Dire que Final Fantasy VII Remake était attendu est un doux euphémisme. Je dois bien l’avouer, je fais partie de ceux qui bavent depuis l’E3 2015 où ce dernier a été (enfin !) officialisé. Mais en vérité, était-ce une si bonne idée que de toucher à un titre qui a marqué toute une génération de joueurs/euses ? Square Enix ne prenait-il pas un risque dingue en essayant de moderniser un jeu aussi abouti de base ? Surtout en ne pouvant proposer qu’une infime partie de l’aventure ? Peut être. Mais laissez-moi vous expliquer pourquoi Final Fantasy VII Remake est un chef d’œuvre malgré ses défauts…
Final Fantasy VII Remake : Le retour du roi
Une claque graphique (presque)…
S’il y a un aspect de Final Fantasy VII qui a été critiqué en 1997 c’est bien son orientation graphique. L’aspect SD des personnages et le manque de finesse et de détails sur ces derniers contrebalançaient fortement avec l’aspect chiadé (certes en 2D précalculée) des décors. Même les modèles 3D des combats étaient somme toute bien plus aboutis. C’est pourquoi Square Enix se devait de proposer en 2020 un jeu à la qualité graphique incroyable. Et c’est presque le cas. Pourquoi presque ? Parce que si les personnages principaux sont détaillés de belle manière (sans mentir le niveau de finition est vraiment incroyable), il n’en est pas de même pour tout le reste. Bien sûr, les monstres et certains décors sont somptueux. Mais que dire alors de ces quelques PNJ random beaucoup moins détaillés qui font tâche surtout lorsqu’ils donnent des quêtes… Et ne parlons pas de certaines textures absolument atroces. Il y a même un moment où le fond de l’image est un JPEG basse résolution. Honteux si je puis dire. D’autant qu’il faut bien l’avouer je ne suis pas quelqu’un d’extrêmement regardant sur les graphismes. Si un coin obscur du décor possède des textures un peu crades ça ne me gêne pas, mais si on me montre cet endroit lors d’une cinématique en insistant dessus alors là oui je me sens en droit de m’insurger. Mais rassurez-vous tout de même, globalement, Final Fantasy VII Remake fait partie du haut du panier de la PS4.
A(justements) T(rès) B(ons)
Ayant fini le jeu d’origine plus d’une trentaine de fois (oui je suis dingue) je peux difficilement ne pas avouer que j’adore le système de combat. La jauge ATB est une merveille de technicité et je vous l’avoue, j’avais peur que Final Fantasy VII Remake ne tombe dans le « tout-action » au détriment de la stratégie. J’avais complètement tort. C’est pour moi la vraie performance du jeu, d’arriver à proposer un système de combat inspiré de l’excellent Final Fantasy XV pour son côté nerveux tout en respectant les codes du titre de 1997. L’idée de semi-pause est excellente et permet vraiment de faire ce que l’on désire. Concrètement, chaque personnage dispose d’attaques standards peu puissantes qui ne servent en fait globablement qu’à remplir les barres ATB. Une fois ces dernières remplies on peut les utiliser pour lancer des attaques puissantes via le menu compétences ou bien utiliser une magie voir un objet selon la situation. Il est également possible d’attribuer des raccourcis via une combinaison de touche pour rester dans la nervosité du combat si on le souhaite. Ouvrir le menu commande (via la touche ) permet de mettre le jeu en stase temporaire, l’action se déroule ainsi au ralenti et permet de choisir ses futures actions avec précision. De même, on peut basculer d’un personnage à l’autre instantanément grâce à une flèche du pad directionnel. Ingénieux. Je trouve personnellement que même si les joutes sont parfois un peu fouillies (notamment à cause de trop d’effets à l’écran) elles sont un modèle du genre. Arriver à combiner nervosité et technicité à un si haut niveau de prise en main relève du génie.
Mais les combats ne font pas tout, ce qui compte dans un JRPG c’est aussi le système d’évolution des personnages. Et le titre de 1997 faisait déjà très fort avec les matérias. Rassurez-vous, ici le système existe toujours mais a été réadapté pour le nouveau gameplay. Chaque arme et armure (à de rares exceptions près) possèdent des emplacements vides dans lesquels vous pourrez mettre une matéria. Il s’agit en fait d’une pierre magique qui permet de lancer un sort (feu, glace, foudre, poison…), d’obtenir une nouvelle compétence en combat (analyse, vol…) voir de booster les effets d’une matéria en l’associant avec une autre (aire d’effet plus grande, ajout de l’élément à l’attaque…). Et bien sûr, il existe des matérias d’invocation. Ces dernières, au contraire du jeu d’origine, ne peuvent pas être cumulées sur un seul personnage. Chaque arme ne dispose que d’un seul emplacement pour une matéria d’invocation. A vous donc de bien choisir lesquelles vous associez. D’ailleurs, gros bémol, les invocations, si elles sont classes et surpuissantes, ne peuvent pas être utilisées n’importe quand. Dans certains combats (contre des Boss en général), une jauge d’invocation va augmenter progressivement, quand elle sera à son maximum, vous pourrez invoquer l’un de vos Espers. Final Fantasy VII Remake propose également un système d’évolution des matérias puisque chaque ennemi vaincu vous octroiera des PC qui feront progressivement augmenter de niveau vos précieuses pierres. A force d’augmenter elles vous donneront accès à des pouvoirs plus puissants (Extra-feu, Méga-soin…). Dommage toutefois qu’une matéria niveau maître ne crée pas automatiquement la même matéria au niveau 0 comme c’était le cas à l’époque.
