Alors qu’il est connu pour sa série des Yakuza, le studio Ryu Ga Gotoku a décidé de se lancer dans une nouvelle franchise : Judgment. Alors évidemment, le studio a tout de même décidé de rester dans sa zone de confort et place même l’histoire dans le quartier de Kamurocho, lieu si connu des amateurs de Kazuma Kiryu. Mais cette fois on change de bord et on incarne Takayuki Yagami un ex-avocat devenu détective. Judgment arrive-t-il à sortir du moule ou bien n’est-il qu’une simple copie d’un Yakuza ? Réponse tout de suite.
Judgment : Un avocat pas comme les autres
Yagami, nouveau héros ?
Même si la thématique des yakuzas, chère au studio, est toujours présente en toile de fond, cela change beaucoup de choses d’incarner un « civil ». Et Yagami n’est pas un simple quidam. Déjà il connait les arts martiaux et a même développé son propre style (j’y reviendrai lorsque je parlerai des combats). Brillant avocat, il a même réussi à faire acquitter un homme soupçonné de meurtre. A savoir, au Japon, plus de 99% des procès se terminent par une condamnation. Arriver à obtenir un acquittement est donc une chose incroyable. Seulement voilà, l’homme que Yagami a réussi à innocenter a ensuite tué sa petite amie et mis le feu à leur appartement. Se maudissant lui-même d’avoir la mort de quelqu’un sur la conscience, Yagami quitte le barreau et devient détective. Il tente de survivre en prenant des affaires plus ou moins glorieuses mais il va vite être pris dans une grosse affaire de meurtres en série dans laquelle les victimes sont toutes des yakuzas du Kansai à qui on a arraché les yeux post-mortem. On plonge donc dans un monde adulte, mature et sanglant, dans la veine des autres jeux du studio dans lequel on va voir le monde des yakuzas vu de l’extérieur.
Kamurochosef ?
Judgment prend place dans la sempiternelle Kamurocho, quartier fantasmé de Tokyo que les développeurs réutilisent depuis le premier Yakuza. Bien sûr, avec le Dragon Engine, le moteur maison du studio, le rendu est tout simplement sublime et le niveau de détails des décors et des personnages est affolant de réalisme. Mais malgré tout, à titre personnel, j’aurai aimé que ce nouveau héros apporte également de la variété au niveau des lieux. Situer l’histoire ailleurs au Japon aurait été une chouette idée et aurait permis de découvrir des lieux inconnus. On se contentera donc des lieux familiers de la saga et on se consolera en se disant qu’on sait immédiatement où aller à chaque fois même si la carte disponible est très pratique. On peut regretter également qu’outre le fait qu’on en connaisse déjà chaque recoin si on connait les Yakuza, Kamurocho ne soit pas si grand que ça. Au final ce n’est qu’un quartier après tout. On rencontre toujours les passants qui se baladent, les boutiques, les restaurants et autres lieux d’amusement type Sega Center et ses bornes d’arcade. Comme toujours donc, des choses à faire il y en a des tas à Kamurocho mais j’y reviendrai !
Yagami > Kiryu ?
Si vous connaissez les épisodes de Yakuza alors vous serez en terrain connu même si la jouabilité possède quelques différences. La première, même si elle parait anodine, est bien pratique puisque Yagami coure automatiquement sans s’arrêter à peine la touche appuyée. De même, il est bien plus vif qu’un Kiryu et peut par exemple faire des sauts muraux en combat pour à la fois esquiver des attaques mais surtout défoncer ses ennemis plus facilement. Même chose, Yagami possède deux styles de combats : la grue et le tigre. Le premier sert pour les combats contre plusieurs adversaires alors que le second sert plus généralement contre des adversaires uniques. Libre à vous de faire cependant ce que vous voulez, d’autant que passer de l’un à l’autre est instantané par simple pression de la croix de direction vers le bas. Par contre, là où un Kiryu dégageait une impression de puissance constante, le héros de Judgment fait plus dans l’esquive et la rapidité. Les combats ne sont donc pas abordés de la même manière. Par ailleurs, les combats aléatoires (avec des loubards qui vous agressent sans raison) sont un peu moins récurrents que dans les Yakuza ce qui n’est pas un mal. Autre point positif il n’y a en général pas de discussion avant et après puisque la plupart des ennemis sont issus de faction qui vous cherche pour vous bastonner (le clan Kihei, la famille Matsugane…) sans préavis. On peut évidemment débloquer des nouvelles techniques pour Yagami avec les PA récoltés tout au long du jeu. Que les fans d’exécutions Ex de Kiryu se rassurent, elles répondent évidemment présentes et sont pour la plupart totalement nouvelles et adaptées au style de combat du détective.
