Les jeux d’horreur ont la côte depuis quelques années et Supermassive Games avait déjà réussi un joli coup en sortant le très bon Until Dawn en exclusivité sur PlayStation 4. Le studio récidive donc avec un tout nouveau projet destiné à la fois à la machine de Sony mais également à la Xbox One et au PC et inspiré des anthologies du monde du cinéma : The Dark Pictures Anthology. Comme pour l’ancienne émission « Les contes de la crypte », le développeur a choisi de faire plusieurs histoires totalement différentes avec pour seul point commun l’horreur. Premier jeu disponible : Man of Medan. Que vaut ce premier titre ? Et surtout, l’idée de l’anthologie est-elle bonne ? Réponse tout de suite.
The Dark Pictures Anthology – Man of Medan : L’horreur en bateau
Un concept unique
Comme je l’ai déjà évoqué en préambule, Man of Medan fait partie d’une anthologie et n’est ainsi que le premier épisode. Mais au contraire d’un jeu épisodique (Life is Strange, The Walking Dead, Game of Thrones…) où chaque nouvel épisode narre la suite des aventures des personnages, ici chaque épisode raconte une histoire entière et différente dans tous ses aspects (scénario, personnage, univers, lieux…) et je dois bien l’avouer, l’idée est à la fois originale et sympathique. En attendant le deuxième épisode intitulé Little Hope en 2020 (et dont nous pouvons avoir un aperçu en terminant ce premier épisode) il est temps de découvrir ce Man of Medan. Qui dit jeu à épisodes dit forcément durée de vie relativement courte et le dernier-né de Supermassive Games ne déroge pas à la règle avec un jeu qui dure environ 4h même en prenant un peu son temps. Ce qui est somme toute honnête puisque comme vous pourrez le constater, la rejouabilité du titre est plutôt bonne. Mais au final, si le concept de l’anthologie est excellent, il faudra quand même se rendre compte que si chaque épisode est vendu au même prix que ce Man of Medan (soit 30€ tout de même), la facture finale risque d’être salée.
Scénario bateau ? (#JeuDeMot)
Le jeu commence juste après la Seconde Guerre Mondiale, en 1947, et le personnage qu’on dirige est un soldat américain posté en Asie. Pour apprendre les rudiments des contrôles du jeu on le contrôle donc d’abord dans un petit quartier puis sur le bateau qui sera au centre du jeu : l’Ourang Medan (on note d’ailleurs le côté réaliste puisque ce vaisseau a réellement existé et est considéré comme un vaisseau fantôme à cause de la mort suspecte de tout l’équipage en 1947). Evidemment, le bateau militaire n’est pas accessible entièrement et on balade notre soldat dans des lieux cloisonnés selon un chemin défini. Le prologue se conclut sur la mort de tout l’équipage et on découvre ensuite les héros de cette aventure, un groupe de jeunes gens adeptes de la plongée sous-marine qui cherchent des épaves. L’un d’entre eux, Brad, est le spécialiste pour remonter la piste de ces dernières et le groupe se réjouit de trouver une carcasse d’avion encore non explorée ! Le groupe d’amis présente évidemment tous les clichés habituels du genre (l’intello, le rigolo…) mais comme le tout a été joué par de vrais acteurs (dont Shawn Ashmore qui a également incarné le héros de Quantum Break) on apprécie bien plus le rendu final. Bien vite, la virée va tourner au vinaigre avec l’intervention de pirates qui vont les prendre en otage pour retrouver « l’or de Mandchourie » dont il est question sur le plan de vol de la carcasse découvert par nos héros. Le scénario de Man of Medan va bien évidemment prendre place majoritairement dans le bateau que l’on a exploré dans le prologue…
Une jouabilité cinéma
A l’instar de la précédente production du studio, on ne peut pas dire que le gameplay de Man of Medan soit très compliqué. On dirige un personnage imposé dans des lieux clos, on peut ramasser quelques secrets et découvrir des tableaux permettant d’avoir des prémonitions concernant le futur (une idée reprise d’Until Dawn également) mais rien de bien fou. L’essentiel du jeu tient aux actions que vous allez choisir. En effet, régulièrement lors des phases de dialogue vous pourrez choisir des réponses influant sur les relations entre les personnages mais aussi sur le déroulement de l’histoire. Ramasser ou non tel ou tel objet permettra aussi au scénario d’évoluer dans une direction ou une autre. De même, autre point important : les QTE. Ces derniers, omniprésents, servent à guider le récit selon votre réussite ou votre échec. Comme dans beaucoup de jeux du genre, certains échecs sont sanctionnés par la mort définitive d’un des protagonistes. Mais si Until Dawn se jouait uniquement en solo, Man of Medan, lui, propose différentes options plutôt sympa ! En effet, outre la possibilité de jouer en ligne avec un ami, le mode Soirée Télé propose lui jusqu’à 5 joueurs de prendre part à l’aventure en local ! Une idée vraiment fun puisque j’ai pour ma part fait le jeu en coopération avec ma femme. L’aventure est bien sûr la même qu’en solo mais on assigne un personnage par joueur (et dans mon cas j’en avais trois et ma femme deux). J’ai beaucoup aimé ce mode parce que nous avions décidé d’un commun accord de ne pas intervenir dans les choix que l’autre faisait. Cela nous a permis de vivre une aventure unique et surtout de voir si nous aurions fait les mêmes choix (spoiler : non).
