Je vous parle régulièrement de mangas ici mais si souvent je parle d’œuvres plutôt connues (Naruto et Bleach en tête de liste), je ne fais pas que lire des shonens. Et dans la catégorie mangas méconnus injustement je nomme le mythique Sanctuary. Si je l’ai découvert par pur hasard à une époque désormais révolue (les cours de BTS), je relis ce titre régulièrement et je vais vous expliquer pourquoi.
Sanctuary : Quand Yakuzas et politique se mêlent
La découverte
Vous le savez peut être si vous êtes un lecteur assidu de ce site mais j’aime beaucoup le Japon et particulièrement l’univers des yakuzas. Cela est très probablement dû à la saga Yakuza de SEGA (mention spéciale à Kiwami 2 et Judgment qui sont au dessus du lot) qui a su me familiariser avec cet univers mais pas que. En vérité j’ai découvert ce manga comme pas mal d’autres à l’époque grâce à un magasin malheureusement aujourd’hui disparu : « Le boulevard de la BD » situé près de la place des Terreaux à Lyon et où j’achetais tous mes mangas à l’époque. Le vendeur était hyper sympa et j’aimais beaucoup discuter avec lui. Comme il avait cerné mes goûts il me conseillait régulièrement de nouveaux titres et jamais je n’ai été déçu. Pour Sanctuary, il m’avait dit « Le dessin est un peu spécial mais vraiment je pense que ça pourrait te plaire. Ça parle yakuzas et politique mais le scénario est hyper prenant et il n’y a que 12 volumes !« . J’ai donc évidemment craqué et pris l’ensemble de la collection. Il faut dire que j’avais déjà eu d’heureuses surprises de sa part (Monster par exemple) et que je lui faisais confiance aveuglément. Surtout qu’il m’avait même dit pour me motiver : « Honnêtement, si tu n’aimes pas tu me les ramènes et je te rembourse tellement je suis sûr de mon coup !« . Vous vous en doutez, je les ai toujours…
Un univers réaliste
De retour chez moi je me suis bien évidemment jeté dessus. Et le pitch de Sanctuary est simple. Deux personnages, l’un dans l’ombre et l’autre dans la lumière, vont tenter d’accéder aux sphères du pouvoir pour réveiller un Japon qui pour eux est morne et triste. Akira Hojo est un yakuza alors que son ami Chiaki Asami, lui veut devenir le plus jeune premier ministre du Japon. Comme dit en préambule du manga, l’âge moyen des décisionnaires au pouvoir en place dépasse la soixantaine. Pour changer cela, nos deux amis se proposent de mettre un coup de pied dans la fourmilière et de tout faire pour atteindre leur but. Evidemment rien ne sera facile et leurs adversaires seront nombreux mais Hojo et Asami sont déterminés et prêts à tout pour réussir, même de mettre leurs vies en jeu. Et c’est sur ce postulat de base que l’histoire démarre. Bien sûr, seuls ils ne peuvent rien faire et ils ont donc des gens avec eux qui les aident sans forcément connaître le fond de leurs pensées ni même les liens qui unissent les deux personnages ! Les mondes de la pègre et de la politique sont complexes mais Sanctuary arrive à nous y faire prendre pied aisément. Il faut savoir que le manga est l’oeuvre de deux personnes : Buronson et Ryoichi Ikegami. S’occupant respectivement du scénario et du dessin, ils ont plusieurs collaborations à leur actif (dont l’excellent Heat dont la fin n’a jamais été éditée chez nous à cause des problèmes financiers de l’éditeur…) et connaissent le sujet sur le bout des doigts. Ecrit entre 1990 et 1995, malgré une fidélité incroyable envers la société de l’époque, Sanctuary a aujourd’hui un peu vieilli. Mais le scénario tient toujours autant la route et est prenant. Il faut simplement se remettre dans le contexte de l’époque pour en apprécier toutes les subtilités.
Galerie de personnages
C’est incroyable comment en seulement 12 volumes, Sanctuary arrive à nous faire apprécier tout un tas de personnages. Certains vont nous agacer, d’autres nous transporter. Je regrette personnellement le traitement du personnage de la commissaire adjointe Ishihara qui a un rôle clairement limité alors que le début du manga semblait indiquer le contraire. Elle est en effet présentée au départ comme une femme forte mais très vite ce n’est plus vraiment le cas. A côté de ça la présence d’antagonistes comme Isaoka, qui, s’il ne brille pas par son style, possède une aura démentielle, relève le niveau. On a évidemment des personnages type « chiens fous » avec l’excellent Tokai, complètement barré. Quant aux personnages de Hojo et Asami, ils sont les plus travaillés même si physiquement ils se ressemblent (ceci est à mon sens délibéré d’ailleurs). De manière générale, tous les personnages de Sanctuary sont intéressants et même si tous n’ont pas droit au même traitement, il faut avouer que l’univers décrit est très crédible. A titre personnel, je regrette vraiment le traitement des femmes en général dans l’oeuvre qui n’est vraiment pas top à une ou deux exceptions près. Je remet la chose en perspective en me rappelant la date de rédaction de cette oeuvre mais ça reste dommage à mon sens. Le gros intérêt de ce manga c’est qu’il permet de comprendre un peu le fonctionnement de la politique au Japon à cette époque et franchement à aucun moment on est vraiment dépassé je trouve.
Conclusion
Mêlant avec brio yakuzas et politique, Sanctuary est à mon sens une oeuvre majeure. Alors certes, le traitement de la femme n’y est pas des plus agréables (les personnages féminins sont très en retrait finalement) mais c’est bien là le seul véritable défaut du manga. Le scénario de Buronson est génial et nous tient en haleine, les personnages sont tous travaillés (j’adore Hojo et Asami personnellement) et on veut voir s’ils vont réussir à mener à bien leurs projets malgré tout ce qui se met sur leur route. Si le trait caractéristique d’Ikegami (connu également pour Crying Freeman) peut rebuter, je le trouve moi très intéressant dans son réalisme. Prenant, pas trop long et travaillé, Sanctuary est un manga qui mérite d’être connu. Son seul véritable défaut finalement étant qu’à l’heure actuelle, la maison d’édition ayant fait faillite, les volumes sont très durs à trouver et qu’aucune réédition n’est prévue. Mais si vous avez l’occasion de les lire, foncez. Pour moi c’est culte.
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