« Vivre, c’est prouver qu’on vit ? » Cette question, posée par Bibi (ou Vivi pour les puristes) de Final Fantasy IX prend tout son sens dans NieR Automata. En effet, dans un combat pour la reconquête de l’humanité dans lequel des androïdes affrontent des machines, on peut se demander ce qui définit le fait d’être vivant. Comme pour NieR (qui est pour moi un des meilleurs jeux de la génération PS360 tous genres confondus) le nouveau titre de Yoko Taro a su, à sa façon, m’éblouir et me faire réfléchir sur ma condition. Explications.
NieR Automata : Chef d’œuvre mécanique
Je vous le dis, j’ai longtemps hésité avant de lancer NieR Automata. Parce que comme je l’ai précisé en préambule, le premier NieR m’avait marqué à vie et j’appréhendais vraiment ce nouveau titre. Pour plusieurs raisons à dire vrai. La première c’est qu’il était pour moi difficile de concevoir un titre dans le même univers que le premier tant il me semblait impossible de retrouver la même intensité émotionnelle. La seconde c’est que le studio qui l’a développé n’était plus Cavia mais Platinum Games et autant j’aime leurs différentes productions (Bayonetta est exceptionnel) autant elles sont beaucoup trop orientées action et j’avais peur que cela nuise à l’ambiance que je recherche dans ce type de jeu. Et enfin, la dernière raison c’est le côté « hyper-sexualisé » de l’héroïne 2b. Sur les deux premiers points, le jeu m’a agréablement surpris, mais sur le dernier, et bien disons que je n’ai toujours trouvé aucune justification à avoir mis une telle tenue à 2b à part assouvir le fantasme de Yoko Taro et motiver de nombreuses cosplayeuses à essayer d’être aussi sexy. Au final ce n’est pas si grave même si certains plans sont toutefois un peu abusés, mais on dira que c’est la marque de fabrique de Platinum Games car avec Bayonetta on avait l’habitude de ce genre de choses.
Pour parler de l’histoire de NieR Automata en elle-même on incarne l’androïde 2b qui doit effectuer des missions pour le compte du groupe Yorha. Ce groupuscule, entièrement constitué d’androïdes a pour objectif de reconquérir la Terre qui a été attaquée par des extra-terrestres aidés de machines il y a de cela de très nombreuses années, obligeant la race humaine à trouver exil sur la Lune. Évidemment, les androïdes ont été fabriqués avec une forme très proche de celle des humains (ce qui explique peut-être finalement pourquoi 2b est habillée de cette manière) mais leur puissance est bien entendu incomparable. Soutenu par un Pod qui la conseille et analyse toutes les situations en temps réel, 2b va, avec l’aide de 9s, un androïde masculin, exécuter les ordres et tenter de mettre fin à l’hégémonie des machines sur Terre. Mais bien évidemment, tout n’est pas noir ou blanc dans NieR Automata et Yoko Taro sait y faire et pousse le joueur à se questionner constamment. Ainsi, si au début on ne croise que des machines belliqueuses, on se rend compte qu’elles ne sont pas toutes comme ça et même qu’elles possèdent parfois une intelligence certaine. Sommes-nous donc vraiment les gentils de l’histoire ou bien est-ce plus compliqué ?
Mais outre ces questionnements et autres joyeusetés, NieR Automata reste avant tout un jeu vidéo et il se devait de proposer une technique et un gameplay à la hauteur. Le premier NieR pêchait par certains aspects, sa technique par exemple qui était vraiment à la ramasse ou encore un système de lock inexistant qui rendait certaines joutes assez compliquées. Cette suite se rattrape avec une possibilité de lock par le biais d’une simple touche et un moteur graphique plus qu’honnête. Les graphismes ne sont peut être pas ce qui se fait de mieux sur PlayStation 4 mais la direction artistique exceptionnelle ne peut qu’être saluée. Bien sûr, cette dernière ne sera probablement pas du goût de tout le monde, notamment en ce qui concerne les habits de 2b par exemple mais force est de constater qu’il y a eu beaucoup de travail dessus. Le design des personnages importants est loin d’être générique et on s’attache aux différents protagonistes avec assez de facilité (même si personnellement le personnage de 9s m’insupporte toujours au plus haut point). Les décors sont dans un style « Terre dévastée et laissée à l’abandon » très réussi puisqu’on sent bien que plus personne n’habite ici depuis longtemps à part les machines qui ont colonisé l’endroit. Alors certes, les décors ne fourmillent pas forcément de détails incroyables (et on note parfois un léger retard dans l’affichage de certaines textures) mais ils font le job. Et la variété est tout de même de mise avec un monde semi-ouvert contenant les restes d’une ville, un désert, un ancien parc d’attractions et une forêt.
