Il fut un temps où SNK était, avec Capcom, le roi du versus fighting. Une époque où la 2D était reine et la 3D une vague possibilité future. Les deux géants s’affrontaient en arcade pour savoir qui des deux dominerait la scène. Avec sa Neo-Geo et ses titres plus pointus et techniques, SNK visait au final un marché de niches et de fans. Mais si Capcom n’a cessé de briller depuis en faisant évoluer un peu sa série phare : Street Fighter, l’autre géant nippon peinait à redorer son blason. Aujourd’hui, en 2022, SNK revient et va tenter des choses avec The King of Fighters XV.
The King of Fighters XV – Le retour du roi ?
Au contraire de Capcom qui n’a finalement que peu de séries de jeux de combat différentes (Street Fighter, Darkstalkers…), SNK en possède des palettes (Fatal Fury, Art of Fighting, Samouraï Shodown, Mark of the Wolves…). Il faut dire qu’à l’époque le développeur/constructeur était seul pour alimenter sa (coûteuse) machine en jeux. Et clairement, les (rares) personnes qui en achetaient une ne le faisait que pour un genre bien spécifique : le versus fighting. C’est pourquoi le label SNK était toujours gage de qualité dans les années 90. Mais vous le savez sans doute, développer un jeu en 3D est plus compliqué et beaucoup s’y sont cassés les dents. C’est pourquoi hormis quelques exceptions, peu de titres de la firme (le dernier Samouraï Shodown est excellent) ont brillé ces dernières années. Pour y remédier, SNK continue dans la lancée de l’opus précédent qui a su marquer les esprits et propose un The King of Fighters XV vraiment travaillé.
Je dois bien l’avouer, même si j’aurai préféré un jeu en 2D ultra chiadée (dans la veine d’un Dragon Ball FighterZ par exemple), la 3D de cet opus est très agréable. En fait, pour être plus précis, le titre est en 2,5D, c’est-à-dire que les personnages et les décors sont en 3D mais qu’ils ne peuvent se déplacer que sur un seul plan. On reste donc dans une logique de jeu en 2D pour les commandes au contraire d’un Tekken ou autre Soul Calibur par exemple. Les modèles des personnages sont bien détaillés et on reconnaît au premier coup d’œil (pour peu que leur look n’ait pas trop changé) des figures emblématiques de la saga. Terry et Andy Bogard, Maï Shiranui ou encore Kyo Kusanagi font partie du roster pour mon plus grand plaisir. Les animations et autres détails sur les personnages sont très travaillés et le titre est très fluide sur Series X même pendant des déluges pyrotechniques. Ces derniers sont d’ailleurs très réussis et participent à la puissance de ces joutes endiablées. Si certains décors s’en sortent mieux que d’autres niveau ambiance il faut reconnaître qu’ils sont variés et qu’il y en a suffisamment pour ne pas mettre tout le temps le même en boucle.
Côté scénario je l’avoue on est dans le classique avec ce personnage principal (Shun’ei) qui tente de comprendre l’origine de ses pouvoirs au travers d’un tournoi d’arts martiaux. Par ailleurs, il semblerait que le titre fasse suite directement à The King of Fighters XIV, titre auquel je l’avoue, je n’ai jamais joué. Malgré tout on est relativement peu perdu dans l’histoire même si certaines ramifications peuvent échapper au commun des mortels. J’ai particulièrement apprécié les différentes cinématiques en fonction de l’équipe choisie et les scènes dessinées après le combat final qui sont vraiment sympathiques. Les voix en japonais des protagonistes mettent parfaitement dans l’ambiance, de même que les différents dialogues intercombat entre certains protagonistes liés scénaristiquement. En bref, du tout bon côté sound design, surtout qu’on sent bien l’impact des coups donnés.
Mais si l’enrobage est satisfaisant, qu’en est-il du contenu ? Et là aussi, The King of Fighters XV ne déçoit pas. J’ai mentionné le mode Histoire mais il n’est pas venu seul, puisqu’il est accompagné d’un mode en ligne (la base pour un jeu de versus fighting en 2022) mais aussi d’un mode entraînement et défis. Ces derniers modes sont à mon sens essentiels pour saisir toutes les subtilités de combos de vos personnages préférés. Il vous faudra passer du temps dessus pour prétendre devenir un adversaire redouté en ligne par la suite. Si les matchs classés vous font peur, il y a toujours la possibilité de jouer en amical. On regrettera comme si souvent l’impossibilité de combattre ses amis qui jouent sur une autre plate-forme mais un jour peut être. Les matchs classés eux, sont vraiment en fonction de votre niveau (déterminé au départ par trois combats successifs contre le CPU avec une difficulté croissante) et du peu que j’ai fait, aucun lag ou latence n’est à déplorer. Le tout fonctionne vraiment très bien. Et si jamais vous préférez le local, il y a évidemment la possibilité de mettre des roustes à vos amis, familles et autres voisins qui viendraient chercher du sucre. Là encore aucun souci à noter, tout est parfait.
Je n’en ai pas parlé jusqu’ici mais The King of Fighters XV est un jeu en équipe. Comprenez par là qu’hormis les joutes classiques (1vs1) qui restent possibles, l’essence du jeu est le 3vs3. A la différence près qu’on choisit l’ordre de passage de ses protagonistes et qu’ils ont chacun leur propre barre de vie et il faut attendre qu’un personnage perde pour qu’il soit remplacé. Seule la barre de coups spéciaux est commune. Je ne rentrerai pas trop dans les détails de ces derniers mais sachez tout de même que si à l’époque de l’âge d’or de la Néo Geo, SNK était réputé pour faire des jeux élitistes, on sent qu’aujourd’hui l’accessibilité est de mise avec une prise en main facilitée pour les nouveaux venus (mais qui reste tout de même exigeante si on prend en compte les possibilités). Vous aurez votre dose de cancel, counter et autres attaques spéciales. Et elles ne seront pas de trop pour affronter d’autres joueurs ou même l’IA en mode Histoire. Mention spéciale à l’horrible Boss de fin qui spamme des attaques dévastatrices à distance sans laisser vraiment la possibilité de répliquer. Rageant.
Conclusion
En faisant le pari de rendre le jeu un peu plus accessible au plus grand nombre, SNK arrive à convaincre avec The King of Fighters XV. Plutôt beau, fluide et agréable avec son roster varié (une trentaine de personnages jouables d’entrée de jeu), le jeu est une réussite. Certes on pourra regretter l’impossibilité de changer de personnage en cours de combat ou celle de combattre ses amis sur d’autres versions mais quand on prend du recul on se rend compte qu’il s’agit là de défauts mineurs, effacés devant la qualité du reste. Si passer du temps à maîtriser des personnages pour jouer des heures en ligne par la suite est votre truc, alors vous pouvez carrément foncer sur The King of Fighters XV qui est un excellent cru et redore clairement le blason de la firme nippone.
*Test réalisé sur Series X à partir d’une version physique Xbox gracieusement fournie par Koch Media que nous remercions chaleureusement pour leur confiance.
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