A la reconquête du Mur Maria avec Final Battle…
C’est en 2013 que l’Attaque des Titans déferle sur le monde. Véritable raz-de-marée, la première saison de l’animé est un véritable succès, et tiendra en haleine des milliers de fans durant ses 25 épisodes, diffusés en quelques semaines. Il faudra pourtant attendre 3 ans pour voir pointer la première adaptation vidéo-ludique de l’œuvre de Hajime Isayama, et c’est Omega Force qui est aux commandes. Habitué des adaptation de licences à succès à la sauce muso, le studio doit cette fois revoir sa copie pour proposer un gameplay digne des manœuvres tridimensionnelles caractéristiques de l’animé. Et c’est un succès, on vous en parlait ici. Deux ans plus tard, après la sortie de la saison 2 que les fans auront attendus désespérément pendant 4 ans, le second jeu débarque à son tour et propose quelques modifications de gameplay qui viennent un peu équilibrer les forces entre humains et titans, on vous en parlait aussi.
Mais fini les attentes interminables, la saison 3 boucle à peine sa diffusion qu’Omega Force propose déjà de replonger dans l’univers manette en main avec Final Battle, une extension à A.O.T. 2. Le choix est judicieux, la marge de manœuvre pour améliorer encore la recette ne justifiait à mon humble avis pas un troisième opus indépendant, et le peu d’ajouts faits au jeu rend difficile le repassage en caisse. C’est pourtant ce que vous demandera Omega Force et avec un tarif affiché à 49,99€ en téléchargement (sans le jeu de base qu’il vous faut donc posséder) le ticket d’entrée est un tantinet salé. Une version boite est également dans les rayons, regroupant le jeu de base et l’extension, pour 69,99€, soit le prix d’un jeu neuf. Consolez vous en vous disant que l’intégralité de l’animé diffusé à ce jour est contenu dans la galette.
Passée cette déconvenue, lançons nous ensemble dans ce que Final Battle a à nous proposer. Au menu, un nouveau mode baptisé « épisode de personnages« . Mais qu’est-ce donc ? Derrière cette appellation un peu obscure se cache en fait un mode on-ne-peut plus classique d’une adaptation de manga : un déroulé séquentiel des évènements de la saison 3, à suivre à la manière d’un Naruto Ultimate Ninja Storm 4, ou encore d’un DBZ Budokai pour les plus vieux. Un arbre d’évènements composé de petits cristaux reliés les uns aux autres, qu’il faudra déverrouiller en visualisant la cinématique ou en triomphant de la bataille qu’ils contiennent. Un fonctionnement bien connu de quiconque a touché quelques jeux issus de mangas depuis ces 10-15 dernières années, et qui tranche malheureusement radicalement avec le mode Histoire du jeu de base, qui vous mettait au coeur de l’action avec votre propre personnage. Plusieurs raisons à cela, que je vais m’efforcer de clarifier ici.
La plus surprenante de toutes, c’est que chaque cristal représentant une bataille vous mettra aux commandes d’un personnage du manga prédéfini (vous aurez parfois le choix entre une poignée d’entre eux, mais cela se fait rare) dont le niveau, les attributs et l’équipement seront tout aussi figés que la difficulté de la bataille qui s’annonce. Aux oubliettes donc la montée en niveau de personnage, l’aspect RPG dans la fabrication et l’amélioration de l’équipement ou dans l’assignation de compétences. Il ne sera pas rare de contrôler le même personnage plusieurs fois de suite, à un niveau qui régresse parfois, avec un équipement qui change lui aussi. L’impression de lancer une escarmouche nous fait regretter la montée en puissance de nos héros du premier jeu ou de notre avatar du deuxième, bien que rebutant les premières heures. Si la fin d’une bataille rime toujours avec notation, récompense matérielle et financière, toutes ces acquisitions ne vous seront d’aucune utilité dans ce mode-ci. En effet, chaque pièce ou matériau récolté sera transféré dans les autres modes du jeu car purement et simplement inutilisable dans ce mode-ci ! L’expérience engrangée fera grimper la jauge de votre régiment mais pas le niveau de votre personnage. Pour ceux n’ayant pas encore joué au jeu de base, cela pourra par contre s’avérer pratique : en lançant le mode histoire de la saison 2, vous commencez avec une quantité astronomique de crédits et de matériaux pour vous équiper comme il se doit dès les premières minutes. Petit bonus : si vous possédez une sauvegarde de A.O.T : Les Ailes de la Liberté sur votre console au moment de lancer votre partie, vous gagnerez 50,000 crédits en guide de remerciement. Toujours bon à prendre.
