Godzilla, roi des monstres ou des navets ? [Critique]

Bryan Cranston Godzilla Gareth Edwards 2014 Band of Geeks

Godzilla à l’assaut d’Hollywood !

Dirigé par Gareth Edwards, le film Godzilla de 2014 est en fait la seconde adaptation hollywoodienne du monstre géant de la Toho après le très décrié Godzilla de 1998 par Rolland Emmerich, qui était d’ailleurs mon tout premier film Godzilla.

I don’t want YOU for the U.S.Army

Godzilla Gareth Edwards 2014 Band of GeeksLe Godzilla d’Edwards fait le pari ambitieux de proposer un film de monstres géants où la globalité de l’action se concentre sur les humains et plus particulièrement sur un soldat américain prénommé Ford. Cela donne à ce long métrage un côté « drama en zone de guerre avec quelques morceaux de Godzilla » assez dérangeant avec un protagoniste qui voyage dans l’océan pacifique, du Japon où il va chercher son père scientifique à Hawaii et pour finir dans la ville de Los Angeles où il devra retrouver sa femme et son fils, miraculeusement épargné par le catastrophique combat de Godzilla.

Cette focalisation sur les acteurs réels plutôt que Godzilla et les autres monstres aurait pu être une bonne idée, après tout c’est l’une des réussites de Shin Godzilla dont je vous parlerais plus en détails dans un prochain article, cependant ce Godzilla cru 2014 se vautre selon moi de façon lamentable.

Il y avait pourtant beaucoup de choses intéressantes à filmer avec un acteur comme Bryan Cranston, qui a incarné le papa de Malcolm et le célèbre Heisenberg sur le petit écran, mais Edwards préfère le tuer rapidement et nous faire suivre les aventures de son fils, Ford donc. Le souci c’est que Ford est aussi lisse et attachant qu’une flaque d’huile.

C’est un personnage cliché de films américains, qui sauve le monde dans des moments plein de bravoure parce que c’est un bon gars au fond de son petit cœur. A aucun moment du film on est intéressé par son histoire personnelle, par son passé ou le développement minimal que les scénaristes essaient de nous imposer.

Pire, en dehors des péripéties du petit Ford, Godzilla 2014 ressemble beaucoup à un film de propagande militaire et pas parmi les meilleurs en plus. L’armée américaine est au centre du long-métrage mais n’arrive jamais à impressionner : plutôt que de filmer des navires de guerre faisant rugir leurs canons contre un des mutants ou un bataillon de tanks tirant en synchronisation, l’action se concentrant principalement sur des opérations de commandos au sol ou des réunions de pontes, ce qui n’est pas vraiment impressionnant quand on a en face un dinosaure de 50 mètres crachant des flammes radioactives.

Bryan Cranston choque Godzilla Gareth Edwards 2014 Band of Geeks

Où-est Godzilla ?

Godzilla corps Gareth Edwards 2014 Band of GeeksC’est un peu le mystère du film, mais où est donc Godzilla ? Je comprends les intentions de Gareth Edwards, qui pensait qu’en montrant peu Godzilla et les autres mutants en les enveloppant de fumée, en les cachant avec des angles de caméras recherchés ou en ne montrant que très rapidement les combats, il arriverait à rendre les monstres plus impressionnants et mystérieux aux yeux des spectateurs.

Mais cela échoue totalement quand il faut attendre plus d’une heure de film, soit la moitié de ce qu’a à proposer Godzilla 2014, pour apercevoir plus qu’une fesse ou une arrête dorsale du géant radioactif de la Toho.

Et même quand on voit enfin Godzilla se battre, il ne faut pas cligner des yeux sous peine de le perdre de vue à l’écran. Je suis encore choqué de la première vraie scène où Godzilla se montre et qui ne dure pas plus de huit secondes, placées entre deux moments catastrophes où Ford sauve un petit japonais d’une mort certaine dans un métro suspendu.

Plutôt que de créer un côté mystérieux cela donne surtout l’impression d’avoir un long métrage avec comme invité vedette Godzilla. Je n’ai même pas eu l’impression de voir un film de monstres géants en regardant ce film mais plutôt une suite à Cloverfield de J.J Abrams.

