Il y a une saga qui fait son petit bonhomme de chemin depuis son apparition sur PlayStation 2, il s’agit de la série des Atelier. Depuis toujours dédiés aux consoles de Sony, le dernier épisode en date, Atelier Lydie & Suelle, fait des infidélités au constructeur puisqu’il sort également, conjointement aux versions PlayStation 4 et PlayStation Vita sur la Switch de Nintendo. Une première pour la firme de Kyoto qui accueille un JRPG de plus. Mais ce portage était-il une vraie bonne idée ?
Atelier Lydie & Suelle : Mauvaise alchimie sur Switch ?
Un univers (trop ?) kawaï
Ce nouvel opus de la saga, sous-titré The Alchemists and the Mysterious Paintings, propose au joueur d’incarner deux héroïnes : Lydie et sa sœur jumelle Suelle. Si elles se ressemblent physiquement, leurs caractères sont assez éloignés, de même que leur style de combat. La plus réservée Lydie se bat avec un bâton et est plutôt un personnage défensif, alors qu’au contraire la pétillante Suelle (Sue pour les intimes) affrontera ses ennemis avec deux revolvers. Les deux sœurs ont pour but dans la vie, suite à une promesse faite à leur mère disparue, de faire de leur atelier d’alchimie le plus célèbre du pays. Une grande ambition, notamment parce que les deux jeunes filles ne sont pas encore des alchimistes chevronnées. De plus, leur atelier n’est pas au mieux de sa forme tant elles peinent à joindre les deux bouts, à cause principalement de leur père, Roger, peintre à ses heures perdues qui dilapide l’argent du foyer pour s’acheter de quoi assouvir sa passion. Les filles croiseront ainsi la route de nombreux personnages hauts en couleurs dans la pure tradition de la saga qui les aideront (ou pas) à devenir les meilleures alchimistes du pays de Merveille. Là où l’opus se différencie de ses prédécesseurs c’est que les deux sœurs vont être amenées à visiter l’intérieur de différents tableaux tout au long de l’aventure, ce qui donnera l’occasion de découvrir des lieux variés et très différents de par leur orientation graphique. Les images qui ornent ce test parlent d’elles-mêmes mais force est de constater que le jeu est graphiquement très « kawai » avec ce côté haut en couleur et ses personnages très stylisés. On est loin de l’aspect graphique des autres grandes séries de RPG (Final Fantasy en tête). Vous voilà donc averti, la série possède un charme particulier et il vous y faudra adhérer totalement pour apprécier le jeu.
L’alchimie au centre de tout
Vous vous en doutez sûrement mais l’alchimie joue un rôle central à la fois dans le scénario mais aussi dans le gameplay d’Atelier Lydie & Suelle. Les bonnes idées des anciens volets comme Atelier Sophie ou Shallie sont toujours de la partie comme les éléments pour l’alchimie classés par type pour se repérer plus facilement. Par exemple dans la famille pierre on a la simple pierre de base mais également les pierres précieuses. Et cela permet de fabriquer des objets de manière plus intuitive. De même, un simple coup d’œil sur la liste d’objets à créer et on sait immédiatement lesquels sont faisables de suite ou non grâce à un système d’icônes. Un Rond indique qu’on peut fabriquer l’objet, un Trait indique que l’on ne peut pas fabriquer l’objet car notre niveau d’alchimie est trop bas et une Croix indique que l’on ne dispose pas d’assez de matériau pour le fabriquer. Simple et efficace. A savoir, pour fabriquer un objet grâce à l’alchimie, vous devez combiner plusieurs matériaux de différentes qualités (cette dernière est définie aléatoirement quand vous ramassez le matériau en question). Vous avez accès à une sorte de damier et différents éléments qui peuvent composer un objet (feu, terre etc). Remplir les jauges correspondantes avec les objets adaptés débloque des compétences spéciales pour l’objet fabriqué. Il faut placer sur le damier les bonnes combinaisons pour tirer le maximum de chaque matériau utilisé. Dit comme ça ça a l’air compliqué mais rassurez-vous, le tout est vraiment très instinctif et on comprend immédiatement comment fabriquer le meilleur objet possible avec les matériaux que l’on possède. Fabriquer des objets augmente ainsi le niveau d’alchimie de Lydie et Suelle. Ce qui vous débloquera de nouveaux objets à fabriquer et ainsi de suite.