Au rayon des surprises pas forcément attendues, c’est la mise en scène qui fait les frais du statut d’extension du jeu. Si celle de A.O.T. 2 alternait les cinématiques en 3D vue subjective, qui étaient plutôt réussies, et les moments un peu plus « balais-dans-le-cul » des passages secondaires, ces derniers écopent maintenant d’un plan fixe accompagné de vignettes animées pour laisser s’exprimer les personnages, à la manière d’un Valkyria Chronicles. Si quelques cinématiques persistent encore, c’est le rythme et l’immersion globale qui prennent une sacrée mandale dans les gencives, et l’envie de les zapper nous tiraille chaque seconde un peu plus. Peu surprenant par contre, quelques scènes passent à la trappe pour ne pas alourdir trop la progression de l’histoire, et le tout s’avère parfois un peu trop tronqué pour qui n’a pas tous les évènements en tête. Devant la longue histoire que représente le jeu complet, ce n’est pas forcément un mal.
Afin de proposer un os à ronger aux mordus des deux premiers jeux, Omega Force à agrandi l’arsenal a disposition des joueurs pour soumettre les Titans : l’équipement de manoeuvre tridimesnionnelles anti-humains inauguré par Kenny Ackermann dans le manga, ainsi que les Lances Foudroyantes mises au point par les ingénieurs de Hansi après le coup d’état de Erwin. Activables pendant un temps limité (au moyen d’une pression simultanée sur les deux joysticks) ces dernières se révèlent incroyablement (voir trop) efficaces, et permettent de se débarrasser des Titans en un coup, de manière générale. La manière d’appréhender les combats ne changera par contre pas d’un iota : vous exécuterez la même danse autour de votre cible jusqu’à avoir sa nuque à portée de tir.
L’équipement MTD anti-humain n’est, lui, pas limité dans le temps, en cela qu’il remplace votre équipement standard lorsque vous vous en équipez (auprès d’une tour de ravitaillement que vous pouvez créer sur le champ de bataille). Si les déplacements restent les mêmes, vous avez la possibilité d’utiliser plusieurs types de balles (normales, incendaires, paralysantes, explosives, etc) au moment d’attaquer votre cible. L’usure des lames est ici remplacée par le nombre de balles à votre disposition et le besoin de recharger. Beaucoup plus mobile à mes yeux, cet arsenal a l’avantage d’ignorer en grande partie l’angle avec lequel vous vous attaquez à une partie d’un Titan, exception faite de sa nuque, bien sûr. En contre-partie, lors du ciblage, le curseur affichera brièvement un cercle jaune, vous indiquant le moment opportun pour effectuer un coup critique. C’est ici que l’équilibrage en prend un coup : c’est à une avalanche de coup de feu destructeurs que vous soumettrez votre proie. Il est en effet possible de tirer à une main de manière précise pendant que vous vous balancez avec votre harnais, de tirer de manière continue sur la cible pendant que vous lui tournez autour, votre grappin bien aggripé dans sa chair, ou encore de lui faire plus de dégâts avec un tir double, à deux main, moins précis mais pouvant toucher plusieurs parties d’un titan, voire plusieurs d’entre eux. Avec les balles explosives équipées, je vous le dis, c’est un carnage pur et simple. Cerise sur le gâteau, ce n’est pas les lances foudroyantes dont vous vous équipez pendant un temps limité avec L3 et R3, mais deux énormes gatling qui transforment le moindre titan en passoire bon marché après quelques secondes. Curieux pour un équipement anti-humain, non ? L’ajout de tout cet attirail est louable, mais l’écrasante puissance de feu que cela représente fait passer les titans pour des moucherons, et l’équipement MTD classique pour une mode d’un temps révolu. Mais rien n’y fait, les sensations sont bien plus grisantes épées en main, je trouve.
