Les jeux de farming ont le vent en poupe depuis des années. En effet, entre les Harvest Moon, Rune Factory et autres Stardew Valley les joueurs ont le choix. Et je dois l’avouer ce n’est pas forcément mon type de jeu favori (au contraire de ma femme qui a dépassé les centaines d’heures à cultiver sa ferme dans Stardew Valley) mais Square Enix a eu l’idée de mixer le genre avec ce qu’il maîtrise le mieux : le JRPG. J’étais donc plus qu’intrigué par l’arrivée de cet Harvestella et j’avais hâte de mettre la main dessus. Petit retour d’expérience.
Harvestella ou le melting-pot japonais
Amnésie et brume
Le jeu commence par la création de son personnage et si la possibilité de choisir son sexe (homme/femme ou même non-binaire) et son apparence est appréciable (même si l’éditeur est extrêmement limité) on sait d’emblée que l’on va sûrement avoir droit au cliché du héros (ou pour ma part héroïne) amnésique. Et ça ne coupe pas. Le début du jeu nous montre notre personnage complètement perdu dans un village où les habitants sont enfermés chez eux à cause du Quietus, une sorte de brume maléfique à laquelle vous êtes apparemment insensible. Une mystérieuse jeune fille nous guide dans nos premiers pas et disparaît. Nous sommes ensuite accueilli par Cres, femme médecin du village de Lethé à côté duquel nous nous trouvons. Comme les habitants nous prennent pour un Augure nous héritons d’une petite maison en dehors de la ville en attendant que nous puissions nous remettre en forme. Très rapidement Cres nous enseigne les bases de la culture, qui sera une composante du gameplay de ce Harvestella. Le cristal géant en dehors du village régit les saisons (Lumicycles) et on comprend vite que le temps aura son importance sur le reste du gameplay.
« J’ai pas le temps… » – Faf Larage (2006)
En effet, à la manière d’un Atelier, la série phare de Gust, Harvestella fait du temps qui passe une contrainte. Que vous fassiez ou non quelque chose il s’écoulera, en sachant que certaines actions (réparer une échelle, fabriquer un objet…) prendront également du temps. Il faudra donc jongler avec ce timer pour faire tout ce que vous souhaitez sur une journée car planter des graines, les arroser, combattre des monstres et se balader dans le monde (entre autres) sont des activités très chronophages et la fin de la journée arrive vite. Votre personnage ira automatiquement se coucher à minuit. Il faut donc être organisé pour optimiser au maximum ses journées, d’autant qu’en plus de tout cela, la composante JRPG du titre vous poussera à avancer dans l’histoire en vous rendant dans différents lieux même si au départ l’histoire est assez prévisible, de bonnes surprises attendent le joueur qui sait se montrer patient. Dans tous les cas, comme dans beaucoup de jeux de ce type, on regrette vite que le temps passe si vite tant on a des choses à faire (comment ça j’ai passé des journées à pêcher au lieu d’avancer dans l’histoire ?) !
Ici pas d’argent en tuant des ennemis, pour en gagner il faudra vendre ses récoltes et autres objets (fabriqués ou non). Un système qui pousse à bien s’occuper de sa ferme. En effet, si on est tenté d’avancer rapidement dans l’histoire, on se rend compte que pour faire évoluer son équipement il faudra de l’argent. Tout est parfaitement rôdé. Evidemment, notre espace de récolte est clairement minimaliste au début avant de grandir de manière plus importante. On aura même du bétail par la suite. Là où Harvestella est intelligent c’est que le joueur a sans cesse quelque chose à faire, en plus d’avoir envie d’avancer dans le scénario principal qui sait titiller la curiosité malgré quelques poncifs inévitables de ce type de jeu. Il n’est pas rare de passer plusieurs jours de suite à récolter, pêcher et « farmer » quelques monstres et ressources plutôt que d’avancer dans l’histoire. L’aspect « craft d’objets », disponible rapidement, est également chronophage pour les habitués du genre mais se paie le luxe d’être bien plus accessible et facile que dans un My Time at Portia par exemple qui vous oblige à faire de multiples fabrications avant d’obtenir la recette de l’objet désiré. Un bon point pour les joueurs novices du genre comme moi.
