Il y a des remakes qu’on espère pendant des années et ceux dont on a perdu espoir de les voir revenir sur le devant de la scène. Alors que je n’y croyais plus du tout, il y a quelques mois, le studio Lizardcube (à qui l’on doit l’excellent Wonderboy – The Dragon’s Trap) a annoncé l’arrivée de Streets of Rage 4 en collaboration avec SEGA. Autant vous le dire de suite, l’attente a été terrible. J’ai évidemment craqué pour le titre Day One et me voilà, après plusieurs heures de jeu à vous concocter cette critique. Est-ce que Streets of Rage 4 est à la hauteur de ses aînés ? Réponse tout de suite.
Streets of Rage 4 : Entre tradition et modernité
Beau à se damner
Ce qui frappe en premier lorsqu’on démarre Streets of Rage 4 c’est la beauté du jeu. Je l’avoue, lorsque j’avais vu les premières images j’étais plutôt sceptique. La direction artistique me semblait un peu étrange. Mais malgré tout j’étais confiant puisqu’avec Lizardcube aux commandes je me doutais que l’aspect graphique du titre allait être particulièrement soigné. Et je n’ai pas été déçu. On peut ne pas adhérer à la direction artistique mais impossible de critiquer la qualité technique du jeu. Dire que la 2D est sublime est un euphémisme tant Streets of Rage 4 est magnifique. Et je ne vous parle même pas des animations qui sont tout bonnement incroyables. Chaque mouvement à l’écran que ce soit des héros ou de leurs adversaires est au top niveau. Et si j’avais peur avant de lancer le titre de ce nouvel aspect des personnages, en fait ils sont très réussis. Que ce soit les nouveaux (Cherry, Floyd) ou les vieux de la vieille (Axel, Blaze, Adam). Même chose pour les ennemis qui sont un mix entre ceux des anciens opus avec un look entièrement refait et des nouveaux venus à l’apparence inédite. Les effets de lumière et les décors ne sont d’ailleurs pas en reste puisqu’ils sont très détaillés et colorés. Une vraie claque graphique ! Et l’ambiance sonore n’a pas été négligée puisque les musiques et les bruitages sont à la fois fidèles à la saga tout en étant modernes. Il existe même la possibilité de passer à la bande-son rétro pour se rappeler que les thèmes de Yuzo Koshiro sont intemporels. Une excellente idée si vous voulez mon avis.
Et tu tapes, tapes, tapes !
Si Streets of Rage 4 est sublime, il se devait d’être irréprochable sur son gameplay. Comme vous le savez sans doute, le beat’em up n’est plus vraiment à la mode ces dernières années. En fait, le genre a évolué en des jeux solos avec beaucoup plus de possibilités et des scénarios prenants (les meilleurs exemples étant God of War ou encore Bayonetta) et en toute franchise, ressortir un jeu comme Streets of Rage en 2020 était un vrai défi. Parce qu’il fallait à la fois rester fidèle à la saga d’origine et proposer un gameplay intéressant aujourd’hui afin de combler les fans mais aussi éventuellement d’attirer de nouveaux joueur(euse)s. Et à mon sens le pari est réussi. On retrouve les coups basiques de chaque personnage et aussi leurs coups spéciaux de l’époque ainsi qu’un nouveau coup spécial réalisable après un saut ce qui est très pratique vu le nombre d’ennemis qui aiment attaquer de loin. Pour plus de fluidité dans les joutes, Lizarcube a eu l’excellente idée de rajouter la possibilité de taper les ennemis derrière nous simplement en appuyant sur arrière lors d’un combo. Une feature très pratique puisqu’on se retrouve souvent entouré d’ennemis. Autre nouveauté, la possibilité de rattraper au vol les armes et objets que vous jettent vos ennemis. Je peux vous dire qu’attraper une grenade en l’air et la jeter sans vergogne sur un groupe d’ennemis vaut son pesant de cacahuètes ! Néanmoins, malgré tout, et c’est le genre qui veut ça, Streets of Rage 4 est très répétitif dans son concept. On ne fait au final que défoncer des hordes d’ennemis pour finir les différents niveaux.
