Sora étant très agile et vif, il existe la possibilité de grimper à la verticale sur certaines surfaces (ces dernières scintillent pour vous l’indiquer) et cela permet au final au titre d’ajouter une toute autre dimension à ses mondes. La verticalité est en effet très souvent utilisée et si la critique concernant la taille des zones était récurrente sur les anciens opus, Kingdom Hearts III s’affranchit de cela et propose des mondes vraiment immenses. Alors attention, il ne s’agit pas d’open-world mais simplement de très grandes zones reliées entre elles par de minuscules chargements (bon parfois ils durent un peu c’est vrai). J’ai lu quelque part que Nomura avait dit qu’un seul niveau de Kingdom Hearts III était aussi grand que la totalité des mondes du premier volet. Si je ne lui donne pas tout à fait tort (vu la taille minuscule de certaines cartes à l’époque ce n’était pas un défi insurmontable), on est loin de vouloir sauter au plafond non plus. Les environnements sont certes magnifiques (j’y arrive) mais au final on n’a que peu d’interactions avec le décor, sauf lorsqu’on utilise à quelques endroits spécifiques le mode Agilité (hérité si je ne me trompe pas de Dream Drop Distance). Cette technique permet à Sora de se propulser sur des plateformes en hauteur pour grimper une falaise ou tourner par exemple autour d’un poteau pour éliminer plus facilement un groupe d’ennemis. Malheureusement cette feature, même si elle est très sympathique, n’apporte finalement pas grand-chose à mon sens. Mais si je viens de vous faire un récapitulatif de tout ce qui ne va pas pour moi dans le titre, tout n’est pas noir rassurez-vous !
Au niveau des réjouissances je suis obligé de mentionner la beauté du jeu. Kingdom Hearts III est magnifique et respecte totalement l’univers Disney et les œuvres qu’il emprunte. Les couleurs chatoyantes, les détails nombreux et les effets de lumière sont vraiment sublimes. Les animations ne sont pas en reste évidemment. Le contraire aurait été un comble. Petit bémol toutefois sur la fluidité du jeu qui en de rares moments surchargés (attaques multiples, ennemis nombreux…) n’est pas au top et impose quelques légères chutes de framerate. Le souci apparait sur Xbox One S mais peut-être qu’il n’existe pas sur Xbox One X ou PS4 Pro. Toujours est-il que jamais le défaut n’en devient rédhibitoire vous pouvez donc souffler. Côté ambiance sonore le joueur n’est pas en reste avec des bruits ambiants et des musiques excellentes et inspirées des œuvres dont elles sont tirées (le thème de Toy Story dans le monde attitré reste juste en tête toute la journée !). Dommage par contre que les doublages soient exclusivement en anglais. J’aurais vraiment apprécié le doublage français tant ceux de Disney sont en général au top. Malgré tout on s’y fait et on est littéralement plongé dans une œuvre estampillée Mickey.
Je vais maintenant revenir sur le point le plus important de l’existence de Kingdom Hearts III, son scénario. Les fans le savent, depuis le deuxième épisode, l’histoire globale de la saga est devenue extrêmement touffue et chaque épisode posait plus de questions qu’il n’apportait de réponses. La fameuse Organisation XIII, les Sans-Cœur, les Similis, les Keyblades et j’en passe. Si ce dernier volet répondra pratiquement à toutes les questions que les fans se posent depuis des années dans la dernière partie du jeu, il va mettre du temps à dévoiler son intérêt. En effet, et c’est là un défaut inhérent à la saga depuis ses débuts, le rythme est plutôt mou et on a parfois du mal à être impliqué dans certains dialogues tant les personnages semblent apathiques. On retrouve globalement souvent le même schéma : Sora et ses amis arrivent dans un monde > Les Sans-Cœur/Similis attaquent les habitants > le groupe rencontre et aide alors les habitants > un membre de l’Organisation XIII débarque, raconte quelques inepties et s’en va sans que quiconque cherche à l’en empêcher > le groupe explore la totalité du monde pour aider ses habitants > un Boss vient entraver l’accomplissement de leur objectif > le groupe part pour trouver un autre monde à explorer. Cela devient du coup très vite redondant et on est plus vraiment surpris de rien. Ce qui est fort dommage.
Sora a perdu ses pouvoirs au début du jeu et il doit impérativement retrouver celui de l’éveil. Pour cela il vagabonde de mondes en mondes pour tenter de le récupérer. Sauf que si le but de la quête est louable, son exécution n’est pas très logique. En effet, Sora se laisse porter au petit bonheur la chance dans différents niveaux sans qu’il y ait véritablement de fil conducteur qui le guide. Je trouve cela assez dérangeant, surtout que dans le tout premier opus, son voyage était fait pour fermer les portes des mondes avec sa Keyblade pour éviter qu’ils n’interagissent entre eux puisque chaque monde ignore l’existence des autres. Ici non. Sora et ses amis se baladent et affrontent l’Organisation XIII et ses sbires de manière régulière sans qu’aucune raison ne soit vraiment donnée sur le choix du monde visité (sauf pour le premier) ce qui remettrait presque en cause l’existence même de la Keyblade et son utilité. A côté de cela on suit en parallèle les aventures de Riku et Mickey qui sont à la recherche d’un ancien maitre de la Keyblade : Aqua (personnage de l’épisode Birth by Sleep). Et on a même droit régulièrement à des scènes au sein de l’Organisation XIII pour nous dévoiler un peu leurs plans. Pour le joueur lambda, toute cette parlotte (parfois pour peu de choses) est synonyme d’ennui mais pour le fan absolu de la saga c’est du pain béni. Je n’en dévoilerai pas plus sur le scénario pour éviter de vous spoiler par inadvertance mais sachez que le scénario ne se dévoile vraiment que vers la fin, avec de nombreuses révélations.
Conclusion
Au final que penser de ce Kingdom Hearts III ? Et bien tout dépend dans quelle catégorie vous vous situez. Si vous faites partie des fans absolus de la licence alors vous ne serez pas déçus. Toutes vos questions (ou presque) trouveront enfin leurs réponses et le titre est incroyablement fidèle à l’esprit de la saga initiée il y a plus de 15 ans. Mon bilan est plus mitigé si vous faites partie des personnes qui aiment bien mais sans plus et qui étaient intriguées par les potentielles évolutions. Le jeu se repose clairement sur ses acquis et même si certaines choses ont su évoluer (grandeur des maps, réponses aux questions…), la flemme a été de mise pour la grande majorité du titre (caméra aux fraises, absence du Colisée, voyages en vaisseau Gummi soporifiques…) et c’est fort dommage. En clair, à la différence de Final Fantasy XV qui permettait l’ouverture de la saga à un plus large public, Kingdom Hearts III, lui, prend le chemin inverse et s’enferme dans un carcan qui ne parlera au final qu’aux fans purs et durs. Loin d’être un mauvais jeu, Kingdom Hearts III s’est simplement trop reposé sur ses lauriers et n’a pas su prendre de risques. Un jeu somme toute passable pour les uns, et divin pour les autres. A vous de choisir votre camp.
Graphismes: | |
Gameplay: | |
Bande-son: | |
Durée de vie: | |
Note finale: | |
Pour les fans: |
*Ce test a été réalisé à partir d’un code de téléchargement Xbox One gracieusement fourni par Square Enix que nous remercions chaleureusement.*
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