Mais si Platinum Games n’a jamais brillé par ses graphismes détaillés c’est parce que son talent se situe ailleurs, dans le gameplay. Alors évidemment, ceux qui connaissent leurs différentes productions seront en terrain connu puisqu’on retrouve un peu les mêmes mécaniques avec notamment ce fameux système d’esquive qui arrête le temps. Bien maîtriser ce système permet de combattre avec aisance même les ennemis les plus retors. On peut également jongler entre plusieurs types d’armes et enchaîner les combos. Le niveau des ennemis étant affiché, il faut toutefois faire attention à ne pas s’attaquer à plus fort que soi. Car oui, NieR Automata possède des mécaniques de JRPG. J’ai eu la discussion avec mes amis du blog et aucun d’entre nous ne qualifie le jeu de la même façon. Pour moi il s’agit d’un JRPG incluant des phases de gameplay alternatifs (comme les phases de shoot’em up) notamment parce qu’outre le fait que l’histoire soit relativement dirigiste, on y suit quand même l’évolution mentale et morale d’un personnage dans une quête qui le dépasse. Et si les combats ne possèdent aucune transition (on voit les ennemis et on combat de suite) et sont vraiment orientés action j’ai du mal à me dire que le titre est un pur Beat’em up. Parce qu’il faut le savoir, 2b (mais également les deux autres personnages jouables ensuite) sont personnalisables de A à Z.
Il existe en fait un système de puces qui permettent de modifier l’androïde selon ses besoins. Ce que l’on prend pour acquis dans les autres titres comme la carte ou les informations qui s’affichent à l’écran sont ici optionnelles. En effet, le personnage possède plusieurs « slots » de puces et chacune prend plus ou moins de place. Il existe donc différents types de puces à associer à votre personnage. Ce qui concerne le hub n’est pas très gourmand (en général 1 ou 2 slots) mais les capacités de défense, d’attaque ou de soutien coûtent bien plus chères, surtout à des hauts niveaux ! Car oui, les puces peuvent (doivent) être améliorées. On peut le faire par le biais d’un magasin spécialisé et il faut en fait fusionner des puces identiques et de même niveau pour en avoir une d’un niveau supérieur (et tout ceci coûte de l’argent évidemment). Les puces se trouvent sur des ennemis mais aussi en magasins pour certaines. Le système est à la fois ingénieux et tellement crédible (modifier un androïde parait une évidence) qu’on se prend vite au jeu. D’autant que les possibilités sont nombreuses. Pour ma part j’avais augmenté l’attaque, la défense et ajouté des techniques qui restauraient ma vie pour chaque coup porté à l’ennemi. Pratique croyez-moi.
Pour ce qui est des combats pas grand-chose à critiquer dans ce NieR Automata puisque les joutes sont la spécialité de Platinum Games. Nerveux, stylés et jouissifs, les combats ont beau être récurrents et au centre du jeu on ne s’en lasse pas. Parfois on va même attaquer des ennemis non agressifs simplement pour le plaisir de tester des nouvelles combinaisons de puces. Mais les armes ne sont pas en reste puisqu’il existe plusieurs types d’armes dont les katanas qui sont comme vous vous en doutez mes armes favorites. On associe en fait une arme aux attaques basiques () et une arme aux attaques fortes (). Les combinaisons sont donc multiples avec la possibilité d’enchaîner quelques coups faibles au katana avant de finir l’adversaire à la lance avec des attaques puissantes. La possibilité d’avoir deux « sets d’armes » actifs et de passer de l’un à l’autre rapidement permet aussi de s’éclater en combats. Par contre à dire vrai une fois que j’avais trouvé ma combinaison d’armes j’ai très peu utilisé les autres. Et sachez-le, les armes aussi peuvent monter de niveau chez le forgeron. Il vous suffira de trouver les matériaux adéquats (récompenses de missions, sur les ennemis, dans les coffres…) et d’allonger la monnaie pour augmenter les capacités de destruction de vos armes fétiches.
