Days Gone, le dernier jeu Sony sur PlayStation 4 (développé par Bend Studio) a fait couler beaucoup d’encre. Dévoilé à l’E3 2016, le produit final semble relativement différent de ce qui avait été annoncé en grandes pompes. C’est le cas de tout un tas de jeux et ce depuis que le jeu vidéo existe (un des exemples le plus flagrant reste pour moi Watch Dogs), doit-on donc condamner les aventures de Deacon St John sans même y jouer ? Pas du tout. Je vous laisse d’ailleurs découvrir ce qu’en pense l’intéressé.
Days Gone ou l’apocalypse selon Bend Studio
« Je m’appelle Deacon St John, je suis un citoyen de l’Oregon aux États-Unis et j’ai été témoin de l’une des plus grandes tragédies du monde moderne. Tout ce que vous avez pu voir dans des séries apocalyptiques type The Walking Dead et consorts n’est rien en comparaison de ce que vit le monde aujourd’hui. Je suis un motard depuis toujours et j’appartenais à un groupe de bikers similaire à ce que vous avez pu voir dans des séries télé comme Sons of Anarchy par exemple. Et croyez-le ou non mais ma moto est mon bien le plus précieux à l’heure actuelle. Je menais une vie normale avec mes proches, mon frère Boozer et ma femme Sarah. Mais il y a maintenant plus de deux ans, tout a basculé. Sans que l’on comprenne ce qui se passe, des mutants se sont mis à débarquer en hordes dans les villes et à tout saccager. Personne n’était épargné et tous ceux qui tombaient sous leurs coups finissaient malheureusement dévorés. Boozer, Sarah et moi nous sommes faufilés dans la ville afin d’atteindre un sommet d’immeuble sur lequel on le savait, les hélicoptères du NERO (une filiale du FBI) attendaient les survivants pour les emmener loin de ce lieu de cauchemar. Sauf que voilà, rien ne se passe jamais comme prévu et sur le chemin, Sarah s’est faite poignardée par une gamine. Arrivés sur le toit, le militaire O’Brian, un bleu, me dit qu’il n’a que deux places disponibles. Après réflexion je laisse ma femme aux mains du NERO et décide de rester ici pour aider Boozer à fuir, d’autant que lui aussi est blessé. On en a vu de belles dans notre vie et on se considère comme des « durs à cuire » mais croyez-moi si je vous dis que rien de ce qu’on a vécu depuis notre naissance ne pouvait nous préparer à cela.
Pour ceux qui ne le savent pas, l’Oregon est un lieu superbe, où la nature est très présente. J’ai toujours aimé me balader à moto seul ou accompagné sur ces longues routes entourées de vallées verdoyantes, de montagnes et de prairies. Alors bien sûr la civilisation a installé des villages, des routes et autres joyeusetés mais l’immensité du paysage et de la nature ont toujours eu le dessus sur la présence humaine. C’est pourquoi quand l’épidémie a frappé on a moins ressenti cette ambiance « fin du monde » que le reste de la planète. Néanmoins ne vous y trompez pas, la mort rôde à chaque clairière et les mutants ne sont pas forcément les pires menaces. C’est dans les moments où la fin est proche que les gens dévoilent leur vraie nature et ici en Oregon les maraudeurs et pilleurs sont légions. Certains sillonnent les routes et tendent des pièges aux gens pour les voler voire pire. D’autres construisent des camps dans lesquels ils se sentent en sécurité. Mais moi je ne supporte pas de les voir et foi de Deacon, quand j’en ai l’occasion je m’infiltre à l’intérieur et élimine tous ces rebuts de l’humanité. Une autre faction a pris possession des lieux et ils sont de la pire engeance, les Rippers. Ils vouent une foi indéfectible dans les mutants qu’ils vénèrent et se scarifient pour tenter de leur ressembler. Ils attaquent à vue et sont capables des pires sévices. Boozer en sait quelque chose mais je ne peux pas en parler puisque tout est de ma faute et cela me met mal à l’aise de repenser à cet évènement. Les mutants quant à eux sont des monstres qui se déplacent parfois en hordes. Il faut vraiment apprendre à être discret un maximum quand on se déplace. Tous les Drifteurs comme moi le savent, la moto peut nous sauver la vie mais parfois nous mettre en danger.