Un système rodé
Forcément, Judgment se sert des acquis des différents Yakuza pour proposer un gameplay à la fois familier mais contenant ce qu’il faut de nouveautés pour ne pas tomber dans la redite. Par exemple l’expérience, ici matérialisée sous forme de PA (Points d’Aptitudes), permet de débloquer de nouvelles techniques de combat, augmenter sa santé, la rapidité de ses attaques ou bien d’acquérir des bonus permanents (facilité de crochetage, meilleure résistance à l’alcool…). Evidemment certains paliers nécessitent un nombre de points astronomique et il faut donc bien les répartir dans les compétences qui sont le mieux adaptées à notre style de jeu. Pour gagner des PA il suffit d’avancer dans l’histoire, faire des combats, des mini-jeux, des quêtes annexes et autres activités. Tout est accessible via le smartphone de Yagami et on nage dans la simplicité. L’interface est vraiment pratique et agréable à utiliser. Pareil pour la carte, assez détaillée et sur laquelle il est possible de placer un repère pour se diriger où l’on désire. L’application KamuroGo s’avère indispensable tant elle est intégrée au jeu. Elle répertorie tout un tas de « défis » à relever au fur et à mesure du jeu (manger tous les plats d’un restaurant, marcher plusieurs kilomètres, affronter 200 ennemis…) qui rapportent des PA. Et si certains objectifs seront atteints sans que vous cherchiez à le faire, d’autres en revanche demanderont du temps et de la dextérité.
Contenu gargantuesque
Là où Judgment est dans la digne lignée de ses aînés, c’est dans sa proposition de contenu. Évidemment, attendez-vous à faire des quêtes annexes par dizaines mais ce n’est pas tout. Un système d’amis a été mis en place et vous trouverez des habitants ayant besoin de votre aide. Leur rendre service fera grimper une jauge spécifique vous permettant par la suite de débloquer notamment de nouvelles affaires secondaires. Ces dernières n’ont de secondaire que le nom puisqu’elles sont au centre du jeu selon moi. N’oublions que pas que Yagami est un détective et donc il faut pour se faire de l’argent résoudre des affaires plus ou moins classiques. Cela peut aller de la femme qui pense que son mari la trompe à attraper un pervers qui vole des culottes avec un drone en passant par retrouver un chat qui appartenait à un chef des Triades. Toujours scénarisées et souvent très drôles, ces affaires secondaires sont très intéressantes à faire. D’une part parce qu’elles rapportent à la fois des PA et de l’argent et d’autre part parce que je trouve qu’elles crédibilisent le métier de Yagami. Alors certes, les mécaniques restent globalement les mêmes puisqu’on retrouvera les phases de recherche d’indices, les séquences de prise de photo pour étayer un fait (l’homme et sa maitresse qui s’embrassent par exemple), les séquences de filature (dans lesquelles il faut suivre quelqu’un en évitant de se faire remarquer) et éventuellement des scènes de combat. Mais vraiment, comme elles sont bien construites on les suit avec plaisir. D’autant que certaines sont différentes avec des énigmes à résoudre par exemple.