Contenu sympa mais un peu limité
Si Lizardcube a pensé à intégrer un pseudo-scénario pour motiver un peu le joueur et surtout proposer un lien entre les différents niveaux du jeu, il faut bien admettre que ce n’est pas ce que l’on retiendra du titre. Jugez plutôt. Les jumeaux de Mr. X, qui gérait autrefois le Syndicat, prennent la place de leur père et veulent contrôler la ville. Blaze rappelle alors ses anciens compagnons pour tenter de les arrêter. Voilà. Les jumeaux Y sont donc à abattre et il faudra pour cela traverser les 12 niveaux qui composent Streets of Rage 4. C’est certes 4 de plus que les anciens volets mais ça reste tout de même un peu chiche il faut l’avouer. Surtout qu’ils ne sont pas spécialement longs. Alors pour motiver le joueur, le développeur a eu la bonne idée de faire débloquer des nouveaux personnages jouables au fur et à mesure des parties. A chaque fin de niveau on gagne des points qui se cumulent avec le temps et passé certains paliers on peut ainsi débloquer de nouveaux personnages. On commence par exemple par les personnages de Streets of Rage premier du nom. Ces derniers sont identiques au jeu d’origine que ce soit dans leur aspect (pixelisés au possible !), leurs mouvements et même leurs coups spéciaux (la police débarque !). Il est par la suite possible de débloquer les versions de Streets of Rage II et Streets of Rage 3. Avec les personnages inédits dans ces titres là (comme Skate ou Zan). Une fois le mode Histoire terminé on peut recommencer une partie ou bien choisir le niveau que l’on veut faire. Il existe également un mode combat de Boss ou Duel qui sont plus anecdotiques à mon sens. Les plus anciens peuvent se lancer dans le mode Arcade dans lequel il faut venir à bout du jeu avec seulement un seul crédit. A l’ancienne quoi !
Pas parfait…
Si jusque là je n’ai eu que des éloges pour Streets of Rage 4 il n’est pas exempt de défauts malheureusement. J’ai parlé du faible nombre de niveaux qui au final plombe un peu l’envie d’y revenir mais ce n’est pas tout. Un de ses plus grands défauts est en fait inhérent au genre en lui-même : c’est un titre pour être joué en multijoueur. On dira ce qu’on veut mais le beat’em up est un genre fait pour le multi local. Et en ça Streets of Rage 4 est intéressant puisqu’il laisse la possibilité de jouer jusqu’à 4 en local (et 2 en ligne). Et si en soi c’est une qualité, la personne qui se retrouve seul pour y jouer risque de prendre beaucoup moins de plaisir à parcourir la ville sans un acolyte. Surtout que selon moi le pire défaut de Streets of Rage 4 est sa difficulté très élevée. Même en mode facile les ennemis font mal, sont rapides et ne vous laissent pas la moindre chance. Alors certes, même si on perd on a toujours la possibilité de recommencer le niveau avec des aides (plus de vies, des bonus…) mais on peste souvent devant la capacité des ennemis à entamer notre barre de vie sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit. Le pire étant les ennemis armés qui font fondre l’énergie de notre personnage comme neige au soleil. A vrai dire je pense qu’il manque simplement la possibilité de pouvoir se protéger. Cela n’aurait pas dénaturé l’image de la saga et aurait apporté un vrai plus aux combats. Dans tous les cas on est pas trop de deux pour arpenter ces rues mal famées ! Rien de tel qu’un(e) comparse pour s’entraider et éliminer plus facilement les très nombreux ennemis…
Conclusion
S’il faut s’accrocher pour débloquer tous les personnages du jeu ou tenter de finir le jeu dans les plus hautes difficultés, Streets of Rage 4 ne propose pas une expérience qui dure. En fait c’est un titre qui s’apprécie à petites doses et qu’on ressort dès qu’un pote passe à la maison pour tabasser du méchant et se marrer. Clairement, le jeu de Lizardcube est excellent et même s’il a des défauts il mérite amplement de figurer dans votre ludothèque si vous aimez le genre. La possibilité de jouer en ligne est également appréciable et permettra à ceux qui sont seuls d’en profiter à deux. Sublime, répondant au doigt et à l’œil et surtout proposant une aventure digne de ses aînés, ce Streets of Rage 4 est une vraie réussite. Je salue le travail des équipes de Lizardcube et vous engage vraiment à acquérir le jeu pour soutenir ce genre d’initiative à l’avenir. Et pour les possesseurs de Xbox One, sachez que le jeu fait partie du Game Pass, aucune excuse donc pour ne pas l’essayer…
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