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai du tuer un homme de mes mains. Avant l’épidémie je n’étais clairement pas un ange mais jamais je n’avais pris la vie de quelqu’un. Sachez-le, même si on sait qu’on doit le faire pour survivre, jamais on ne s’habitue à ce sentiment à chaque vie prise. Et si tuer un mutant n’est pas très dérangeant, prendre une vie humaine l’est bien plus. Surtout que je me débrouille le plus possible pour le faire silencieusement, en me glissant derrière un ennemi pour le poignarder avec mon fidèle couteau de botte. Cette arme je la chéris plus que tout puisque sa lame est incassable. Alors bien sûr il n’inflige pas des dégâts monstrueux mais dans les moments de furtivité il n’y a pas meilleur allié que lui. Je me rappelle la première fois que j’ai infiltré un camp. Je ne me déplaçais qu’accroupi pour faire le moins de bruit possible et je passais de hautes herbes en hautes herbes pour être le plus inaperçu possible. J’utilisais mes jumelles pour repérer les ennemis, les marquer et suivre leurs rondes pour pouvoir les surprendre. Je savais que le camp comptait une quinzaine d’ennemis armés jusqu’aux dents et je devais éviter de me faire repérer. Mes mains moites serraient mon couteau de botte et je guettais la meilleure opportunité pour agir. Je me suis dirigé derrière un de ces maraudeurs et sans bruit j’ai attaqué pour tuer. Ma lame s’est enfoncée dans sa gorge puis dans son cœur juste derrière. J’ai agis de manière totalement instinctive et alors que son corps encore chaud glissait le long de mes bras j’ai réalisé que je ne pouvais plus reculer. J’avais pris la décision de nettoyer le camp de ces voleurs et violeurs. Mais attention, je ne me considère pas comme un « héros », loin de là. Je ne suis qu’un homme lambda qui tente de survivre de la meilleure façon possible dans un monde complètement à la dérive. J’ai alors regardé le corps de ma victime gisant sur le sol dans une mare de sang. Ce même sang désormais sur mes mains pour toujours.
Se battre pour survivre est désormais mon quotidien. Je ne compte plus le nombre de mes victimes. Pour me défendre je n’ai pas que mon couteau de botte. En effet je possède tout un arsenal (arbalète, battes de baseball, fusils automatiques, pistolets, cocktail molotov…) récupéré sur mes adversaires, dans la nature ou acheté avec des crédits dans des camps de survivants. De nombreuses personnes se sont en effet regroupées pour tenter de survivre au mieux dans ce monde hostile. Je leur viens souvent en aide en faisant des missions pour eux qui peuvent être de récupérer des objets ou bien de capturer quelqu’un qui leur a volé quelque chose par exemple. Augmenter la confiance qu’ils me portent me permet d’accéder à de nouveaux objets à acheter ou bien même pouvoir améliorer ma précieuse moto. Plus qu’un simple véhicule, elle fait partie de ce que je suis. Et je passe mon temps à l’améliorer avec de nouvelles pièces pour par exemple qu’elle absorbe mieux les dégâts ou puisse porter des sacoches remplies de munitions. Je dois également faire attention lorsque je me déplace parce que le réservoir d’essence n’est pas infini ! Je suis sans cesse à la recherche de bidons pour remplir ma bécane et ne pas tomber en panne sèche.Il faut aussi que je fasse attention à ne pas trop l’endommager parce que même si je suis mécanicien et que je sais la réparer, il me faut quand même trouver de la ferraille pour cela. La chance que j’ai c’est que de très nombreux véhicules sont abandonnés un peu partout et que je peux fouiller leur moteur pour récupérer ce que je peux. J’arrive même à me fabriquer des silencieux pour mes armes à feu. C’est la loi du système D, récupérer un max de choses pour en fabriquer d’autres. Je n’arrête pas de fabriquer des cocktails molotov, seule arme efficace contre les nids de grouilleurs.
En tant que Drifteur je me balade un peu partout et en étant constamment en contact radio avec les différents camps amis ou Boozer je n’ai qu’à tendre l’oreille pour trouver de quoi m’occuper. D’autant qu’avec les camps ennemis et les fameux nids de grouilleurs à exterminer j’ai de quoi faire. En fait les mutants préfèrent sortir la nuit et même si j’en croise régulièrement de jour, la plupart dorment. Ces nids sont un fléau et les brûler me permet de sécuriser différentes zones (et au passage d’augmenter mon amitié avec le camp pas loin). Il faut ainsi que je décide si je fais ça en journée ou de nuit. La nuit les nids sont moins remplis mais les zones aux abords plus peuplées. C’est vraiment angoissant de se balader, caché dans des fourrés en entendant les grognements des mutants qui passent à côté de moi sans me voir. Inutile de vous dire que mon fameux couteau de botte m’est toujours utile dans ces moments-là. Par contre si je n’attends pas de l’intelligence de la part des mutants je suis surtout surpris de la bêtise de mes adversaires humains. Combien de fois j’ai décimé un camp entier sans qu’aucun de ces individus ne s’étonne des cadavres disséminés dans leur campement ? Enfin cela m’arrange mais c’est à croire que méchant ne rime vraiment pas avec intelligent. Par contre inutile d’espérer tromper les animaux que je chasse en restant caché dans les fourrés. Les loups, cerfs et autres animaux que je peux chasser sont bien plus intelligents que leurs homologues à deux pattes. Un comble. Mais les tuer et les dépecer me permet de ramener de la viande aux différents campements et gagner ainsi des crédits. Même chose pour les oreilles de mutants qui récoltées me permettent de gagner des crédits en les revendant. Je peux également ramasser de nombreuses plantes qui peuvent être vendues voire utilisées pour fabriquer des médicaments par exemple.