À côté de cela le gros point d’évolution pour vos personnages, outre leur niveau, est lié à leur équipement. Comme dans tout bon JRPG on trouve/achète de nouvelles armes/armures pour ses personnages mais ici on peut faire évoluer les armes et débloquer ainsi des bonus pour nos héros. À chaque niveau gagné, on obtient donc des PA que l’on pourra dépenser dans un menu bien spécifique. Vous vous souvenez des cristariums dans Final Fantasy XIII ? Le principe est le même en beaucoup plus basique. On a le choix entre différents types de bonus sur plusieurs noyaux différents (chaque noyau contient ses propres caractéristiques pour un certain nombre de points demandés). Évidemment, plus la compétence requise est puissante, plus le nombre de PA demandés est élevé. L’avantage c’est qu’on peut vraiment personnaliser son armement comme on le souhaite (par exemple privilégier l’attaque physique au lieu de l’attaque magique). Ne vous attendez pas non plus à des choix de dingue mais l’idée est là et au final est plutôt appréciable. À savoir, les PA acquis par vos personnages ne sont pas combinés. C’est-à-dire que si au total vous devez avoir 150 points, ce sera par arme et non en tout. Ce qui fait que même les armes de base peuvent à la fin être intéressantes si vous les faites évoluer de la bonne manière. Autre capacité des armes : une technique spéciale. Chaque arme recèle en effet une technique spéciale que le personnage pourra apprendre à force de l’utiliser. Intérêt ? Pouvoir l’utiliser même en ayant une arme différente équipée ! Et croyez-moi, la plupart de ces techniques sont primordiales pour survivre en combat.
Prise de risques
Je n’ai pas encore mentionné le scénario du jeu et pour une simple raison : je ne souhaite pas spoiler. Toutefois, je me dois quand même de vous expliquer ce qu’il en est pour les personnes qui n’auraient jamais fait le jeu d’origine. On incarne Cloud, un ex-SOLDAT devenu mercenaire qui va s’allier au groupuscule Avalanche qui tente, par le biais d’actions terroristes, de forcer la Shinra (compagnie qui dirige la ville de Midgar) à renoncer à exploiter l’énergie Mako, qu’Avalanche considère comme le sang de la planète. Ce n’est évidemment que le début d’une longue aventure et ce Final Fantasy VII Remake suivra l’épopée jusqu’à la sortie du groupe de Midgar. Pour celles et ceux qui l’ignorent, il s’agit d’une infime partie du jeu de 1997 puisqu’en sortant de la ville, le joueur avait ainsi accès la mappemonde et découvrait que l’univers cloisonné de cette ville polluée n’était en fait qu’un tout petit bout de l’aventure qui l’attendait. Ici, pour justifier le fait de stopper le jeu à ce moment-là, Square Enix a préféré développer beaucoup de personnages secondaires qui autrefois ne faisaient en fait qu’une simple apparition. Je pense bien évidemment au trio d’amis d’Avalanche. Mais pas que. Un énorme effort a été fait pour densifier et crédibiliser la vie dans les taudis. Alors certes, pas mal de personnages croisés restent de simples « PNJ random » mais les quartiers sont désormais bien plus animés et vivants. L’ajout de quêtes annexes est également un vrai plus (ceci pour le coup totalement justifié par le statut de mercenaire de Cloud) et même si ces dernières ne sont pas forcément épiques, elles ont au moins le mérite de nous faire parcourir des zones qu’on avait jamais vu avant !
D’ailleurs je dois l’avouer, si je suis un peu déçu au final de ne pas pouvoir explorer pleinement Midgar (le jeu était en ligne droite, dans la lignée de l’opus originel), les environnements traversés sont variés et j’ai vraiment pris plaisir à les (re)découvrir. Dommage qu’une seule partie du jeu nous permette de visiter les « hauts de Midgar » puisque c’est déjà un des gros reproches que j’avais fait au jeu de 1997. Toutefois le titre fait de son mieux pour nous montrer la démesure de la cité dirigée par la Shinra. Au final, à mon sens, le plus gros défaut de Final Fantasy VII Remake est situé dans les nouveaux pans de scénario. Comme cela est une partie intégrante de la découverte je vais vous cacher la suite et vous laisser le choix de lire ou non.
