[Romans de Gaara] « L’échiquier du mal » de Dan Simmons

L'échiquier du mal affrontement entre deux chevaliers

Cela faisait longtemps que je n’avais pas rédigé un nouveau « Roman de Gaara » mais comme vous le savez peut être, même si j’adore la lecture, je n’y accorde que peu de temps vu mes autres loisirs (le jeu vidéo ou ce blog par exemple) et donc quand j’attaque un pavé comme « L’échiquier du mal » et bien il me faut du temps pour en voir le bout. Et je ne parle pas forcément de tous les romans que je lis, mais celui-ci m’a beaucoup plu et je tenais à le faire.

L’échiquier du mal : Talent et nazisme

Tout d’abord je tiens à remercier mon collègue Dom (petite dédicace !) qui m’a parlé de ce livre pendant des mois et des mois. Je lui avait dit « Je le lirai c’est promis » mais je repoussais toujours l’échéance. Finalement j’ai craqué et je me le suis procuré. Je ne connaissais pas du tout l’auteur, Dan Simmons. Je vous avoue de suite, quitte à casser le suspens, que j’ai adoré son style. Alors certes, L’échiquier du mal (dont le titre originel n’est autre que Carrion Comfort) accuse par moments son âge (le livre a vu le jour en 1989 tout de même !) et certains passages seraient probablement très différents s’il était rédigé de nos jours mais qu’importe tant on est transporté par le récit. Le prologue nous fait faire la connaissance de Saul Laski, un Juif enfermé dans un des nombreux camps de la mort du régime nazi en 1942. Il sait que sa fin approche mais il ne veut pas partir sans combattre alors quand une nuit, l’Oberst, un gradé nazi vient le chercher il décide de se battre pour mourir dignement. Sauf que contrairement à toute attente il est incapable de bouger et entend une voix dans sa tête qui lui ordonne d’obéir. Cette voix, c’est celle de l’Oberst. Complètement soumis au nazi, Saul n’a d’autre choix que de voir, horrifié, son corps obéir à son tortionnaire sans avoir la moindre possibilité de réagir. Après ce prologue intrigant, une ellipse nous propulse en 1980 où nous faisons la rencontre de Mélanie Fuller, une vieille dame qui semble posséder un pouvoir similaire à celui décrit dans le prologue de L’échiquier du mal. Et à partir de cet instant on va comprendre que ce pouvoir, que les personnages nomment le Talent, leur sert de jeu puisqu’ils manipulent des gens pour les faire commettre des meurtres et comptent ensuite les points. Macabre à souhait n’est-ce pas ? Mais ce n’est qu’en avançant dans le récit qu’on comprend à quel point ce Talent est entre les mains de personnes plus qu’influentes.

L'échiquier du mal Oberst joue aux échecs avec des hommes en guise de pions
Jouer avec des vies humaines ne fait pas peur à un ancien nazi.

La construction de l’histoire est très bien faite puisque nous suivons les aventures de plusieurs personnages en parallèle. Mélanie Fuller, Saul Laski mais également d’autres personnages comme Tony Harod et Natalie Preston. Si j’ai vu ce principe de consacrer des chapitres à différents personnages pour raconter une histoire dans de nombreux romans (dont l’excellente saga Game of Thrones), en considérant l’époque de la sortie du livre je dois dire que c’était plutôt intéressant. D’autant que si pour tous les personnages on opte pour un narrateur qui décrit la scène, seule celui de Mélanie Fuller adopte le point de vue de la première personne et franchement j’ai adoré cette idée. Cela change entièrement la perception du récit dès qu’on s’attaque aux chapitres de Mélanie. Comme en plus c’est un personnage qui possède le Talent, forcément les explications sur ce pouvoir sont d’autant plus précises et intéressantes. Notamment parce que du coup on a tout une part de « ressenti » via ce personnage et ses sensations. Et mieux comprendre ce pouvoir aide à l’attachement au récit et à son univers. Parce que l’histoire est racontée comme si elle se passait dans notre monde réellement. Cette part de « réalisme » rend le tout assez crédible pour qu’on imagine vraiment des gens dotés d’un tel pouvoir. Et du coup c’est encore plus intéressant de suivre la quête de Saul et Natalie pour tenter d’arrêter ces « monstres » comme ils les appellent. Parce que si le Némésis de Saul est bel et bien l’Oberst, celui de Natalie est Mélanie. Mais rien n’est simple et pour les arrêter il va falloir de la chance et du courage.

