Persona 5 : à l’assaut de mon cœur ?
Je suis finalement arrivé à la fin de l’aventure Persona 5 et je me sens enfin capable d’en écrire une critique à la hauteur du jeu et surtout du travail abattu par Atlus depuis la sortie de Persona 4 The Golden sur Playstation Vita.
Sans trop de surprise Persona 5 est un bon jeu de rôle japonais. Cependant je me rends compte qu’il m’a autant déçu qu’il est bon. Même si cela peut sembler étrange je vais vous expliquer pourquoi tout de suite !
Des qualités indéniables
Difficile de remettre en cause le gameplay de Persona 5 qui retourne aux bases des jeux Persona et de ce qu’est un bon Shin Megami Tensei en proposant notamment des donjons complexes, intéressants à arpenter ou encore la possibilité de négocier avec les démons rencontrés en combat afin de les extorquer de quelques pièces ou d’un objet rare. Jouer à Persona 5 et avancer dans ses donjons est un véritable plaisir, tout comme il est toujours aussi agréable de collectionner les différentes personae pour les rendre plus fort via de savantes fusions.
Chaque donjon possède une ambiance unique et hormis l’avant dernier, que je trouve un peu faible, les autres palais du mode histoire sont dépaysants et très bien pensés. Le seul défaut de ce système de donjon plus linéaire et surtout beaucoup plus scénarisé c’est finalement qu’une seconde partie de Persona 5 promet une certaine lassitude là ou il était possible de foncer dans un donjon en une dizaine de minutes dans Persona 4 The Golden lors d’une nouvelle partie. Mais ce n’est qu’un détail et je suis vraiment ravi de voir Atlus recommencer à créer des donjons uniques dans la franchise Persona.
Le gameplay au tour par tour de Persona est toujours aussi parfait. La complexité du gameplay et la multitude de possibilités dans la créations de vos personae créent une façon de jouer à Persona 5 très souple et très intéressante à découvrir, et surtout le côté stratégique et d’analyse des faiblesses/forces de vos monstres et des ennemis est toujours aussi chouette.
L’aspect vie sociale du titre, qui est au cœur de la série depuis le troisième épisode, est lui aussi une véritable réussite. Les différents lieux qu’on peut visiter sont plein de vie, de choses à faire et on ne s’ennuie jamais tant Persona 5 regorge d’activités ludiques ou de personnes à rencontrer. Et surtout on découvre les activités à un rythme moins effréné que dans Persona 3 et 4, ce qui permet d’apprécier pleinement le jeu et ses possibilités sans être noyé par une quinzaine de liens sociaux, trois petits boulots et deux salles d’arcades dès le premier mois de l’aventure.
Visuellement Persona 5 fait les choses en grand en proposant une esthétique absolument magnifique et très maitrisée. Je ne m’attendais pas a avoir un jeu aussi beau manette en main mais les différents effets appliqués aux modèles du jeu par Atlus rendent terriblement bien. Les personae ont subis un léger lifting bienvenu et surtout la nouvelle interface utilisateur est renversante.
Même l’ambiance sonore est au top avec un style renouvelée par rapport à la bande originale de Persona 4.
Le péché de paresse
Atlus a donc mis la barre très haute avec Persona 5 mais je pense justement que cette débauche d’effets visuels très classes et ce style très travaillé sont surtout là pour cacher un problème important : au delà de sa forme très appréciable, Persona 5 échoue à proposer un fond à la hauteur de mes attentes.
C’était pour moi l’une des forces de Persona 3 et surtout de Persona 4 The Golden : réussir à proposer à la fois des jeux aux styles reconnaissables parmi mille autre titres tout en ayant une écriture de qualité, bien au dessus de ce que les autres productions du genre sont capables d’offrir. Et malheureusement de ce côté là Persona 5 est selon moi incapable de proposer une tel équilibre. Son scénario est brouillon, très confus et certains thèmes clé ne sont même pas abordés avec la gravité ou le temps nécessaire à en faire une bonne intrigue.
A vrai dire même si j’ai apprécié ma partie de Persona 5, j’ai détesté son histoire et je me suis profondément ennuyé au point où j’ai perdu la motivation de jouer plusieurs fois. La faute revient entièrement à la façon dont se déroule l’histoire et surtout aux personnages du jeu, qui me laissent presque tous indifférents ou m’énervent prodigieusement.
Si j’ai trouvé l’histoire aussi ronflante c’est en partie à cause de sa structure mécanique : le jeu impose le même rythme au cours de toute l’année avec la découverte d’une nouvelle cible, une enquête de plusieurs jours puis l’infiltration du palace, le tout dans une fenêtre d’un mois ou deux. Et c’est comme ça pour tous les donjons du jeu, sans exception, alors que le titre aurait du justement casser cette monotonie en installant certains événements ou des retournements de situations intelligents.
Du lien pas très social
Mais surtout l’écriture de Persona 5 est extrêmement superficielle, presque paresseuse. Quand l’équipe des Voleurs Fantome passe par une crise identitaire et que se pose la question de la corruption des intérêts du groupe, plutôt que d’avoir un vrai développement sur plusieurs jours ou même un changement dans le comportement des personnages on a le droit à trois minutes de dialogue plein d’auto-convictions et de « on va changer ».