.…pas toujours réussies !
Au rayon des autres défauts je vais mentionner le fait que les équipiers sont malheureusement très passifs (leur jauge ATB se remplissant très lentement). Alors je sais, Final Fantasy VII Remake est fait pour que le joueur change de personnage à la volée tout le temps. Sauf que souvent ça ne fonctionne pas très bien si on est obligé de faire monter soi-même la jauge avec tous les personnages. Dans la majorité des combats ce n’est pas bien grave mais cela devient vite une sinécure dans les combats de Boss dans lesquels il faut user et abuser des compétences et magies pour exploiter les points faibles de ces derniers. Un peu dommage car comme je le disais précédemment, je trouve que Square Enix a trouvé un bon compromis pour respecter à la fois le titre de 1997 et la modernité qu’on attend d’un jeu en 2020. Pareil pour les différentes quêtes annexes pas toujours palpitantes et qui semblent parfois se rajouter pour simplement donner du contenu. Quant aux différents mini-jeux disponibles, ils sont plutôt agréables à prendre en main et fun même si celui du jeu de rythme est très difficile parce qu’on ne voit qu’au dernier moment quand appuyer sur la touche. Dommage car l’idée était sympathique.
Autre défaut à pointer du doigt selon moi et déjà évoqué plus tôt, le manque de finition de certains décors/personnages. Voir un JPEG mal décompressé en guise de fond je trouve que clairement ça la fout un peu mal et même si ce n’est pas régulier ça reste un défaut de taille. Un des défauts majeurs du jeu est bien sûr le fait que le titre ne couvre que la partie Midgar ! Il était sans doute futile d’espérer plus mais j’espère ne pas avoir à attendre de nouveau cinq longues années pour avoir l’épisode deux. Cela renforce le sentiment de ligne droite du jeu alors qu’il y avait sans doute moyen de proposer quelque chose de plus ouvert. Quant à la dernière chose que je peux reprocher au titre c’est son doublage français. Je vais sûrement me mettre des gens à dos mais quand je vois la qualité de celui de Final Fantasy XV et celle de ce remake j’avoue l’avoir en travers de la gorge. Passages surjoués, manque de conviction, personnages rendus insupportables. Pourtant j’ai essayé hein ! Mais rien à faire je n’y arrivais pas alors que j’ai passé 60 heures avec Noctis en français. Là j’ai dû mettre les voix japonaises à mon sens clairement mieux réussies mais ici ce sera une affaire de goût avant tout. Par contre mention spéciale à l’OST qui est à mon sens une merveille. Les reorchestrations sont sublimes et les remakes des différents thèmes d’origines sont incroyables.
Conclusion
En résumé, pour moi, Final Fantasy VII Remake est un excellent jeu et un superbe remake. L’exercice n’était pas simple et pourtant Square Enix l’a réussi avec brio. Alors certes, le jeu a ses défauts (finition parfois hasardeuse, équipiers en combats pas hyper présents, doublage français…) mais ces derniers sont contrebalancés par ses nombreuses qualités (graphismes incroyables, combats nerveux, système d’expérience intéressant…). En tout cas, à mon sens, rien n’est assez raté pour que je vous recommande de passer à côté. Et là où le titre fait fort, c’est qu’on peut l’apprécier qu’on soit fan du jeu de 1997 ou non. Même si on ne le connaît pas du tout on peut arriver à se plonger dans cette aventure. Evidemment, la suite devra gommer ces quelques défauts (comme ces quêtes annexes souvent insipides) mais si on reste sur ce niveau de qualité je crois qu’on ne sera pas déçus. En clair, fans ou pas du jeu de base, essayez-le. D’autant qu’une démo est disponible sur le PlayStation Store, ainsi vous aurez un bel aperçu de ce que propose le titre. L’année n’est pas terminée mais je sens que je tiens déjà mon GOTY moi…
- Critique de The Legend of Zelda – Echoes of Wisdom [Switch] - 23 novembre 2024
- [20 Years Back] Le jeu du mois – Novembre 2004 : Tales of Symphonia [GC] - 16 novembre 2024
- Test de Ys X: Nordics [PS5] - 17 octobre 2024
Oh, je trouve ton test incroyable, surtout quand tu parles d’aspects techniques ou du gameplay. De plus, dans l’ensemble, je suis pas mal d’accord avec toi !
Merci pour ce super commentaire ça me touche beaucoup ! Je suis content si la critique t’a plu et de voir qu’on est globalement d’accord en plus ! Merci de m’avoir lu et d’avoir pris le temps de laisser un commentaire.