Multi-facettes
Mais si l’aspect « farming » est essentiel, le jeu de Square Enix n’oublie pas l’aspect combat. Malheureusement il est moins palpitant qu’il ne devrait l’être. En effet, si l’idée de débloquer de multiples classes avec chacune ses propres techniques est sympathique et bien amenée, les joutes en elles-mêmes ne sont pas vraiment prenantes. C’est dommage car même si le bestiaire n’est pas extrêmement varié, les affinités élémentaires avec lesquelles il faut jouer pour faire plus de dégâts rajoutent du piment et un peu de tactique. En soi, les combats ne sont pas trop difficiles même si certains peuvent proposer du challenge. Au final, le système de combat en lui-même est assez mal fait et est pour moi le vrai point noir de cet Harvestella. En effet, il est impossible d’esquiver ou de se protéger, du coup on attaque un peu, on recule et on recommence. J’aurai vraiment apprécié une possibilité d’esquiver ou même de contrer les attaques ennemies, les combats n’en auraient été que plus agréables. C’est vraiment dommage car il y avait vraiment matière à proposer quelque chose d’abouti ! Néanmoins on prend plaisir à arpenter les différents niveaux épée à la main et c’est bien l’essentiel.
Technique à la hauteur
Si le gameplay laissera les joueurs divisés, l’aspect technique du titre est quant à lui plutôt réussi. Pour un titre de ce genre, les graphismes et la direction artistique sont clairement au dessus de la moyenne. Certes, on pourra pester devant le manque de vie des PNJ ou de la petitesse des différentes zones traversées (un peu comme dans un Atelier finalement). De même que l’absence de doublage intégral est un peu dommageable pour l’ambiance (alors que la plupart des thèmes sont eux vraiment agréables). Malgré cela, par rapport à ce qui se fait habituellement dans ce genre de jeux, on est clairement dans le haut du panier. Ne vous attendez pas non plus à un AAA (nous ne sommes pas sur un Final Fantasy VII Remake) mais le jeu est plutôt réussi sur cet aspect-là et donne vraiment envie de découvrir les différents environnements. A noter toutefois que j’ai eu quelques soucis lors de la configuration du jeu. En effet, lorsque j’arrivais au point où je pouvais diriger mon personnage, la caméra partait vers le ciel et impossible d’y remédier. J’ai tenté de jouer à la manette (Xbox One) et au combo clavier/souris mais rien n’y a fait. Pour arriver à jouer j’ai dû désactiver l’overlay Steam. Aucune idée de si le souci apparaitra chez quelqu’un d’autre mais c’est la seule solution que j’ai pu trouver (ce qui explique que je n’ai malheureusement pas pu prendre mes propres screenshots…).
Conclusion
Harvestella souffle malheureusement le chaud et le froid. Il mélange beaucoup de genres mais n’arrive pas à exceller dans un seul et se contente d’être au mieux moyen, au pire passable (les combats). Malgré cela et ses quelques défauts, on a envie de l’apprécier, ne serait-ce que parce que son scénario nous donne envie d’en savoir plus, que l’on se plait à cultiver ses terres et que l’aspect graphique du jeu est lui vraiment agréable. En clair, le jeu de Square Enix n’aura pas le titre de GOTY mais pourra clairement amuser les fans du genre pendant quelques dizaines d’heures. A noter qu’une démo du jeu est disponible et vous permettra de vous faire un avis plus complet sur ce que vous pourriez aimer ou non dans le jeu.
*Le jeu a été testé sur PC via une version Steam gracieusement fournie par l’éditeur que nous remercions chaleureusement*
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