Et puisque je mentionne l’argent, il en faudra pour faire évoluer 2b mais aussi pour acheter des objets plutôt utiles comme des potions et autres éléments pratiques pour restaurer la vie en combat ou pour devenir plus puissant pendant quelques secondes. La monnaie du jeu se trouve en réussissant des missions, dans des coffres ou bien en tuant des ennemis. On peut aussi revendre des objets superflus pour se refaire une santé financière. Par contre les armes étant uniques il est impossible de s’en séparer. Un peu déstabilisant mais au final on s’y fait. Sinon pour la première fois dans un jeu il est possible d’acheter les trophées (avec l’argent du jeu je précise). Je vous l’avoue sans honte j’ai bien entendu utilisé cette fonctionnalité pour obtenir le platine. Ce qui fait de Nier Automata un des platines les plus simples à obtenir de toute la ludothèque PS4 ! Si l’idée ne fera pas l’unanimité je dois admettre que pour ma part j’en suis fan. Pourquoi ? Et bien parce qu’il s’agit probablement d’un des pieds-de-nez les plus réussis de Yoko Taro envers les joueurs qui se prétendent meilleurs que les autres. Rassurez-vous tout de même il faut avoir fini le jeu avant d’accéder à cette fonctionnalité mais l’idée est vraiment très drôle.
Si le gameplay et la technique ont été travaillés, il en va de même pour le reste du jeu puisque les doublages anglais ou japonais sont de la partie (comme toujours j’ai préféré choisir ces derniers) et que la traduction française des textes est impeccable. Le premier NieR possédait une des meilleures OST jamais sortie et cette suite fait clairement aussi bien. Les thèmes sont époustouflants et on les garde en tête très longtemps, même lorsque la console est éteinte depuis plusieurs heures. Le reste de l’ambiance sonore ne démérite pas avec d’excellents bruitages. La variété est en tout cas au rendez-vous puisqu’en plus des phases d’exploration (à pied ou à dos d’animal) et de combats, NieR Automata propose des phases issues tout droit d’un shoot’em up comme R-Type par exemple. De même, le personnage de 9s vous permettra de pirater pas mal de choses (dont les ennemis) avec un mini-jeu qui devient par contre vite lourd. Pour ma part j’ai détesté les phases de piratage obligatoires, certaines étant vraiment difficiles (alors même que j’avais mis le jeu en Facile). Une variété de gameplay qui empêche en fait le jeu d’être classé dans une catégorie particulière mais c’est aussi ce qui fait son charme.
Niveau durée de vie j’avoue ne pas avoir été surpris, on est dans la moyenne du genre avec une bonne soixantaine d’heures si on souhaite tout faire. Parce que le nombre de quêtes annexes est tout même élevé. Et comme on dirige au final trois personnages différents tout au long de l’aventure on a vite fait de passer du temps à aider les nombreux PNJ. Une fois le jeu terminé on a même accès à la sélection des chapitres qui permet de faire les quêtes annexes qu’on a pu rater. Cette idée est vraiment sympathique puisque la plupart des quêtes annexes ont beau être de type Fed-Ex, elles sont en général bien scénarisées et aident à étoffer le lore du jeu. D’ailleurs, alors même que dans la plupart des jeux les quêtes annexes servent principalement à faire évoluer le personnage ou rajouter de la durée de vie, dans NieR Automata la plupart approfondissent vraiment l’univers et les personnages secondaires. On comprend ainsi mieux les motivations de certains personnages et cela crédibilise vraiment le monde du jeu.
Conclusion
Je pourrai parler des heures de NieR Automata tant il m’a touché. Je veux dire, qu’est ce qui définit vraiment l’être humain ? Ses émotions ? Son ADN ? En jouant au titre de Yoko Taro j’ai pu me demander si effectivement des machines avec des IA et des androïdes pourraient être plus humain(e)s que nous. A mes yeux il reste tout de même en dessous du premier NieR, notamment en terme d’émotions, mais il est clair que son rang de « jeu à part » n’est pas usurpé et je ne peux que vous inviter à le tester si jamais vous aimez les jeux bourrés d’action, avec un scénario prenant, des personnages charismatiques et une OST à se damner. Yakuza Kiwami 2 reste mon GOTY 2018 mais je peux vous assurer que NieR Automata est dans le top 3…
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