Qui n’a jamais pensé ne serait-ce qu’une seule fois « Si seulement je pouvais revenir en arrière ! » ? C’est avec cette idée en tête que les développeurs de DontNod (à qui l’on doit notamment le controversé Remember Me) ont créé Life is Strange. Sorti en 2013 sur plein de supports différents, le jeu ne m’avait cependant pas plus attiré que ça malgré tous les excellents retours que j’ai en ai eu (notamment par ma femme). Mais dernièrement je cherchais un jeu « pas très long » à finir (en attendant les prochains Shenmue I et II ou encore Yakuza Kiwami 2) et je me suis dit « Pourquoi pas ? » alors je l’ai lancé. Bonne idée ou temps définitivement perdu ? Réponse de suite.
Life is Strange, une aventure (in)temporelle ?
Jouer à Life is Strange est une expérience étrange qui va à l’encontre même de ce qu’est à l’origine le jeu vidéo. En effet, pouvoir revenir sur un choix effectué est une chose qui n’a que rarement été possible dans cet univers. Mais c’est en partant de ce constat que l’on peut apprécier le titre comme il se doit. Incarner la jeune Maxine Caufield, aka Max, a été un grand moment de jeu vidéo pour moi. Ce personnage, une jeune fille de 18 ans, revient dans la ville d’Arcadia Bay, après l’avoir quitté pendant 5 ans, afin d’étudier dans la prestigieuse école de Blackwell dans laquelle enseigne le photographe de renom : Mr. Jefferson. Le titre démarre d’ailleurs pendant un de ses cours et on se familiarise avec le gameplay qui consiste principalement à regarder des éléments du décor et interagir ici avec à la manière d’un point’n click. Si comme pour beaucoup de jeux narratifs (tel Game of Thrones ou encore The Wolf Among Us de Telltale) les interactions sont assez limitées, bien explorer chaque zone vous permettra de prendre des photos optionnelles (dont chacune vous rapportera un trophée) ce qui rajoute un peu d’intérêt à ces phases de déplacement.
Le jeu débute donc dans cette salle de classe où on se rend compte que Max n’est pas forcément la meilleure élève de sa promo. Le cours se termine et on se rend dans les toilettes où, après avoir pris une photo d’un superbe papillon bleu, on voit deux élèves rentrer et se disputer jusqu’à ce que le jeune homme sorte un pistolet et tue la jeune fille. A ce moment-là, on se retrouve dans la salle de classe avec une impression de déjà-vu. Et Max se rend compte alors qu’elle a vu l’avenir et qu’elle peut « revenir dans le temps ». Et donc qu’elle peut influencer le cours des choses. Et je dois l’avouer, c’est une chouette idée. Et d’avoir placé ce pouvoir précis dans un personnage qui va à l’université est encore plus ingénieux. Parce que si on excepte ce pouvoir digne d’un de mes TFM2A, ce Life is Strange propose un univers tout ce qu’il y a de plus crédible. Et cela est d’autant plus vrai avec cette galerie de personnages qui loin de n’être qu’un amas de clichés, est riche, variée et surtout très réaliste. Notre introvertie Max, en opposition complète avec sa délirante meilleure amie Chloé qui connait des soucis depuis que son père est décédé dans un accident et que notre Max l’a « abandonnée » en déménageant. Mais on pourrait également citer le proviseur Wells, Joyce, la mère de Chloé et tant d’autres personnages « secondaires » qui ont reçu le même traitement que les principaux dans leur écriture.
Et c’est pour moi une des vraies forces de ce jeu : l’écriture. Car si les personnages ne sont pas négligés, il en va du même du scénario qui est prenant de bout en bout. Chloé recherche en effet Rachel Ambers, sa nouvelle meilleure amie après le départ de Max (qui n’a même pas pris la peine d’envoyer un sms pendant 5 ans…) et qui a mystérieusement disparue. Mais voilà, Max a aussi des camarades de classe qui sont sympas (ou pas) avec elle et on doit gérer tout cela du mieux que l’on peut. Car si certains choix ont des conséquences insignifiantes, d’autres au contraire sont primordiaux dans l’évolution du scénario. Et c’est en cela que le titre est est une réussite puisque l’on peut décider de revenir en arrière si on a l’impression qu’un de nos choix n’est pas le bon ou qu’on aurait dû faire/répondre autre chose. Exemple tout bête au début du jeu : Dois-je prévenir le principal du lycée sur la présence d’un élève armé au sein de l’établissement ou lui cacher ? En sachant que les deux auront des répercussions à court et long terme sans qu’on puisse vraiment les deviner. Et il en va ainsi tout le long du jeu. Ce dernier, divisé en 5 épisodes (encore à la manière des jeux Telltale), connait tout de même des moments plus « calmes » que d’autres. Ce que je veux dire c’est que certaines phases peuvent paraitre longues ou moins intéressantes que d’autres mais il faut bien le savoir, tout est important. Et ce pouvoir de remonter le temps est vraiment très bien utilisé car ce n’est pas non plus infini ou sans limite. On peut revenir sur quelques actions mais si vous changez de zone alors le jeu accepte que vous avez fait vos choix.
