Qu’on le veuille ou non, on ne peut pas nier l’omniprésence et l’importance dans le paysage vidéo ludique du Xbox Game Pass. Adulé par les uns, honni par les autres, le service de jeu de Microsoft ne laisse personne indifférent. Mais qu’en est-il réellement ? La firme au grand X mène-t-elle le jeu vidéo dans le mur ? Tentative de début de réponse tout de suite.
Xbox Game Pass : coup de génie ou imposture ?
Lors de son lancement en juin 2017 (il y a déjà presque 5 ans tout de même !) l’idée fut accueillie plutôt timidement par les joueurs. Il faut admettre que même si la proposition était intéressante (payer un abonnement mensuel pour profiter gratuitement d’un catalogue d’une centaine de jeux plus ou moins récents), les gros titres disponibles ne se bousculaient pas forcément au portillon. Mais petit à petit, Microsoft a su l’étoffer avec des jeux plus « mainstream » et ainsi gagner la confiance des joueurs. Si comme pour Netflix et son service de vidéo à la demande, on ne sait pas combien de temps les jeux vont rester, ils restent suffisamment longtemps pour arriver à percer un peu. Il faut dire que le service est une superbe vitrine pour de nombreux jeux indés ou plus confidentiels que les AAA. Pour ma part j’ai découvert de nombreux titres que je n’aurai sans doute jamais connus sans être abonné. Je pense par exemple à Call of the Sea, Haven, Raji ou encore Deliver us the moon. Et ce ne sont pas les seuls évidemment. Je pense que c’est vraiment l’atout et l’intérêt du Xbox Game Pass, faire découvrir des jeux souvent noyés dans la masse de gros titres qui sortent chaque mois. Mais ce n’est pas tout.
Une autre fonction du service est de titiller la fibre nostalgique. En effet, j’ai pu (re)faire des jeux comme Final Fantasy VII ou IX par exemple lors de leur arrivée. On trouve ainsi pas mal de jeux Xbox ou Xbox 360 dans le lot. D’autant que comparé à ses débuts, la liste a bien grandi et c’est dorénavant près de 300 jeux qui sont disponibles. Il faut dire qu’en plus de la version consoles, le Xbox Game Pass existe depuis quelques temps dans sa version PC. Si on pouvait douter de la pertinence de la proposition, voir des titres comme Age of Empires débarquer dessus est un pur plaisir. Ainsi, avec le temps et un prix abordable (pour seulement 13€ par mois on accède à la version Ultimate qui regroupe les versions PC et consoles ainsi que l’abonnement au Xbox Live Gold), le Xbox Game Pass a commencé à percer pour se faire accepter. Surtout que depuis un moment également, le service EA Play est inclus dans l’abonnement sans frais supplémentaire ! N’étant pas féru de simulations sportives je fais clairement l’impasse sur les itérations de Fifa et autres NHL mais je dois admettre que la présence de Dead Space, Burnout Paradise ou Mass Effect a une saveur toute particulière. Un excellent bonus pour les abonnés à mon sens.
Mais si titiller la nostalgie c’est bien, proposer des exclusivités c’est mieux. Et cela, la firme de Redmond l’a bien compris. Il faut dire que la concurrence de Sony avec son PlayStation Now pouvait à terme leur voler des parts de marché. C’est pourquoi un jour Microsoft à enfoncé le clou en déclarant que tous les jeux issus de leurs studios se retrouveraient sur le Xbox Game Pass le jour de leur sortie et sans limite de temps. Une annonce qui avait fait l’effet d’une bombe tant les ramifications économiques étaient importantes pour les joueurs. Imaginez, pour le prix annuel de deux jeux neufs, vous avez accès « gratuitement » (j’insiste sur les guillemets) à tous les titres maisons de Microsoft le jour de leur sortie en magasin. J’avoue que j’avais été bluffé alors même que le constructeur ne possédait pas des milliers de studios à ce moment là. Un peu plus tard, pour attirer plus de joueurs, ils ont même réussi à nouer de jolies relations avec certains gros éditeurs japonais afin d’inclure leur catalogue dans le service. Je pense par exemple à Sega avec sa série des Yakuza (ce qui m’a permis de faire les épisodes 0 et 6 dès leur intégration), Square Enix (et ses Final Fantasy et également l’excellent Dragon Quest XI) ou encore Bandai Namco (Soul Calibur, Jump Force, Code Vein ou le dernier gros titre en date : Scarlet Nexus).
