Agony : du nom à la réalité
Disponible depuis quelques semaines dans toutes les bonnes crémeries et sur internet, Agony est un titre qui aura fait parler de lui et pas forcément pour les bonnes raisons.
Il m’aura fallu un moment avant d’écrire ce test et pour cause : Agony n’est pas ce que l’on peut appeler une réussite.
Le titre de Madmind Studio est un jeu d’épouvante proche des Amnesia dans sa formule, à ceci près qu’Agony est une purge à jouer. Le titre est difficilement contrôlable, le personnage principal est lourd, les commandes sont peu instinctives et se déplacer dans cet enfer virtuel a finalement tout du vrai. Il faut ajouter à cela des graphismes vraiment ternes, pour rester poli, alors que le titre propose pourtant une vision assez originale et très glauque de l’enfer.
J’ai essayé de jouer à Agony, seul puis avec Julien de Pixel Adventurers, mais rien n’y fait : j’ai été incapable de m’amuser sur ce titre, d’y prendre du plaisir ou de me faire peur malgré de très longues minutes passées dans un labyrinthe mal texturé.
Mais ce qui est véritablement intéressant avec Agony, ce n’est pas le jeu en lui-même, qu’on aura tous très vite oublié. Non, ce qu’il faut absolument analyser et retenir de ce titre, c’est son parcours et ce qu’il nous dit de l’état du jeu-vidéo en 2018.
En fait Agony est un jeu issu du modèle Kickstarter, un système financier participatif que je ne tiens absolument pas dans mon cœur car il est selon moi l’objet de nombreuses dérives et abus. Et en ce sens Agony est un parfait exemple du manque total de contrôle des projets que l’on peut financer grâce à Kickstarter. Ce n’est pas l’exemple le plus fameux, je pourrais notamment citer Mighty n°9 mais Agony me semble particulièrement intéressant.
Mais surtout Agony est un cas d’école pour ce qui concerne les jeux « matures ». Pour résumer, Agony a dû subir plusieurs coupes pour sortir sur les différentes consoles mais aussi sur PC : censure de parties génitales et tétons, coupure de scène jugées trop violentes et sexuelles. Il manque donc pas mal de contenu dans la première version d’Agony. Et cela pose de sérieuses questions sur les possibilités d’un studio de développement ou d’un regroupement d’artistes à proposer leurs visions, leurs projets de façon intacte même s’il s’agit de contenu mature, adulte.
Et je pense que c’est ça qu’on devrait retenir de la sortie d’Agony, pas le très mauvais jeu fortement inspiré d’Amnesia mais plutôt qu’en 2018 il est encore difficile de sortir des jeux sans qu’ils soient censurés. C’est un problème qui date, on peut remonter très loin dans l’histoire du jeu-vidéo pour découvrir les premiers cas de censure, mais c’est aussi un problème qui n’en fini malheureusement pas.
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