Le spoiler, un ami qui vous veut (vraiment) du bien
Le spoiler c’est un peu le boss final de l’internet, le Némésis que personne ou presque ne veut croiser et qui arrive sans crier gare chez vous en enfonçant la porte à coup de pied. A cause de sa présence il devient même parfois compliqué de discuter d’un jeu de façon civilisée : on a l’impression de marcher sur un champ de mines où le simple fait de révéler une banalité dans le dernier jeu à la mode peut déclencher une crise de larmes ou une attaque de panique.
Comme en cuisine, tout est affaire de mesure
Déjà il me semble important de clarifier une chose : non, parler d’un continent à visiter dans le dernier Final Fantasy XV ou dire qu’on peut rencontrer un PNJ avec le visage d’Iwata dans Zelda : Breath of the Wild n’est pas un spoiler. Je vois de plus en plus de personnes hurler au spoil dès qu’elles apprennent le moindre détail sur un jeu ou qu’elles aperçoivent quelques secondes d’une vidéo promotionnelle et c’est juste lassant.
Le spoiler consiste à dévoiler un point majeur ou important d’un scénario ou d’une histoire, pas de vous faire savoir qu’on peut bricoler une voiture volante dans Final Fantasy XV ou que Nathan Drake voyage en France dans Uncharted 3.
Une question d’écriture !
Mais revenons aux spoilers, les vrais, les durs, ceux avec des poils et qui font pleurer certaines personnes sur internet.
Je comprends parfaitement qu’on veuille découvrir le jeu à sa sortie, manette en main et pas devant son écran de pc via des messages d’inconnus ou au détour d’une conversation avec un ami. Cependant je trouve les réactions face aux spoilers démesurées, j’ai parfois l’impression que les révélations qu’on peut faire sont tout ce qui compte dans une histoire et qu’elles sont à elles seules capables de gâcher l’œuvre et tout le plaisir de la découverte.
Connaître la fin d’une histoire ou même un point important de son développement ne signifie pas que cette histoire ne sera pas pleine de surprises. Même en connaissant déjà la fin de Persona 4 The Golden, j’ai réussi à être surpris par la façon qu’a eu le jeu de tourner ses événements et de nous amener à sa conclusion.
Et c’était la même chose pour NieR où je connaissais déjà le sort réservé à Papa NieR avant même d’insérer le CD dans ma console. Pourtant cela ne m’a absolument pas empêché d’être surpris par l’écriture du jeu, choqué par certains moments et traumatisé par la violence émotionnelle de son final.
Cela me permet aussi d’aborder un point très important, les retournements de situations et les nœuds scénaristiques, qui sont des cibles principales des spoilers, ne sont pas des fins en soi. Une bonne histoire ne vit pas de ses révélations, elle les utilise pour se développer et amener des situations nouvelles ou encore des changements dans le comportement de ses personnages.
Il est aussi important de garder en tête que conserver les révélations pour la fin d’un récit c’est se condamner à ne pouvoir développer proprement son histoire et ses personnages. Un travers dans lequel tombe d’ailleurs Persona 5 et qui m’a largement gâché le jeu.
De Shakespeare à Scream
Il me parait aussi très important de souligner un point qu’on néglige souvent : les histoires s’appuyant uniquement sur des révélations fortes sont à l’écriture de qualité ce que sont les jump scares au cinéma d’épouvante. Ce sont des histoires sans grande qualité et en vérité si un spoiler vous gâche un jeu ou même un film c’est sans aucun doute que l’écriture de son scénario était faible, qu’elle manquait de développement et que vous feriez mieux de passer votre temps sur un produit avec de meilleurs scénaristes au générique.
Pour appuyer mon propos, je pense qu’il est important de mentionner un livre que j’ai lu quand j’étais jeune et qui m’a particulièrement marqué, Le Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux. Il s’agit d’un roman policier très célèbre où un jeune reporter tente d’élucider un crime commis dans une chambre apparemment fermée de l’intérieur. Mais là où le Mystère de la chambre jaune m’a fasciné, c’est qu’il ne se contente pas d’être une simple enquête où il faut absolument trouver un coupable pour terminer l’histoire. On découvre au fil des pages des personnages aux motivations parfois étranges, avec des passés qui se croisent et surtout un tas de détails absolument fascinants.
Ce que je veux souligner c’est que Gaston Leroux a réussi à transformer une histoire tournant autour d’une révélation, le comment d’un tel crime, en une histoire complexe et qui arrive à dépasser le simple intérêt de cette révélation. Au final c’est toute l’histoire qui importe, plus seulement le modus operandi du criminel.
Mais il me semble aussi important de parler de mon expérience personnelle avec les spoilers et de la façon dont j’aborde certains jeux et films. Au détour d’une conversation sur un jeu-vidéo, Messire Nicolas m’avait avoué lire parfois la fin d’un roman avant de le commencer et je dois avouer que j’ai trouvé l’idée assez étrange voir presque stupide. Après tout lire la fin d’un roman c’est se gâcher le plaisir non ?
Mais comme je suis quelqu’un de très curieux de nature, j’ai voulu essayer ce dont il me parlait en commençant une visual-novel dont je connaissais déjà la fin grâce à quelques spoilers trainant sur l’internet. Et la révélation que j’ai eu, c’est qu’à aucun moment dans mon temps de lecture je n’ai eu l’impression de perdre quelque chose.
Au contraire avec l’expérience et en continuant à me spoiler certaines œuvres avant même de les regarder, j’ai appris à mieux apprécier certains films ou à simplement avoir un avis plus critique sur certains livres, jeux ou films et leur construction scénaristique.
Spoiler : c’est déjà la fin de mon article
Les spoilers peuvent être une nuisance, surtout dans les milieux geeks où certaines conversations deviennent impossibles à cause de joueurs, lecteurs ou amateurs de séries un peu trop sensibles aux révélations.
Je comprends cependant parfaitement que l’on veuille découvrir une œuvre tout seul, et je trouve cela d’ailleurs assez énervant de voir des gens essayer de gâcher le plaisir de la découverte à d’autres en faisant tout pour divulguer la fin d’un jeu attendu. Sauf quand il s’agit d’expliquer aux fans de Zelda ou Mario que le boss final de leur dernier jeu sera Ganon, une version alternative de Ganon ou Bowser parce que j’ai beau être tolérant, j’ai mes limites avec les gens à qui il faut expliquer que le feu brûle.
Connaître la fin d’une histoire avant de la découvrir est une expérience assez spéciale, qui permet de vraiment mieux cerner le développement de certains personnages, de l’intrigue ou encore de remarquer des détails qui pourraient passer inaperçus avant un second visionnage de l’œuvre.
C’est déjà l’heure de nous quitter mais j’espère sincèrement que cet article fera au moins réfléchir quelques personnes sur le spoiler et leur façon d’aborder une œuvre. N’hésitez pas à partager en commentaire votre ressenti sur le spoiler ou le fait de vous faire raconter la fin d’une histoire, et à très bientôt sur Band of Geeks !
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