Test Shadow of the Colossus [PS4]

Shadow of the Colossus écran titre

« A quoi seriez-vous prêts par amour ? » C’est à cette question implicite que doit répondre le joueur lorsqu’il démarre Shadow of the Colossus. Pour ceux qui l’ignoreraient, le jeu est à l’origine sorti sur PlayStation 2 (et a même eut droit à sa réédition HD sur PlayStation 3). Il s’agit bel et bien du même titre, mais le studio BluePoint a voulu exploiter les capacités de la PlayStation 4 pour le sublimer et en livrer la meilleure version possible avec ce remake. Je viens à peine de finir le jeu que je vous écris cette critique à chaud. Parce que Shadow of the Colossus n’est pas un simple jeu, c’est une expérience inoubliable. Explications.

Shadow of the Colossus ou l’amour plus fort que tout

Shadow of the Colossus Wander s'approche d'un colosseJe vous le disais dans l’introduction mais Shadow of the Colossus pousse à se poser une question : « Est-on capable de tout par amour ?« . Le personnage que j’incarne : Wander, est en route vers des terres sacrées et interdites sur son fidèle destrier : Agro. Il porte dans ses bras une jeune femme tout de blanc vêtue et visiblement décédée. Après avoir traversé un pont immense, j’arrive dans un sanctuaire où repose un autel. Wander couche la jeune femme dessus et prie une entité nommée Dormin de la ressusciter. Ce dernier accepte si j’arrive à vaincre 16 colosses éparpillés dans ces terres isolées.

Accompagné de mon fidèle Agro je débusque le premier colosse. Il est effectivement immense et je dois lui grimper dessus pour trouver ses points faibles et les frapper de mon épée. Je reste subjugué par la grandeur de mon adversaire mais j’arrive facilement à m’agripper à lui grâce à sa toison bien fournie. Il se débat pour essayer de me faire chuter mais c’est sans espoir, ma lame plonge une dernière fois dans sa chair, faite d’un curieux mélange entre minéral et végétal.

Le colosse agonise et s’effondre. C’est alors qu’un rai de lumière noire s’échappe de son cadavre encore chaud pour s’infiltrer dans mon propre corps. Je m’évanouis et me réveille dans le temple du début. La voix de Dormin m’indique déjà le prochain colosse à exécuter. Je me sers alors de mon épée pour renvoyer les rayons du soleil afin de m’indiquer la route à suivre.

Shadow of the Colossus Wander renvoie les rayons du soleil avec son épée
L’épée renvoie les rayons du soleil pour indiquer le chemin.

Le monde dans lequel je me balade est immense mais il n’y a pas âme qui vive. Seuls quelques lézards (dont certains ont une queue blanche qui peut augmenter ma jauge d’endurance) et quelques petits animaux (poissons et oiseaux) se promènent ça et là. Si le monde est plutôt joli je ressens comme une sorte de malaise à le parcourir et à aller déranger les colosses dans leur sommeil pour les occire. Mais voilà, je le dois pour ramener ma dulcinée à la vie. Peu importe le prix à payer. Si je ne croise personne de vivant, quelques sanctuaires dispersés me prouvent qu’il y a eut une vie humaine ici autrefois.

Me voilà donc parti à la chasse aux colosses. Je dois trouver le(s) point(s) faible(s) de ces derniers pour avoir une chance de réussir ma mission. Mais ce n’est pas de tout repos car si les premiers sont assez faciles à vaincre, on arrive vite à des colosses qui se défendent et attaquent. De plus, il faut parfois utiliser le décor contre eux pour les vaincre. Les combats ne sont clairement pas une histoire de force mais d’intelligence. Il faut savoir où se mettre, comment grimper et atteindre les points faibles pour ensuite les transpercer avec l’épée. Je possède également un arc et des flèches (infinies) qui me permettent, à défaut de leur faire mal, d’attirer l’attention des colosses lorsque j’en ai besoin. Pour eux je le sais, je ne suis qu’un insecte et ils veulent m’écraser telle une mouche dans la soupe. Malgré tout je ne me laisse pas démonter et vais les débusquer où qu’ils se terrent afin de les terrasser.

Shadow of the Colossus Wander sur le colosse volant
Voler c’est classe mais gare à la chute !