Et ce n’est pas le seul exemple, l’un des plus marquants et qui m’a vraiment démotivé à toucher au jeu pendant presque une semaine reste les révélations sur l’antagoniste principal de Persona 5. Plutôt que d’étaler son développement sur toute la partie, l’équipe des scénaristes d’Atlus a préféré introduire réellement le personnage et tenter de le développer en quelques semaines de jeu. Au final ses révélations tombent complétement à l’eau, on a aucune empathie ou même de haine pour un personnage dont on est à ce point indifférent et qui sentait de toute façon le traitre aussi fort qu’un saucisson corse. Et cette manie de développer ou introduire des thèmes ou encore des morceaux de l’histoire à la va-vite n’est pas cantonné aux personnages de l’histoire, les derniers mois de l’histoire en sont un exemple frappant. On y découvre des choses qui auraient du être développées depuis le début de l’histoire, on apprend des révélations pourtant importantes au bon déroulement du scénario en passant dans un couloir d’un donjon, un peu au hasard et le dernier jour du jeu.
Persona 4 avait une construction beaucoup plus intelligente de ses personnages parce qu’il les introduisaient grâce à leurs donjons, où on découvrait chaque membre du groupe à travers sa psyché, ses peurs et ses craintes. Et même quand ils n’étaient pas directement intégrés à l’équipe, ils restaient proche du groupe et avaient un rôle dans l’histoire comme c’était le cas pour Naoto. Dans Persona 5, l’introduction et le développement d’un personnage se réduisent à une cinématique où ils invoquent leurs personae puis à un passage obligatoire par les social-links, la partie simulation de vie-sociale du jeu où on passe son temps à discuter et tenter de résoudre les problèmes de vie de ses confidents.
Mais le souci c’est que même les liens sociaux de Persona 5 sont à la masse, certains sont très sympathiques et j’ai d’ailleurs particulièrement apprécié celui du politicien ou de la maid. Cependant quand ils ne sont pas tout simplement inutiles, comme c’est tristement le cas pour Ryuji ou Ann où le développement personnel est inexistant, les liens sociaux de Persona 5 se résolvent généralement grâce à un tour de magie où le protagoniste de l’histoire change le cœur des fauteurs de trouble.
Du coup à chaque fois que cela arrivait j’avais l’impression de n’avoir rien accompli, que le lien justement n’était qu’un prétexte pour obtenir des compétences supplémentaires pour mes personnages alors que j’aurais pu construire une relation avec un confident en surmontant une épreuve. En fait je ne me suis même jamais senti impliqué dans les liens sociaux de Persona 5 alors que ceux de Persona 4 avait réussi à me faire ressentir tout un tas d’émotions en étant juste bien écrit.
Une équipe en demi-teinte
Et niveau émotion et empathie, je dois aussi avouer que l’équipe principale de Persona 5 n’est pas vraiment à la hauteur de celle de Persona 4, qui reste de très loin ma préféré du trio des jeux Persona modernes.
Le problème de cette équipe c’est qu’elle est dirigée non pas par le personnage principal mais par Ryuji, un loubard décoloré qui hurle plus souvent qu’il parle et oublie souvent de dire des choses intelligentes. Ce putsch scénaristique est assez horrible parce que même si en théorie c’est vous qui dirigez l’équipe des Voleurs Fantome, c’est au final par Ryuji que tout passe : il a toujours les pires idées qui finissent par se réaliser, c’est lui qui (malheureusement) lance la dynamique du groupe de rechercher la gloire et les filles faciles, c’est lui qui crée toutes les tensions au sein du groupe sans jamais que ça lui retombe dessus. Et c’est encore grâce à lui que l’équipe se fera prendre (forcement, quand on hurle partout, même dans des restaurants bondés qu’on appartient à un groupe de malfrats recherchés par la police, ça finit étrangement mal).
Mais Ryuji aurait pu juste être un personnage innocent et un peu gland si le reste de l’équipe avait su le remettre à sa place régulièrement ou si il y avait une véritable alchimie dans le groupe, une chose qu’on ne peut pas enlever à Persona 4 et son petit groupe d’amis très soudés et aux caractères différents et complémentaires.
Je pense aussi que le fait que les réponses du personnage principal n’aient aucune incidence sur le déroulement de l’histoire ou des répliques des personnages jouent un grand rôle dans cette sensation d’être le « co-chef » des Voleurs Fantome et pas le vrai patron. J’ai tenté à de nombreuses reprises des réponses ironiques, un peu méchantes ou même cassantes avec mes camarades et à chaque fois leur réaction à été la même qu’avec les autres réponses, ce qui est vraiment dommage.
En conclusion
Après une relecture de ma critique, je me rends bien compte du côté très amer de mon expérience et je pense que je peux attribuer ça en partie à une trop grande attente de Persona 5 et surtout à une idéalisation des aventures que j’ai vécu avec Persona 4 The Golden.
Comme je le disais dans mon introduction, Persona 5 reste un bon jeu de rôle japonais mais qui se rate là où il aurait du exceller et excelle là où justement certains joueurs comme moi acceptent des faiblesses.
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