C’est encore plus dérangeant quand le dernier combat entre Godzilla et les deux mutants du film, qui proposent d’ailleurs un design très américain et particulièrement raté à mon sens, est franchement sympathique à suivre malgré sa trop courte durée. On a même le droit à un coup de grâce de toute beauté et d’une brutalité assez formidable mais que je trouve très mal amené dans le film : le combat se termine sans qu’on ait vraiment eu l’impression qu’il commence et du coup plutôt que de profiter de cette fatalité de Godzilla, j’étais plutôt assis sur mon canapé en me demandant comment on pouvait déjà avoir terminé le combat.

Bryan Cranston barriere Godzilla Gareth Edwards 2014 Band of Geeks

Un crime contre l’humanité

MUTO Godzilla Gareth Edwards 2014 Band of GeeksOn pourrait croire après ces deux premiers paragraphes que ce que je reproche le plus au Godzilla de Gareth Edwards est de proposer un film au rythme mou, sans vraiment montrer de monstres géants et focalisé sur un personnage principal au charisme proche de l’huitre mais c’est faux.

Ce qui m’a le plus dérangé dans ce long, trop long-métrage c’est surtout de n’avoir aucun sens, aucun propos et de finalement finir aussi plat qu’un soufflé sorti trop tôt du four. Je m’explique :

Dans ce film, Godzilla est en fait le protecteur de l’humanité et le dernier rampart contre les monstres géants qui nous menacent. Comme j’en ai parlé avant, toute l’action du film tourne autour des humains et surtout de leur façon de se débarrasser des monstres, que ça soit Godzilla ou les deux « méchants » du film. Mais comme ces monstres mutants sont beaucoup trop forts pour une humanité finalement mal préparée à un tel conflit, c’est finalement à Godzilla de finir le travail comme le préconisait le scientifique japonais depuis le début de l’histoire.

On s’est donc concentré sur les actions futiles des humains pendant presque deux heures de film, sur un drama familial pas intéressant pour deux sous pour finalement se rendre compte que tout cela était complétement inutile et que Godzilla aurait réglé le problème seul, sans l’aide de personne. Le film se rate totalement dans sa façon d’aborder la catastrophe et aurait du filmer les conséquences du passage des monstres dans les villes plutôt que de proposer une action molle et trop militarisée.

Heisenberg Bryan Cranston Godzilla Gareth Edwards 2014 Band of Geeks

En conclusion de ma critique de Godzilla 

Je pourrais aussi vous parler de la photographie de ce film, qui a sans doute été développé en chambre noir tant tout est sombre, beaucoup trop sombre. Ou encore dédier un passage entier de ma critique au montage atroce de ce film, qui coupe très régulièrement ses plans et séquences au point de vous donner le tournis.

Mais le plus important pour conclure cet article me semble de parler du propos d’un film. Si j’ai tant adoré Shin Godzilla, c’est parce que ce film proposait une vision assez originale du film de catastrophe où l’on observe avant tout la réaction de l’appareil politique et militaire face à une menace inconnue. Le film est assez critique sur le fonctionnement de certaines structures au Japon et propose donc en plus de très bonnes scènes d’action, une reflexion.

Je ne suis absolument pas contre les films d’actions sans un propos intéressant derrière, j’aime par exemple beaucoup Piège de Cristal ou Predator, par contre les longs métrages comme Godzilla 2014 et les productions Marvel m’angoissent.

Je trouve ces films simplement mauvais, mal tournés, mal écrits et malgré quelques acteurs que j’apprécie, je n’arrive simplement pas à y trouver un plaisir même coupable en le regardant.

Si vous voulez vous faire plaisir avec un film de monstres géants réalisé par un Nord Américain, je ne peux que vous conseiller de foncer sur Pacific Rim, qui malgré ses défauts reste un meilleur film de genre que le Godzilla de Gareth Edwards. Et si l’aventure Godzilla vous tente, pourquoi ne pas commencer par l’exceptionnel Shin Godzilla ?

Quentin Verwaerde
Plop ;3
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