Mais un service comme celui de Microsoft ne vaut rien sans des vraies exclusivités et le constructeur l’a très bien compris. C’est pourquoi depuis quelques années, pour renforcer son catalogue interne, la firme a multiplié les rachats de studios. Le dernier en date, Activision-Blizzard, a d’ailleurs jeté un pavé dans la mare. Certains crient au scandale et à la non-concurrence mais je ne suis pas de cet avis personnellement. Certes, il aurait été impossible à un Sony ou un Nintendo de faire un tel achat, seul le pouvoir financier d’une entreprise comme Microsoft était suffisant. Mais d’un autre côté personne ne crie au loup quand des exclusivités sur des titres attendus par tous les joueurs sont signées pour une seule machine (coucou Final Fantasy VII Remake et Final Fantasy XVI pour ne citer qu’eux). Alors certes, l’idée est différente mais au final c’est l’argent qui a servi à cela. En quoi la politique de Microsoft est plus condamnable alors qu’ils ont précisé que certains des titres (Call of Duty en tête) seront toujours multi plateforme ? J’y vois plus une tentative d’augmenter la valeur de leur catalogue de jeux internes et c’est ma foi une excellente chose (surtout si, croisons les doigts, on a droit à l’excellent World of Warcraft dans l’abonnement du Xbox Game Pass sans frais supplémentaire).
La vraie question qu’on peut se poser c’est : « Le service ne met-il pas en danger la manière de consommer du jeu vidéo ? ». Et elle est légitime. Il est clair qu’à titre personnel j’ai déjà commencé à jouer différemment. Sans être devenu un « boulimique du jeu » je me permet de lancer des titres sans les finir si je n’adhère pas trop, là où auparavant je mettais un point d’honneur à finir les jeux que j’avais payé. Je me suis rendu compte au final que ce n’est pas mieux puisque je perdais en plaisir de jeu. J’ai depuis décidé de ne jouer que pour le plaisir même si je ne devais plus finir les jeux que je lançais. Est-ce que pour autant j’achète moins de jeux ? Pas vraiment. Et c’est d’ailleurs là je pense la force du service, arriver à proposer une liste incroyable de jeux à tout le monde mais que chacun continue de mettre la main au portefeuille. Ingénieux. Pour répondre à la question d’origine je ne crois pas que l’existence du Xbox Game Pass soit un danger pour le jeu vidéo. Il est certain que les vieux de la vieille comme moi (coucou les 40 ans qui approchent à grands pas) regretteront le bon vieux temps où on achetait les jeux et qu’on les conservait sur son étagère mais il ne faut pas se voiler la face, l’avenir passera par le cloud et autres possibilités en ligne. De moins en moins de gens téléchargent de la musique ou des films parce que Netflix, Prime Video, Deezer et autres compagnies se sont installées dans les mœurs et les foyers pour le streaming. Et Microsoft en est pleinement conscient. Je crois que l’objectif de la firme est de permettre à son service d’être présent partout, même sur les consoles concurrentes. En soi l’idée n’est clairement pas mauvaise je dois bien l’admettre. Parce que je peux le dire mais si demain on peut jouer à Forza ou Halo chez PlayStation moi je signe de suite !
Conclusion
Qu’on aime ou pas le concept il faut reconnaître que qu’il ne cesse de prendre de l’ampleur. A titre personnel je suis abonné depuis quasiment le début du service et jamais je n’ai regretté. D’autant que ma femme en profite sur son PC pour jouer à tous les STR qui sont disponibles. Je ne saurai pas dire si l’avenir est le Xbox Game Pass mais clairement il y a sa place et même ses détracteurs ne pourront le faire tomber vu comme il est bien lancé. Il va falloir vivre avec ce concept au même titre que nous avons accepté les installations de nos jeux, les mises à jour et autres DLC envahissants et à mon sens plus nocifs pour le plaisir de jeu que ne peut l’être le Xbox Game Pass.
Et vous, vous êtes abonnés ? L’avez-vous essayé ? Qu’en pensez-vous ?
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