Comme vous l’imaginez sans doute, il est difficile de survivre sans un minimum de débrouillardise. Savoir fabriquer des objets ou des armes de mêlée est indispensable pour venir à bout des embûches qui se dresse sur ma route. Mais se servir de sa tête est également important. Combien de fois ai-je guidé des mutants sur un camp de maraudeurs pour leur laisser faire le sale travail ? Cela fonctionne évidemment dans les deux sens ou avec les animaux comme les loups qui attaquent à vue. Mais je l’avoue, ma plus grande peur est d’affronter une Horde. Même préparé convenablement je n’ai pas le droit à l’erreur ou bien je finis enseveli sous les mutants qui n’attendent que de m’atteindre pour me dévorer. Je vous assure que rien n’est plus stressant que de voir des centaines d’individus qui foncent sur vous telle une marée monstrueuse. Et n’ayez surtout pas la bêtise de croire que les mutants sont des zombies. Un zombie n’est jamais réputé pour sa vivacité mais les mutants sont très rapides et je vous conseille d’avoir une bonne endurance pour espérer leur échapper. Heureusement que des seringues contenant un produit spécifique sont éparpillées dans les centres de recherche du NERO et m’ont déjà permis d’obtenir après injection une meilleure constitution et plus d’endurance. Je ne sais pas comment j’aurai fait sans ces produits. Après je peux toujours compter sur le cycle jour/nuit pour éviter de me faire repérer mais ce n’est pas tout puisque la pluie par exemple efface mieux les bruits également. Prendre en compte la météo est très important lorsqu’on essaye d’être furtif. Je n’ai aucune idée de ce que va me réserver le futur mais toujours est-il que rien ne sera plus jamais pareil pour moi… »
Vous l’avez vu à travers les yeux de Deacon, ce Days Gone propose un monde ouvert plus que stressant avec son lot de quêtes et de combats. Le titre est vraiment réussi techniquement et les derniers patchs ont grandement amélioré la stabilité du jeu qui avait auparavant tendance à subir de légers micro-freezes ou encore des bugs plus ou moins gênants. L’ambiance sonore est réussie avec la présence (ou l’absence par moments) de musiques adaptées à la situation. Entendre celle qui précède l’arrivée d’une Horde ajoute au stress que vous pourrez ressentir à ce moment-là. Et si Days Gone n’évite pas quelques écueils notamment dans sa narration, il reste un titre très plaisant. Le scénario en lui-même est plutôt intéressant mais son « éclatement » en plusieurs « chapitres » peut nuire à la cohérence finale et atténuer l’émotion qui pourrait se dégager de certaines séquences. Paradoxalement, ce système rend le titre plus organique et fluidifie le gameplay (on reçoit les missions sans forcément devoir aller voir tel ou tel PNJ). Il est donc dommage que le scénario en pâtisse mais l’idée est vraiment à reprendre pour les prochains titres open-world. Le monde de Days Gone est très vivant et les interactions possibles entre les mutants, les animaux et les humains sont exemplaires même si l’IA globale est assez décevante. Vous en aurez pour votre argent puisque si la carte est bien plus petite que celle d’un Assassin’s Creed Origins, il y a moins de lieux « inutiles » et on se plait vraiment à se balader à moto (même si devoir gérer son essence rend parfois l’expérience pénible) dans les décors magnifiques de l’Oregon. Les effets de lumière et les détails graphiques sont vraiment à même d’assurer une immersion totale dans la vie de Deacon.
Conclusion
En résumé, Days Gone ne propose pas le niveau de finition d’un Horizon Zero Dawn ou d’un God of War mais il n’a pas à rougir tant il fait montre de qualités. Le gameplay en général est très travaillé et intuitif (en plein combat on peut se soigner ou changer d’arme grâce à la roue via L1) ce qui rend l’expérience très agréable. Et par rapport à un The Last of Us (à qui il emprunte d’ailleurs son système de création d’objets) plus oppressif et intimiste, on est face à un jeu qui sait également se montrer angoissant dans un monde bien plus vaste et qui dépasse Deacon. S’il n’est probablement pas le GOTY 2019, Days Gone reste malgré tout une excellente proposition de Bend Studio et si vous aimez les univers post-apocalyptique et les open-world alors nul doute qu’il saura vous satisfaire. Si le style de jeu vous attire alors n’hésitez pas à enfourcher votre moto et à parcourir les terres de fin du monde de Days Gone.
Graphismes: | |
Gameplay: | |
Bande-son: | |
Durée de vie: | |
Note finale: |
Ce test a été réalisé sur PlayStation 4 Pro grâce à un code de téléchargement gracieusement fourni par PlayStation France que nous remercions encore chaleureusement pour leur confiance.
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