Le gameplay de Shadow of the Colossus est identique à celui la version PlayStation 2, ce qui signifie une certaine rigidité et une lourdeur dans les mouvements. Les problèmes de caméra peuvent également intervenir comme à l’époque. Maintenir la touche R2 me permet de rester accroché aux colosses même lorsqu’ils se débattent. Je dois juste faire attention à mon endurance car si elle est vide je tombe et parfois de très haut ! Les points vitaux des colosses apparaissent clairement lorsque je suis à côté équipé de mon épée sacrée. Il s’agit d’ailleurs de la seule arme capable de les blesser.

Entre deux combats j’arpente les terres de ce monde perdu et je me pose des dizaines de questions : « Pourquoi tuer les colosses ? Pourquoi ces terres sont-elles désertées de toute vie humaine ? Qui est Dormin ? Va-t-il tenir sa promesse ? Ai-je le droit de terrasser ces colosses sans bouleverser un quelconque équilibre dans cet univers ? Comment fait Agro pour arriver en même temps que moi au temple après chaque colosse vaincu ? » (oui certaines questions ont moins d’intérêt que d’autres je vous l’accorde).

Mais c’est justement le temps « libre » entre chaque combat qui permet de se remettre en question. Parce qu’on sent que ces colosses ne sont clairement pas hostiles et ne font que se défendre. J’en viens ainsi à me poser la question ultime : « Ai-je le droit de prendre plusieurs vies pour en sauver une seule aussi importante soit-elle pour moi ?« . Je vous avoue que j’en suis encore tout retourné.

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Je crois que c’est là le vrai pouvoir de Shadow of the Colossus et c’est certainement ce qu’a dû vouloir faire Fumito Ueda quand il l’a développé (je rappelle au passage qu’on lui doit également Ico ou encore le récent The Last Guardian). Le jeu prend vraiment aux tripes et au fur et à mesure que j’avançais, semant la mort et la destruction sur mon passage, je me demandais vraiment si j’avais raison de faire ce que je faisais. Cela en valait-il la peine ? Mais je suis allé au bout, d’une part parce que je n’en avais pas eut l’occasion sur PlayStation 2 et d’autre part parce que malgré tout je voulais connaître le dénouement de cette histoire.

Je ne spoilerai pas car c’est une aventure qui se vit mais je peux simplement vous dire que j’ai ressenti plus d’émotions en jouant que devant certains films censés m’émouvoir. Il faut dire que l’ambiance sonore est parfaite. Les thèmes du jeu sont assez discrets quand il le faut mais savent parfaitement se faire entendre dans les situations où c’est nécessaire. Mention spéciale à la musique qui accompagne les colosses en train de mourir qui est est vraiment magnifique. Le titre a vraiment été travaillé dans les moindres détails à ce niveau là et ça rajoute encore de l’immersion. Loin des jeux récents et de leur durée de vie gonflée artificiellement, Shadow of the Colossus prend entre 5 et 10 heures de votre vie pour en voir le bout selon si comme moi vous flânez un peu pour visiter le monde ou si au contraire vous foncez droit sur les colosses pour en finir le plus vite possible. La présence d’un New Game+ ainsi que d’un mode Time Attack permettra à ceux qui recherchent le challenge de se faire plaisir. Quand aux amateurs de Trophées ils ne seront pas en reste car certains sont assez difficiles à obtenir sans connaître le jeu.

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Conclusion

Que vous dire sur ce Shadow of the Colossus que vous ne savez pas déjà ? Plus qu’un simple jeu, par son concept même et sa réalisation excellente, il propose une aventure inoubliable et au final autant interactive qu’introspective. Pour ceux qui pensent que le jeu vidéo ne peut pas être intelligent alors je vous invite à l’essayer parce que pour ma part j’en suis sorti complètement bouleversé.

Si vous avez fait le jeu à sa sortie initiale (ou lors de sa réédition HD) vous pouvez vous laisser tenter à nouveau tant le titre n’a pas pris une ride (même si vous pesterez contre quelques menus soucis de jouabilité). Pour ceux ne l’ayant jamais fait c’est l’occasion, vous avez entre les mains la version ultime de Shadow of the Colossus et il serait vraiment dommage de passer à côté d’une expérience de jeu aussi rare et incroyable que celle proposée par le jeu de Fumito Ueda.

*Cette critique a été réalisée grâce à un code de téléchargement fourni gracieusement par PlayStation France que je remercie chaleureusement*

Romain Boutté
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