J’ai été assez perturbé d’ailleurs au départ puisque je pensais vraiment qu’on pourrait visiter des zones et revenir en arrière sans problème et j’ai donc raté quelques choix et actions au début du jeu. Mais rien de fou rassurez-vous. Il m’est toutefois difficile de vous expliquer pourquoi Life is Strange est prenant sans vous spoiler donc je vais plutôt parler du jeu en lui-même sans mentionner le scénario mais sachez-le, il est plus que très bon ! Techniquement, le titre n’est pas vilain et possède une belle direction artistique qui compense sa technique un peu faiblarde (le niveau de détails n’est pas fou et les zones sont rarement très vastes). Néanmoins, il possède une vraie identité visuelle et si les décors ou les personnages ne laissent pas le joueur pantois, ils ont le mérite de crédibiliser l’univers créé et sont assez réussis pour attacher. Enfin moi en tout cas je me suis plu à retourner sur les bancs de l’école (bien que Max n’aille que très peu en cours finalement) et à m’imaginer à l’époque si j’avais reçu un tel pouvoir. L’idée de transposer un tel pouvoir dans un monde qui est par ailleurs le notre (de nombreuses mentions à des personnes et des lieux réels sont posées ça et là tout au long du jeu) est tout simplement géniale car cela renforce l’immersion mais également notre empathie par rapport aux personnages. Et même si leur aspect graphique n’est pas ce qui se fait de mieux en 2018, il est impossible de mettre en défaut l’ambiance sonore de Life is Strange. Que ce soit les doublages qui ont reçu le plus grand soin ou encore l’OST tout bonnement géniale de bout en bout avec même de « vraies » chansons issues du monde réel. Mention spéciale à cette sublime chanson qui réveille Max au début du deuxième épisode :
Niveau durée de vie, on est vraiment dans la moyenne de ce qui se fait dans ce type de jeu et selon si vous prenez le temps ou non de tout examiner le temps passé dessus pourra varier de moins d’une dizaine d’heures à une petite quinzaine. La rejouabilité de Life is Strange est vraiment bonne puisque si comme moi vous n’êtes pas tout à fait satisfait de vos choix sur votre première partie alors vous pourrez changer tout cela sur un second run en vous concentrant uniquement sur les choix que vous voulez obtenir. D’autant que le gameplay permet à n’importe qui de se mettre dans la peau de Max, apprentie détective en herbe et remonteuse de temps. Très peu de boutons sont utilisés, aucun QTE relou à l’horizon et un (superbe !) carnet récapitulatif des choses importantes à la manière du journal intime de Max aideront même les moins habitués au style de jeu. Dontnod a vraiment fait du bon travail en proposant un gameplay simple d’accès mais moins limité que ce que proposent les jeux habituels du même genre.
Conclusion
Pour ma part Life is Strange est un excellent jeu. S’il ne vous transcendera pas par sa technique, vous devriez franchement vous éclater à aider Max et Chloé à retrouver Rachel en faisant mumuse avec le temps. L’idée de base est géniale et est parfaitement adaptée au gameplay qui est très acessible. Avec ses personnages travaillés, son scénario prenant et son OST excellente, impossible de faire l’impasse sur un tel jeu. Le deuxième opus arrivant le mois prochain il serait peut être temps de vous mettre à celui-ci si vous ne l’avez toujours pas fait. Je n’ai pas regretté un seul instant de lancer Life is Strange tant il a été une bouffée d’air frais entre deux titres plutôt longs. N’hésitez pas à y jouer, vous ne le regretterez pas.
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