Point noir technique
Si graphiquement le jeu n’est pas moche et possède même de jolis effets de lumière (notamment grâce à la lampe torche que portent la plupart des personnages) et si la direction artistique n’a pas à être remise en cause, il faut bien avouer que techniquement Man of Medan déçoit. Les animations notamment qui ont tendance à être très raide. On a l’impression parfois de déplacer des lampadaires en lieu et place d’êtres humains. Vraiment dommage pour l’immersion. J’ai vu des retours de joueurs faisant état de freezes et autres bugs, notamment sur PlayStation 4 Pro, mais en toute honnêteté je n’en ai eu aucun sur les deux parties complètes jouées avec ma femme et je jouais sur ce système. Par contre quelques bugs d’affichage oui mais vraiment rien de rédhibitoire. Côté son par contre on est vraiment dans l’ambiance avec des voix anglaises parfaites et des bruitages adaptés. Les rares musiques font parfaitement le travail avec quelques thèmes angoissants à souhait pile au bon moment. J’ai également noté par moments des difficultés à déplacer le personnage convenablement (on souhaite aller à un endroit mais le personnage n’y va pas) mais on trouvait déjà le souci dans Until Dawn. Je trouve dommage que le studio n’ait pas bossé un peu là-dessus.
Conclusion
Si on est loin du chef d’œuvre que l’on pouvait espérer, notamment à cause d’une technique limite et d’une durée de vie trop courte (environ 4h), ce Man of Medan n’est pas non plus une catastrophe. Très sympathique à jouer, surtout en coopération (locale ou en ligne), il dispose également d’une excellente rejouabilité grâce à ses 14 fins différentes. Tenter de sauver tout le monde, même en connaissant les tenants et aboutissants de l’histoire n’est pas si aisé (rater un QTE ou choisir une réponse différente pour voir le résultat) et vous serez sûrement tenté de le recommencer plusieurs fois. Pour ma part je l’ai terminé deux fois avec madame en moins d’une semaine et nos histoires n’ont pas été très heureuses (mais avec des morts différentes). En résumé, Man of Medan est le jeu parfait à ressortir le temps d’une soirée entre amis pour que chacun se passe la manette et vive un scénario différent. Il n’est pas exclu que je le relance dans quelques temps pour tenter une issue différente, et ce malgré les défauts techniques qui plombent un peu la qualité globale du titre de Supermassive Games. Si vous avez aimé Until Dawn alors donnez lui sa chance, il est bien plus sympathique que ne le laissent croire les quelques avis que j’ai pu lire sur Internet. Pas le GOTY 2019 c’est certain mais assez bon pour permettre à tout un chacun de passer un bon moment pour le peu qu’il aime le genre.
Graphismes: | |
Gameplay: | |
Bande-son: | |
Durée de vie: | |
Note finale: |
*Ce test a été réalisé sur PlayStation 4 Pro grâce à une version presse fournie par l’éditeur, Bandai Namco, que nous remercions chaleureusement pour sa confiance. Un gros merci également à Fanny, notre contact, sans qui rien n’aurait été possible.*
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