Mais ce n’est pas tout ce que Judgment propose puisqu’à l’instar des Yakuza, Sega a eu la bonne idée d’intégrer des jeux complets sur les bornes d’arcade. A vous les joies de Virtua Fighter, Puyo Puyo ou encore Space Harrier pour ne citer qu’eux. La vraie attraction étant bien évidemment Kamuro of the Dead, un clone de l’excellent House of the Dead, jeu phare de la Dreamcast et qui est vraiment très bien fait et fun à jouer. Un très bon rail shooter qui vous fera dépenser pas mal de yens si vous accrochez ! A côté de cela on peut également jouer aux fléchettes, à la pince pour attraper des peluches (qui serviront à décorer notre intérieur) ou encore jouer à Dice and Cube un jeu en réalité virtuelle inspiré de Mario Party (on lance un dé pour tenter d’arriver au bout d’un chemin composé de cases sur lesquelles il se passe toujours quelque chose). Tous ces mini-jeux dans le jeu sont bien évidemment très travaillés et on peut passer un temps fou à ne faire que ça au détriment de l’histoire principale. De même, certaines femmes rencontrées lors d’évènements d’amis peuvent devenir votre petite amie. S’ensuit alors des rendez-vous scénarisées sympathiques et des échanges de sms. Et si vous cherchez à remplir tous les objectifs de KamuroGo alors vous n’avez pas fini. D’autant que vous débloquerez plus tard l’application Quickstarter qui comme son nom l’indique singe Kickstarter et propose de financer des projets pour débloquer tout un tas de contenu (techniques, pièces de drone…) impossible à débloquer autrement. Et je ne parle même pas de la compétence vous permettant de fabriquer des extraits augmentant vos capacités (vitesse, PA récoltés…) en combinant des objets ramassés dans la rue.
Localisation parfaite
Là où Sega a fait fort et a pris le temps d’écouter les joueurs c’est dans la localisation. Pour la première fois depuis le tout premier Yakuza sorti sur PlayStation 2, les sous-titres sont intégralement en français. La traduction est d’ailleurs d’une très grande qualité et je me plais à rêver que Judgment fonctionne bien au niveau des ventes pour espérer voir les prochains Yakuza entièrement traduits et pourquoi pas espérer un patch pour ceux existants. L’ambiance sonore est comme toujours réussie avec des thèmes qui savent se faire oublier ou au contraire se faire entendre pour appuyer l’action. Les voix japonaises sont tout simplement parfaites et on pourra juste regretter les dialogues parfois non doublés ce qui casse un peu l’immersion. Côté technique on est dans le haut du panier de la machine avec des graphismes criants de réalisme et des personnages détaillés de manière incroyable. Vraiment, le Dragon Engine, moteur maison du studio, fait encore une fois des merveilles. Impossible de ne pas s’extasier devant les effets de lumière, les néons, les détails sur les visages et les expressions faciales qui rendent les personnages si vivants. On pourra relever à divers endroits quelques minuscules bugs d’affichage et parfois Yagami aura tendance à traverser quelques pans du décor mais rien de bien méchant devant la qualité de la finition globale de Judgment.
Conclusion
En prenant le risque de garder Kamurocho en lieu principal du jeu, le studio Yakuza aurait pu tomber de son piédestal mais il arrive pourtant à prendre tout le monde à contre-pied et à surprendre. L’idée de passer de l’autre côté de la barrière en incarnant non plus un yakuza mais un détective est brillante et permet au studio de proposer un titre à la fois conservateur mais tellement innovant. Prenant de bout en bout, sublime, jouissif et bourré de contenu annexe, Judgment est clairement un des meilleurs titres du moment. Et si on rajoute sa traduction française intégrale alors on tient là le Graal de tous les anglophobes qui hésitaient à se lancer dans les Yakuza à cause de cela. Un titre à posséder absolument pour qui aime les scénarios noirs, les jeux réussis et les personnages travaillés. Une vraie réussite comme on aimerait en voir plus souvent !
Graphismes: Gameplay: Bande-son: Durée de vie: Note finale:
*Ce test a été réalisé à partir d’une version presse du jeu envoyé par Koch Media que nous remercions encore chaleureusement.*
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Bon ben , étant en vacances actuellement j’ai pris le temps de lire ton article à grâce à toi , je vais acheter ce jeu en rentrant de vacances car tu m’as donner grave l’envie de me donner de me consacrer à fond car les clins d’œils à la dreamcast et puis j’adore la série des Yakusas, merci à toi pour cette excellent article de qualité.
Merci à toi de m’avoir lu déjà ! Et si mon article t’a plu c’est déjà super mais si j’ai même réussi à te donner envie de l’acheter alors je suis satisfait !
N’hésite pas à repasser par ici quand tu l’auras fait pour donner ton avis (et m’insulter le cas échéant si je t’ai fait dépenser ton argent pour rien. lol).