Il y a des séries qui rassurent, comme un bon chocolat chaud un soir d’hiver. Des jeux qui ne cherchent pas forcément à réinventer la roue, mais qui parviennent, à chaque itération, à faire vibrer une corde sensible en nous. Pour moi, la saga des Atelier fait partie de ces petites douceurs vidéoludiques. Et autant le dire tout de suite : Atelier Yumia n’échappe pas à la règle. Bien au contraire. Ce nouvel opus m’a embarqué dans une aventure douce-amère où l’alchimie, les émotions et l’exploration se marient avec une élégance rare. Et après une trentaine d’heures à parcourir le monde aux côtés de Yumia et ses amis, j’ai envie de vous raconter pourquoi ce jeu m’a autant plu.
Atelier Yumia – La douceur de l’alchimie retrouvée
Yumia, ou l’art de grandir avec grâce
On ne va pas se mentir : les scénarios dans les jeux Atelier, ce n’est pas ce qui m’a toujours le plus marqué même si j’avais beaucoup aimé celui d’Atelier Shallie qui reste encore aujourd’hui mon opus préféré. Sympathiques, souvent légers, parfois un peu niais, les scénarios sont souvent des prétextes dans la saga. Mais Atelier Yumia m’a surpris. Vraiment. Parce qu’ici, on ne suit pas seulement une jeune apprentie alchimiste en quête de reconnaissance ou de recettes perdues. On suit Yumia (ha bon ?) une jeune alchimiste qui en a appris les rudiments avec sa mère décédée. Mais dans ce monde, l’alchimie est taboue et vue comme une menace par la majorité des gens. Il faut dire que selon la légende, c’est de la faute aux alchimistes si les poches de mana ont cédées un peu partout et que certaines zones en deviennent alors si dangereuses qu’on ne peut pas les explorer de manière classique. Et pourtant, malgré son statut de paria, Yumia est une héroïne qui doute, qui trébuche, qui pleure parfois, mais qui continue d’avancer. Son écriture est juste, sensible, sans jamais tomber dans l’exagération dramatique (on peut peut être lui reprocher d’être trop positive ceci dit). Le jeu prend le temps de la développer, de nous faire découvrir ses rêves, ses regrets, ses élans d’espoir. Et autour d’elle gravite une galerie de personnages secondaires qu’on peut apprécier mais qui restent malgré tout moins bien écrits que notre héroïne.

Un monde à taille humaine, mais rempli de charme

Atelier Yumia propose pour feuille de route la contemplation, la cueillette et la promenade. Alors évidemment cela implique de vastes zones avec des objectifs et des milliers d’objets à récolter. Mais ça c’est la marque de fabrique de la saga puisque tout ce qu’on ramasse peut servir ensuite pour synthétiser des objets. Chaque environnement est une carte postale en mouvement. On sent que les artistes de Gust ont mis tout leur cœur dans la création de ce monde et on sent également qu’ils maitrisent de mieux en mieux la puissance de la machine de Sony car le jeu a fait un bond en avant technique par rapport aux anciens opus. Déjà exit les petites zones fermées et bonjour le monde ouvert avec ses points de téléportation et mine de rien ça change pas mal de choses en terme d’immersion. Alors par contre oui des choses à ramasser il y en a à la pelle et on peut peut être pester devant les flèches qui indiquent leur présence et qui polluent un peu le champ de vision mais bon, on est dans un jeu Atelier, on sait que les ressources sont un point central du jeu. Et techniquement ? Eh bien, sur PS5, le jeu tourne comme un charme. Aucun ralentissement, des temps de chargement quasi inexistants, et une finesse visuelle qui fait vraiment plaisir à voir. L’éclairage dynamique, notamment au coucher du soleil, donne parfois de superbes tableaux.