Si vous pouvez vous équiper de l’équipement de MTD anti-humains, vous vous doutez bien que c’est le cas aussi de vos opposants… humains. Comme dans le manga, l’apparition de Kenny Ackermann vous propulsera aux commandes de Livaï au milieu d’une escouade complète équipée de la sorte, et vous n’aurez alors que vos lames à leur opposer. Leur vitesse de déplacement et leur nombre en feront des cibles bien différentes des Titans, mais surtout beaucoup plus fragiles : chaque coup ou presque annonce la mort de votre cible. Elles se montreront en plus vulnérables lors du rechargement de leur arme, pendant lequel une action contextuelle est possible afin d’en venir à bout instantanément. Un peu surprenant au début, ce jeu du chat et de la souris fonctionne plutôt bien, et vous demandera une énorme mobilité ainsi que de bons réflexes pour enchainer les assassinats avec talent. Malgré mon scepticisme, je dois avouer que Omega Force a su adapter ce revirement du manga avec brio.
Le studio en profite également pour renforcer quelque peu l’effectif des personnages jouables avec 4 ajouts : Kenny, dont je vous parlais plus haut, Traute, soldat de la 1ère division sous les ordres de Kenny, Nifa de l’escouade de Hansi, Flock, membre de la 104e brigade d’entrainement affecté à la garnison, et enfin Sieg, dont je ne dirai rien, par égard aux non-initiés. Bien que sympathiques, ces ajouts ne représentent pas une vraie plus-value, de part la nature du jeu même, dans lequel les personnages n’ont que peu de différences les uns par rapport aux autres. Si ce n’est leur capacité à se transformer en mastard et envoyer des patates de forains sur tout ce qui bouge.
Dernier gros morceau maintenant, le mode reconquête de territoires. A l’image des missions lancées par le bataillon d’exploration dans le manga, il s’agit de mener des combats sur des points stratégiques occupés par les Titans depuis la chute du mur. Chaque sortie en dehors de la base sera limité par un nombre de tours maximum, limitant les mouvements, le nombre d’affrontements possibles, etc. Installé dans une base sommairement équipée, chaque rixe sera l’occasion de récupérer des matériaux précieux qui vous permettront d’y rajouter les installations nécessaires pour mener à bien vos expéditions. Nombre de tours hors des murs, nombre de personnages dans le régiment, puissance de vos soldats, chaque installation améliorée vous permettra d’aller toujours plus loin dans la conquête. Vous commencez avec un personnage au choix parmi votre avatar ou les personnages du manga à débloquer au fur et à mesure du mode Histoire seulement, les missions seront le théâtre de rencontres avec les protagonistes comme les antagonistes, qui vous rejoindront une fois suffisamment de victoires remportées ensemble. C’est un très bon moyen de prolonger l’expérience de jeu, pour qui ne se lasse pas de « dénuquer » du Titan, ce qui est mon cas.
Conclusion
En sortant Final Battle comme extension au deuxième volet, Omega Force fait le choix judicieux de la surenchère de contenu sans y coller la facture d’un jeu complet, même si on s’en approche. La mise en scène au rabais et le renouvellement de gameplay tout relatif que représentent les nouveaux équipements ne gâchent en rien le plaisir de replonger encore une fois dans l’univers de Hajime Isayama, et d’avoir l’impression de proprement voltiger aux côtés d’Eren et compagnie une fois manette en main.
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