Combats à l’ancienne
Mais que serait un JRPG sans combats ? Je vous le demande ! Ceux d’Atelier Lydie & Suelle sont classiques. Il s’agit d’une sorte de tour par tour, un peu à la Final Fantasy X car une barre d’action avec l’ordre d’agissement des personnages est située à droite de l’écran. Cela permet d’être un peu tactique dans ses choix. Évidemment, hormis Lydie et Suelle, de nombreux personnages viendront dans votre équipe vous prêter main forte avec quelques têtes connues (coucou Sophie !). La grosse nouveauté de cet opus c’est la possibilité pour les deux sœurs de faire de l’alchimie en plein combat. Pratique mais dommage que les autres alchimistes du groupe n’y aient pas droit ! Le système d’armes et armures, comme dans les anciens volets, permet aux sœurs de faire évoluer leur équipement avec les bons matériaux chez le forgeron. Cela permettra d’affronter plus facilement les ennemis plus puissants que la moyenne. Évidemment, les attaques spéciales sont de la partie avec des coups plus ou moins utiles et efficaces selon les différents personnages. La difficulté des combats au début du jeu tient dans le fait que certains monstres n’apparaissent que de nuit par exemple (et sont souvent plus puissants que leurs homologues diurnes). Et tant que les sœurs ne sont pas accompagnées, seule Sue fait vraiment des dégâts avec ses revolvers. Lydie et son bâton se révélant beaucoup moins efficace. Il vaut mieux donc avancer un maximum dans le scénario au début pour ne pas se retrouver à enchaîner des combats qui pourraient être difficiles sans raison.
Version bâclée ?
La Switch étant une console mi-salon mi-nomade, il est probable que le développeur ait privilégié un portage de la version PlayStation Vita du titre au détriment de la version PlayStation 4 (à cause d’un manque effectif de puissance de la console de Nintendo ?) et cela se ressent, notamment en mode TV. Qu’on soit clairs, la direction artistique du titre est sympathique et travaillée mais le côté technique pêche un peu sur Switch avec quelques chutes de framerate, un clipping plutôt prononcé et des décors pas toujours très détaillés malgré la taille plutôt réduite des différentes zones. C’est vraiment dommage car en mode nomade, l’image se révèle également plus fine (grâce au fait que l’écran soit plus petit sans doute). En mode TV, quelques textures ont également tendance à « baver » un peu par moments. Rien de vraiment gênant mais on était en droit de s’attendre à mieux, surtout sur une console qui accueille des titres aussi beaux que Super Mario Odyssey, Xenoblade 2 ou encore The Legend of Zelda – Breath of the Wild. Alors certes, les titres n’ont pas vraiment le même budget mais il n’empêche qu’on ne peut pas faire autrement que de les comparer. Autre véritable défaut mais lui inhérent à toutes les versions : l’absence totale de traduction des textes. Si les voix japonaises sont très bien (rien à redire de ce côté-là ou même de celui des musiques qui sont vraiment sympathiques à l’écoute) on regrette vraiment que ce titre ne soit pas traduit dans la langue de Molière. C’est un choix d’autant plus étrange que si l’idée de sortir le titre sur Switch devait à l’origine attirer un nouveau public, celle de ne pas proposer de textes en français remet clairement l’objectif en question car il y a tout de même beaucoup de texte au final (entre les dialogues, le journal et aussi les différents matériaux et tout ce qui touche à l’alchimie).
Conclusion
Avec une durée de vie dans la norme et une aventure plutôt sympathique et bourrée d’humour, Atelier Lydie & Suelle reste une valeur sûre. Contrairement à d’anciens opus où la gestion du temps pouvait augmenter la difficulté, ici pas de limite de temps pour finir le jeu ce qui est très bien pour les nouveaux venus. On retiendra contre le titre un portage Switch pas forcément à la hauteur des capacités de la machine et l’impossibilité en combat de sélectionner son action avec le stick analogique (il faut utiliser la croix directionnelle, choix incompréhensible). Mais même avec ces quelques défauts, ce nouvel opus est un très bon titre qui mérite votre coup d’œil si l’anglais ne vous fait pas peur et que vous n’êtes pas très regardant sur la technique d’un jeu. Le gameplay étant très intéressant vous devriez y trouver votre compte même s’il n’est clairement pas le meilleur épisode de la saga.
Graphismes: | |
Gameplay: | |
Bande-son: | |
Durée de vie: | |
Note finale: |
*Ce test a été réalisé grâce à une version physique du jeu sur Switch gracieusement offerte par Koch Media que nous remercions chaleureusement.
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