L’alchimie toujours dans la place
On ne touche pas à la formule magique ! Atelier, c’est avant tout un système d’alchimie ultra complet, et Yumia l’a bien compris. Ici, le crafting est encore plus fluide qu’avant, tout en gardant cette profondeur qui fait le sel de la série. On sent que Gust a souhaité ouvrir un peu son jeu à un nouveau public puisqu’on a désormais la possibilité d’automatiser les synthèses. Pratique pour les novices ou celles et ceux qui préfèrent aller vite à l’essentiel (comme on doit régulièrement fabriquer de nouveaux objets dans le cadre de missions, il n’est pas forcément nécessaire de les faire les plus réussis possibles). Chaque ingrédient possède des traits, des éléments, des affinités. C’est toujours grisant d’essayer d’obtenir les meilleurs objets possibles en en combinant plusieurs. Evidemment vous vous doutez que vu le nombre de ressources récoltables, les possibilités de synthèses sont gigantesques. Malgré tout, on est loin des premiers volets dans lesquels l’alchimie prenait parfois le pas sur tout le reste. La nouveauté de cet opus c’est le fait de pouvoir synthétiser des objets simples (bandages, balles…) à n’importe quel moment en passant par un menu rapide. Cela consomme du pourcentage de notre « cœur alchimique » qui devra être rechargé à l’atelier mais c’est très pratique.

Du combat plus nerveux
C’est rarement le point fort de la saga à cause de leur classicisme mais les combats sont toujours une composante importante d’un JRPG. Avec Atelier Yumia, Gust corrige le tir par rapport aux précédents opus en proposant un système de combat en temps réel (clairement inspiré de leur travail sur Fairy Tail 2 dans lequel on retrouve le même dynamisme). On reste sur des combats en équipe de trois (avec la possibilité de switcher de personnage à la volée) mais on balance des techniques attribuées aux différents boutons. La possibilité d’utiliser des objets (évidemment créés par l’alchimie) permet de varier les combos et surtout de déclencher parfois des attaques combinées avec vos alliés. En gros, les ennemis peuvent être étourdis si on utilise les attaques avec le type auquel ils sont vulnérables et lorsque cela arrive, utiliser un objet avec l’élément contre lequel ils sont faibles déclenche une attaque combinée dévastatrice et stylée. Les combats sont plus nombreux que dans les autres opus de la série et ont une place plus centrale dans le gameplay. Inutile de préciser que la possibilité de fabriquer votre propre équipement est de mise et sera primordiale pour affronter les nombreux Boss et autres groupes d’ennemis.

Quelques synthèses imparfaites
Tout n’est pas parfait, bien sûr. L’interface, par exemple, mériterait encore un petit lifting : certains menus manquent de clarté, et l’organisation de l’inventaire devient vite un capharnaüm sans nom si on ne fait pas attention et que comme moi on ramasse tout ce qui nous tombe sous la main. Mais c’est le propre de la série que de récolter des ingrédients et des ressources donc on sait que notre sac sera vite rempli à ras-bord. D’ailleurs j’apprécie dans Atelier Yumia le fait que lorsqu’on arrive dans notre atelier, tout ce qu’on a récolté est stocké automatiquement. Le fusil de Yumia est également pratique (pour récolter des ressources à distance ou tirer sur les ennemis par exemple) de même que la moto pour se déplacer plus rapidement mais cette dernière possède une maniabilité un peu maladroite et pas forcément pratique. Autre point légèrement négatif pour certains joueurs : les doublages anglais clairement en retrait par rapport au japonais (mais ça, on commence à s’y habituer). De même que les PNJ qui ont tendance à trop se ressembler provoquant ainsi un sentiment de « déjà-vu » qui vient casser un peu l’immersion. Mais honnêtement, ce sont des défauts mineurs dans un océan de qualités.

Conclusion
Atelier Yumia n’est pas un jeu qui crie. Ce n’est pas une révolution du JRPG, ni un blockbuster aux ambitions démesurées. C’est un jeu qui chuchote à l’oreille du joueur, avec tendresse, avec poésie. Un jeu qui propose une aventure humaine, apaisante, mais jamais ennuyeuse. Pour moi, c’est l’un des meilleurs Atelier jamais sortis. Parce qu’il sait ce qu’il est, il l’assume, et il le fait avec cœur. Il m’a offert des moments de calme, d’émotion, de stratégie, de découverte. Et surtout, il m’a donné envie de croire, encore une fois, que l’alchimie peut transformer bien plus que des objets : elle peut transformer des cœurs. Un très grand cru que l’on soit fan de la licence ou bien que l’on souhaite la découvrir.
*Test réalisé sur PlayStation 5 grâce à une version physique gracieusement fournie par l’éditeur que nous remercions chaleureusement*
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