Camp d'extermination nazi de Chelmno nazis devant des corps de juifs
Saul serait un rescapé de Chelmno. Cela ancre vraiment le récit dans notre réalité.

Le traitement des personnages est vraiment travaillé puisqu’on s’attache à eux et à leur vécu. Ainsi, l’horreur des camps d’extermination nazis, très bien retranscrite (je pense que Dan Simmons s’est bien documenté sur le sujet) nous rappelle à chaque instant que ce que nous ne connaissons que par les livres d’Histoire est bel et bien arrivé. Le personnage antipathique au possible de l’Oberst représente d’ailleurs le nazi dans toute sa splendeur. Notamment dans son idée que la vie humaine ne vaut pas grand chose si elle n’appartient pas à l’élite. Pour lui, Saul n’est qu’un pion dans sa grande partie d’échecs. Parce que si le titre français de l’œuvre en fait mention c’est bien parce que le jeu d’échec est malgré tout un élément primordial de l’intrigue principale. Mais L’échiquier du mal nous montre véritablement toute une galerie de personnages variée et hétéroclite et je trouve d’ailleurs que c’est la force de ce roman que d’arriver à faire de ses différents personnages des êtres qu’on pourrait croire vivants, comme si le roman était réel. Ils ont un passé, des aspirations, des sentiments et raisonnent comme tout un chacun. Seule la présence du Talent range l’œuvre dans le registre du fantastique. Et par ailleurs, l’idée même de ce pouvoir complètement fou qui permet de contrôler une personne et même de la conditionner pour en faire ce que l’on veut est excellente et surtout très bien utilisée. Les différents personnages possédant ce pouvoir sont des humains comme les autres à première vue et le Talent n’est pas invincible comme on pourrait le croire au premier abord. Mais je vous laisse la surprise de le découvrir par vous-même !

Conclusion

A mes yeux, L’échiquier du mal est un excellent roman. Long, prenant et possédant une vraie histoire passionnante avec une vraie galerie de personnages, le roman de Dan Simmons est une référence du genre. Alors certes, on pourrait de nos jours reprocher quelques passages un peu longs ou qu’on écrirait d’une façon différente (notamment à cause de la technologie actuelle qui n’avait pas lieu d’être en 1989) mais c’est vraiment histoire de chipoter. Je ne peux que vous conseiller de vous y mettre si jamais le genre vous attire tant je trouve qu’il est réussi. L’écriture est assez détaillée pour qu’on s’imagine vivre aux côtés des personnages sans toutefois noyer le lecteur sous des montagnes de détails inutiles. Le titre est disponible en plusieurs éditions (en un seul tome ou bien en plusieurs), ne l’ayant lu que d’une traite sur ma liseuse je ne saurai que vous conseiller d’avoir toute l’histoire d’un coup sous peine d’être frustré(e) ! Dans tous les cas si vous aimez le genre fantastique, sachez tout de même que le grand Stephen King (à qui l’on doit des perles telles que 22/11/63) aurait déclaré au sujet de Dan Simmons qu’il était son concurrent littéraire le plus sérieux. A vous de juger…

Scénario:4.5 out of 5 stars
Style d'écriture:4.5 out of 5 stars
Longueur:4 out of 5 stars
Note finale:4.5 out of 5 stars
Romain Boutté
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